Immigration
Bruno Retailleau fait polémique sur LCI : « L’immigration n’est pas une chance !»
Dans une interview diffusée sur LCI ce 29 septembre, le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a déroulé un discours de droite. Une première depuis Nicolas Sarkozy.
« L’immigration n’est pas une chance, ni pour les migrants qu’on ne peut pas accueillir décemment, ni pour les Français », a déclaré Bruno Retailleau sur LCI. Diable, depuis combien de temps un ministre de l’Intérieur n’avait-il pas eu le courage de tenir ces propos ?
Alors que 80 % des Français estiment qu’il ne faut pas accueillir plus de migrants selon un sondage publié en décembre 2023, Bruno Retailleau a tenu des propos tendant à dire qu’il écoute effectivement les préoccupations de Français. « Une très grande majorité de Français souhaite plus de sécurité et moins d’immigration. […] C’est une fausse générosité d’accueillir des individus parfois dangereux », a-t-il conclu.
L’immigration n’est pas une chance, ni pour les migrants qu’on ne peut pas accueillir décemment, ni pour les Français. pic.twitter.com/Cgk7Uv3BJq
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) September 29, 2024
La question civilisationnelle refait surface avec Bruno Retailleau
Le reste de l’entretien est d’ailleurs à l’avenant : « Je pense qu’une société multiculturelle, on le voit aux Etats-Unis, comporte des risques de devenir une société multiraciste. Je pèse mes mots. » D’ailleurs, non content de s’attaquer au simple phénomène, Bruno Retailleau a expliqué que la France avait une culture judéo-chrétienne : « C’est notre culture, c’est notre civilisation ». Embrayant, il s’en est également pris à la « société de la haine de soi » : « Comment voulez-vous intégrer des jeunes en leur expliquant que la France est coupable de tous les crimes ? Il faut être fier ! ».
🔴 Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) face à @DariusRochebin
🗣️ “Notre culture est judéo-chrétienne (…) Comment voulez-vous intégrer des jeunes qui doutent, en leur disant que la France n’est pas aimable, qu’elle est coupable de tous les crimes ?” ⤵️ pic.twitter.com/X51iPrRCM2
— LCI (@LCI) September 29, 2024
Le Vendéen ne s’est pas non plus couché sur le dossier Algérien. Depuis des années, le gouvernement Macron, n’a eu de cesse d’aller humilier la France sur l’hotel de la repentance, en parlant de l’action de la France en Algérie comme d’un « crime contre l’humanité » ou en envoyant son ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin déposer une gerbe de fleurs en l’honneur du FLN aux pieds du Mémorial du Martyr d’Alger. Tranchant, Bruno retailleau répond du tac au tac à Darius Rochebin expliquant qu’il n’aura aucun tabou sur le dossier algérien, y compris sur les accords de 1968 ! Le Ministre de l’Intérieur semble avoir écouté l’ancien Ambassadeur d’Alger, Xavier Driencourt, et qualifie ces accords de « déséquilibré, très avantageux pour l’Algérie, désavantageux pour la France »
Accord de 1968 avec l’Algérie : « Je n’ai aucun tabou. C’est un accord déséquilibré, très avantageux pour l’Algérie, désavantageux pour la France »
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) September 29, 2024
Sur le sujet de la sécurité, Bruno Retailleau maintient l’idée d’un « tandem » nécessaire avec son homologue Didier Migaud afin de rétablir l’ordre. Particulièrement mise en cause durant l’affaire Philippine, le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il n’aurait : « pas de résultats en tant que ministre de l’Intérieur si on ne revoit pas notre politique pénale ». Le ministre de l’Intérieur fraîchement nommé demande depuis le début de la fermeté et avait promis, dès le mercredi 25 septembre, une évolution de « l’arsenal juridique ».
🔴 Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) face à @DariusRochebin
🗣️ Relation avec le ministre de la Justice : “Je n’aurais pas de résultats en tant que ministre de l’Intérieur si on ne revoit pas notre politique pénale (…) On va travailler ensemble.” ⤵️ pic.twitter.com/zvQIWXzEmi
— LCI (@LCI) September 29, 2024
Une parole qui ne tremble pas et qui fait réagir
Un Ministre de l’Intérieur qui ne s’excuse pas devant la gauche ça fait forcément réagir. Prisca Thevenot, ancienne porte parole du gouvernement Attal, est la première à lancer les hostilités. Elle reproche à Bruno Retailleau son approche trop généraliste des phénomènes migratoires et sa non distinction entre l’immigration illégale et l’immigration légale. Venant d’un gouvernement ayant offert 326 954 titres de séjour en 2023 (record de délivrance sur une année) on peut comprendre que la membre de l’ex majorité ne partage pas la vision du ministre de l’Intérieur. « Ne pas faire la distinction fait le lit du RN » explique-t-elle sur son compte X. Pourtant, la liste d’électeurs RN va être longue, car d’après un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro publié ce jeudi 26 septembre, une large majorité de Français est favorable au rétablissment du délit de séjour irrégulier (79%), au durcissement des conditions d’octroi des titres de séjour pour les sans papiers (78%), puis au remplacement (69%) de l’aide médicale d’État (AME) par une aide médicale d’urgence (AMU).
De son côté Marion Maréchal salue la ligne de Retailleau qui semble convenir à la militante de l’Union des droites. «Double-peine, accords avec l’Algérie, société multiculturelle : difficile d’être en désaccord avec les mots de Bruno Retailleau ce soir » s’exprime sur X Marion Maréchal. Ce n’est pas tout, à l’échelle européenne, la députée du groupe ECR approuve également les mots du ministre de l’Intérieur qui « a même salué l’action de nos alliés conservateurs en Italie et validé la logique de « triple frontière » (extérieure, européenne, nationale) ».
Double-peine, accords avec l’Algérie, société multiculturelle : difficile d’être en désaccord avec les mots de @BrunoRetailleau ce soir.
Il a même salué l’action de nos alliés conservateurs en Italie et validé la logique de « triple frontière » (extérieure, européenne,…
— Marion Maréchal (@MarionMarechal) September 29, 2024
Quoi qu’il en soit Bruno Retailleau semble décidé à ne pas faire de la figuration. Si les faits doivent suivre de cette prise de parole, nous ne pouvons bouder notre plaisir devant le premier discours de droite assumé depuis les années Sarkozy.
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