Politique
Emmanuel Macron sur la lutte contre le terrorisme en Afrique : « On a oublié de nous dire merci »
Ce lundi 6 janvier, Emmanuel Macron a pris la parole pour expliquer pourquoi la France retire ses troupes militaires d’Afrique. « La France n’est pas en recul en Afrique. Elle est simplement lucide, elle se réorganise », a-t-il affirmé. Le président n’a cependant pas caché une certaine amertume face à l’attitude de certains dirigeants africains. « Aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui à la tête d’un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée », a-t-il lancé, en regrettant le manque de reconnaissance pour l’engagement français.
« La France a eu raison d’intervenir militairement en Afrique contre le terrorisme depuis 2013 », a rappelé Emmanuel Macron. L’opération Serval, suivie par Barkhane, a permis de contenir les menaces djihadistes au Sahel, notamment celles liées à Al-Qaïda et à l’État islamique. Le président a également tenu à rendre hommage aux 58 militaires français morts dans ces interventions : « J’ai une pensée émue pour nos soldats qui, parfois, ont donné leur vie et, pendant des années, se sont battus. Nous avons bien fait. »
Pour autant, le président français n’a pas caché son amertume face au manque de reconnaissance de certains dirigeants africains. « Aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée », a-t-il déclaré, regrettant que certains aient « oublié de nous dire merci ». D’autant qu’il a ironisé : « L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, est une maladie non transmissible à l’homme. »
« Nous sommes partis d’Afrique parce qu’il y a eu des coups d’État »
Le retrait progressif des troupes françaises, entamé entre 2022 et 2023, a été largement conditionné par des changements politiques dans la région. « Nous sommes partis parce qu’il y a eu des coups d’État », a expliqué le chef d’Etat. Les juntes militaires qui ont pris le pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont montré des priorités différentes, se détournant de la lutte contre le terrorisme et se rapprochant d’autres puissances comme la Russie.
« Nous ne sommes pas les supplétifs de putschistes. Donc, nous sommes partis », a affirmé le président avec fermeté.
Une réorganisation de la présence de la France en Afrique
Au-delà des considérations sécuritaires, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de revisiter la relation entre la France et l’Afrique. « Nous avons revisité notre relation historique, mémorielle et culturelle. Nous l’avons rendue factuelle, nous l’assumons, nous nous disons la vérité. Mais nous ne cédons rien face à la désinformation et aux ingérences. »
Il a également dénoncé « cette espèce de combinaison de faux intellectuels, manipulant les réseaux sociaux, utilisant le désarroi de la jeunesse et les intérêts de la Russie ou d’autres puissances en Afrique ». Selon lui, le dialogue avec l’Afrique ne peut pas être « l’otage d’un panafricanisme contemporain, qui utilise en quelque sorte un discours post-colonial ».
« La France n’est pas en recul en Afrique. Elle est simplement lucide, elle se réorganise »
Malgré les critiques, Emmanuel Macron a défendu la réorganisation de la présence française sur le continent. « Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser notre présence militaire. C’est difficile parce qu’il y a des nostalgiques, parce qu’il y a des gens qui ne comprennent pas ou qui ne veulent pas comprendre, et parce qu’on bouscule des intérêts acquis. »
Mais pour lui, cette évolution est nécessaire : « C’est une bonne chose parce que le monde change et que nous avons besoin d’embrasser justement ce nouveau partenariat avec le continent. » En d’autres termes, « La France n’est pas en recul en Afrique. Elle est simplement lucide, elle se réorganise », a-t-il conclu.
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