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Qui est Pierre Poilievre ? Le potentiel successeur de Justin Trudeau
Après la démission de Justin Trudeau, tous les regards sont tournés vers Pierre Poilievre, chef du parti conservateur. Adepte d’un allégement des charges, d’une politique pénale forte et défenseur de la liberté d’expression, le nouvel homme fort du pays à toutes les chances de devenir Premier ministre.
Le paysage politique canadien est en pleine effervescence suite à la démission de Justin Trudeau, laissant la place à une course électorale pour le poste de Premier ministre. Parmi les favoris, Pierre Poilievre se distingue nettement. Chef du Parti conservateur du Canada depuis 2022 et député de la circonscription de Carleton, il est en passe de devenir le prochain homme fort du pays
Les origines de Pierre Poilievre
Pierre Marcel Poilievre est né le 3 juin 1979 à Calgary, en Alberta. Adopté à la naissance par deux enseignants, Donald et Marlene Poilievre, il a grandi dans une famille modeste qui lui a inculqué une véritable éthique du travail et une compréhension des défis économiques des classes moyennes et ouvrières. Ses origines modestes sont souvent mises en avant pour contraster avec l’éducation privilégiée de Justin Trudeau, dont le père était l’ancien Premier ministre Pierre Elliott Trudeau.
Poilievre a montré un intérêt précoce pour la politique, militant pour le Parti réformiste à seulement 16 ans. Il a étudié les relations internationales à l’Université de Calgary et a remporté un concours d’essai intitulé « Si j’étais Premier ministre ». En 2004, à l’âge de 25 ans, il devient le plus jeune député de la Chambre des communes, après avoir battu un ministre libéral sortant.
Un opposant des impôts
Sous le gouvernement du Premier ministre conservateur Stephen Harper, Poilievre a servi dans diverses fonctions, notamment ministre d’État des Institutions démocratiques, puis ministre des Ressources humaines et du développement social. Poilievre est profondément attaché à la réduction des dépenses publiques, à la baisse des impôts et à l’élimination de ce qu’il appelle la « Justinflation », terme qu’il utilise pour critiquer l’augmentation de l’inflation sous le gouvernement Trudeau.
Il propose ainsi de réformer le système fiscal avec des réductions d’impôts sur le revenu et la masse salariale et veut abolir la taxe sur le carbone. Il a notamment lancé le slogan « Axe the Tax » qui signifie « couper les taxes ». Enfin, en matière d’immigration, Poilievre prône une politique basée sur les compétences économiques, visant à aligner l’immigration sur les besoins du marché du travail canadien, tout en critiquant le gouvernement Trudeau pour sa gestion de la crise des demandeurs d’asile qu’il considère comme trop ouverte.
Un conservateur nuancé
Sur le plan de l’avortement, Poilievre s’est déclaré pro-choix, affirmant qu’un gouvernement conservateur sous sa direction ne légiférerait pas pour restreindre l’accès à l’avortement, ce qui tranche avec certaines factions plus conservatrices de son parti. Concernant le mariage entre personnes de même sexe, bien qu’il ait voté contre sa légalisation en 2005, il a depuis exprimé un soutien à ce droit, illustrant une certaine évolution de ses positions. En revanche, il est un critique des politiques wokes, notamment en matière d’inclusion et de diversité, qui sont pour lui à la fois politiquement correctes et inefficaces. Poilievre est un fervent défenseur de la liberté d’expression, critiquant les mesures de censure dans les universités et sur les réseaux sociaux, promettant même d’instaurer un « gardien de la liberté d’expression » pour surveiller les violations potentielles.
Sa position sur les politiques de santé publique, notamment pendant la pandémie de COVID-19, a été marquée par une critique virulente des mandats vaccinaux, qu’il jugeait « non scientifiques », ce qui lui a valu un soutien parmi les opposants à ces mesures, mais aussi des critiques de la part de ceux prônant des approches plus strictes pour la santé publique.
Une politique pénale ferme
Pierre Poilievre souhaite mener une politique pénale ferme en matière d’insécurité, axée sur une approche dure et punitive de la criminalité. Il critique le bilan sécuritaire de Justin Trudeau, qu’il accuse d’être trop laxiste, notamment en matière de remise en liberté sous caution avec en parallèle des peines trop légères pour les criminels violents. Poilievre soutient que la criminalité a augmenté sous le gouvernement libéral. C’est pour cette raison qu’il propose un retour à des mesures plus strictes.
Il résume sa vision par le slogan « jail, not bail » qui signifie « de la prison, pas liberté sous caution » visant à garder les criminels violents et récidivistes en détention plutôt que de les libérer pour qu’ils commettent de nouveaux crimes. Il a appelé à des lois plus sévères pour lutter contre la criminalité, promettant des réformes pour assurer que les délinquants violents soient maintenus en prison. Poilievre a également mis en avant l’importance de renforcer la sécurité des frontières pour empêcher l’entrée de drogues, comme le fentanyl, soulignant que la sécurité publique doit être une priorité nationale. Ses positions sont souvent illustrées par des exemples d’incidents criminels qu’il attribue à une gestion défaillante de la sécurité par le gouvernement en place, plaidant pour un retour à ce qu’il appelle le « gros bon sens » en matière de justice et de sécurité publique.
Pierre Poilievre, un Trump canadien ?
La rhétorique de Pierre Poilievre a souvent été comparée à celle de Donald Trump. Les deux hommes partagent des idées communes et adoptent un style direct, parfois provocateur. Cependant, Poilievre a des positions plus nuancées. Le président élu américain n’a d’ailleurs pas apporté officiellement son soutien au chef du parti conservateur.
Toutefois, plusieurs tweets d’Elon Musk suggèrent une validation des positions politiques de Poilievre. En parallèle, les sondages montrent une popularité croissante pour le potentiel futur Premier ministre, surtout parmi les électeurs frustrés par les politiques de Trudeau. Il a réussi à attirer des électeurs conservateurs traditionnels ainsi que de nouveaux électeurs déçus par le gouvernement libéral. Cependant, ses critiques acérées et son approche populiste divisent l’opinion publique, surtout au Canada où les idées progressistes sont particulièrement développées.
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1 commentaire
Buisson Leo
Un Milei en plus conservateur, ils en ont besoin ! Tout comme en France d'ailleurs, j'espère qu'un jour on sera plus nuancé. Très bon article au passage !
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