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Corée du Sud : Yoon Suk Yeol, un président « parasite »
La Corée du Sud sombre actuellement dans une crise politique inédite depuis 1980 suite à la décision de l’ancien président Yoon Suk Yeol de prononcer la loi martiale. Malgré sa destitution ,les tensions politiques restent palpables et paralysent le pays.
La Corée du Sud a plongé dans une crise politique sans précédent depuis la fin de la dictature en 1987, déclenchée par la tentative du président Yoon Suk Yeol d’instaurer la loi martiale. Ce coup de force a mené à une série d’événements chaotiques, marquant un tournant dans l’histoire politique du pays, révélant des failles institutionnelles et une polarisation sociale exacerbée.
L’étincelle de la crise : la déclaration de la loi martiale
Le 3 décembre 2024, le président Yoon Suk Yeol, dans la surprise générale, a déclaré la loi martiale, citant la nécessité de protéger le pays contre des menaces internes et externes, notamment les « forces communistes nord-coréennes ». Cette mesure a entrainé des mesures d’exception propre à l’État d’urgence : une suspension immédiate des activités politiques, un contrôle gouvernemental sur les médias et un déploiement de troupes autour du Parlement. Cette décision subite a créé une atmosphère de tension palpable et de peur dans un pays encore marqué par la dictature militaire.
En 1980, la Corée du Sud a connu une crise politique marquée par le coup d’État du 17 mai, orchestré par le général Chun Doo-hwan qui a renforcé son emprise sur le pouvoir après l’assassinat du président Park Chung-hee en 1979. Le général a imposé la loi martiale à l’échelle nationale, fermant les universités, interdisant les activités politiques, et muselant la presse. Ce coup d’État a conduit à une répression brutale des manifestations pro-démocraties, surtout dans la ville de Gwangju, où les citoyens se sont soulevés contre cette décision. L’armée a été déployée pour écraser ce soulèvement, entrainant des centaines de morts, bien que les chiffres exacts restent contestés. Cet événement connu sous le nom du « Soulèvement de Gwangju », a profondément marqué la population sud-coréenne. Ainsi, la décision de Yoon Suk Yeol a ravivé de mauvais souvenirs, propre à l’histoire du pays.
Les réactions populaires et institutionnelles
La réponse du peuple ne s’est pas fait attendre. Des milliers de personnes se sont massées dans les rues de Séoul pour protester contre ce qu’ils percevaient comme un coup d’État déguisé. Les députés de l’opposition ont réussi à se réunir dans des conditions exceptionnelles pour annuler le décret de la loi martiale, forçant Yoon Suk Yeol à se rétracter le même jour. Le 14 décembre, à la suite de cette tentative avortée le Parlement a voté la destitution de Yoon Suk Yeol par une majorité significative, le suspendant de ses fonctions en attendant la validation de la Cour constitutionnelle.
Le pays s’est alors retrouvé avec un président par intérim, Han Duck-soo, qui n’a pas tardé à être lui-même destitué le 27 décembre pour avoir refusé de promulguer des lois visant à enquêter sur Yoon Suk Yeol, montrant les failles d’un système où les pouvoirs sont mal équilibrés entre les branches exécutive et législative.
Les conséquences économiques et sociales
Cette instabilité politique a eu des répercussions immédiates sur l’économie sud-coréenne, avec une forte dévaluation du won et une baisse de confiance des investisseurs. Le pays, dont l’économie repose fortement sur les exportations, a vu ses marchés financiers vaciller. Socialement, la crise a accentué les clivages déjà existants, avec une polarisation renforcée entre les supporters de l’ancien président et ceux qui étaient favorable à sa destitution. En toile de fond, la Corée du Sud possède une constitution qui donne un pouvoir considérable au président et un système électoral qui ne favorise pas le compromis politique, ce qui participe à l’instabilité chronique.
Les analystes suggèrent la nécessité d’une réforme constitutionnelle pour renforcer les contre-pouvoirs et réduire la polarisation politique. La situation en Corée du Sud en ce début d’année 2025 est d’une complexité inédite. Tandis que la Cour constitutionnelle se penche sur la destitution de Yoon Suk Yeol, le pays attend la suite, espérant un retour à la stabilité et à la normalité démocratique. La capacité de la Corée du Sud à naviguer à travers cette crise déterminera non seulement son futur politique, mais aussi son rôle sur la scène internationale.
Quel avenir pour Yoon Suk Yeol ?
L’ancien président Yoon Suk Yeol se trouve actuellement retranché dans sa résidence à Séoul, protégé par des centaines de ses partisans ainsi que par sa garde rapprochée. Le mandat d’arrêt à son encontre expire ce lundi 6 janvier 2025, et les autorités ont l’intention de demander une prolongation sans tenter une nouvelle arrestation pour l’instant, après un premier échec le 3 janvier.
Si Yoon Suk Yeol est arrêté, il serait traduit en justice pour les accusations de rébellion et potentiellement d’autres crimes liés à son coup de force. Le procès pourrait être long et complexe, influençant grandement le paysage politique sud-coréen, ce qui va appuyer davantage la polarisation du pays. De plus, l’ancien président risque théoriquement la peine de mort au regard du droit pénal sud-coréen. Juste avant sa destitution, la cote de popularité de l’ancien président était de 20%, notamment suite à sa volonté d’augmenter le travail hebdomadaire des sud-coréens à 69 heures par semaine.
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