Politique
Reportage des législatives (1/5) : la Nièvre, terre de conquête pour le RN
Une équipe de Frontières est partie en France, sur le terrain, pour couvrir le lancement de la campagne des législatives anticipées. Dans la Nièvre, nous avons retrouvé l’économiste Charles-Henri Gallois, souverainiste candidat RN dans la 1ère circonscription du département.
L’air est lourd lorsque nous arrivons dans la Nièvre sur les coups de quinze heures. Quelques gouttes de pluie s’en vont bien vite alors que notre reportage commence. Nous sommes à Marzy, à quelques kilomètres Nevers, dans l’exploitation agricole de Sylvain où le candidat RN, Charles-Henri Gallois, nous a donné rendez-vous.
Économiste, essayiste, promoteur du Frexit, Charles-Henri Gallois n’est ni un inconnu, ni un parachuté. Ancien cadre de l’UPR, parti de François Asselineau, il l’avait quitté pour fonder son propre mouvement : Génération Frexit ; tout en publiant deux ouvrages – Les Illusions économiques de l’Union européenne et Énergie et Immigration : Reprenons le contrôle ! Originaire de Pougues-les-Eaux, ancienne station thermale à quelques kilomètres, les militants présents sur place le qualifient avec orgueil d’ « enfant du pays ».
La Nièvre, terre abandonnée
« Avant, Nevers, c’était quarante, cinquante mille habitants ! Maintenant, on est à moins de quarante mille, tout le monde s’en va… », peut-on entendre dans la bouche des habitants. Présent depuis plusieurs décennies, Philippe* a vu Nevers changer : « Je vivais dans un quartier, j’avais fondé une association pour m’en occuper, mais j’ai dû le quitter à cause de l’immigration. Maintenant, je suis à Fourchambault, ce n’était pas une vie pour les enfants… »
Désertification, manque de services publics, absence de soins, immigration : la Nièvre est une terre, à l’image de nombreuses autres en France, délaissée par l’État. Comptant près de 250 000 habitants dans les années 70, le département a largement subi la désindustrialisation et l’exode rural, se rapprochant de plus en plus des 200 000 habitants. « Tous les jeunes partent à Dijon ou à Paris, on ne peut pas faire d’études ici. Les seuls qui restent, ce sont les fils d’agriculteurs, de commerçants ou d’artisans… »
Plusieurs des personnes que nous rencontrons sont abonnées à Frontières : « Merci pour tout le travail que vous faites ! On suit beaucoup ce qui se passe d’ici ! ». Cela fait chaud au cœur, mais rappelle tout de même la défiance de ces oubliés envers les grands médias qui les ont méprisés des années durant.
L’insoutenable condition agricole
À quelques encâblures de Nevers, Sylvain, agriculteur, élève une centaine de vaches pour leur viande. « J’ai fait un pari : élever des wagyus. Ce sont des vaches japonaises qui permettent de vendre du bœuf de Kobe. C’est une expérimentation, on verra bien, mais il fallait que je tente quelque chose. Aujourd’hui, je ne peux pas me consacrer entièrement à l’agriculture de toute façon, ça n’est plus rentable. » Croisées avec des Galloway, race anglaise, il espère pouvoir vendre cette viande d’exception en France : il n’y a qu’une trentaine d’éleveur s’étant lancés dans l’aventure dans tout le pays.
Charles-Henri Gallois, nivernais et spécialiste de l’UE, connaît à la fois le terrain et les contraintes européennes : « À cause des traités de libre-échange, les agriculteurs français doivent subir des contraintes que ne subissent pas les pays avec lesquels nous avons des accords. D’ailleurs, l’UE est responsable de la crise des agriculteurs de janvier ! C’était pour anticiper une directive européenne que Macron a décidé d’indexer le prix du GNL sur le prix du carburant classique, mesure qui a déclenché la colère des agriculteurs. » D’ailleurs, la question des normes de l’Union européenne et du Green Deal avait brusquement éclaté à cette période, Bruxelles ayant été l’un des principaux responsables de la situation actuelle.
Le RN comme avenir ?
Un collègue agriculteur passe voir le candidat RN aux législatives. Selon lui, la profession ne commence que timidement à voter pour le parti de Marine Le Pen : « Ils sont encore dans l’idée que la droite classique va faire quelque chose, mais c’est elle qui vote les traités européens ! ». Ici, le vote RN augmente d’élection en élection : Jordan Bardella a atteint les 38 % aux élections européennes contre 27 % aux législatives de 2022 quand une députée MoDem – Perrine Goulet – avait été élue.
Charles-Henri Gallois se veut confiant : en cas de triangulaire, il est en bonne voie de l’emporter. En cas de second tour classique, il devra s’attendre à un report de voix d’un adversaire vers l’autre. Par chance, il n’a pas de candidat de Reconquête et peut s’attendre à quelques voix des LR ciottistes, théoriquement la moitié du parti traditionnel de droite si l’on en croit les enquêtes d’opinion.
Nous ne repartirons pas de la ferme sans une boisson et quelques boîtes de pâté de la ferme de Sylvain qu’il nous offrira généreusement. À Nevers, nous verrons une ville paisible au centre-ville magnifique, mais il ne faut pas se fier à cette tranquillité selon les Neversois : « le trafic de drogue s’est répandu dans toute la ville quand on a réparti les habitants des HLM. Aujourd’hui, la ville est beaucoup moins sûre qu’avant, c’est comme à Bourges ou à Châteauroux. » Nevers comme 93 % des communes de France a placé le vote RN en tête dans les urnes le 9 juin. Le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella semble être aujourd’hui le seul à répondre à cette France oubliée, périphérique, éloignée de tout, sauf de l’immigration et du déclassement.
👉 Frontières est actuellement à Marzy dans la Nièvre avec le candidat RN aux élections législatives Charles-Henri Gallois (@CH_Gallois). Visite d’une exploitation agricole en compagnie de Sylvain, propriétaire des lieux. pic.twitter.com/MSToado7lD
— Frontières (@Frontieresmedia) June 18, 2024
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3 commentaires
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Eh oui, toute la France est en déliquescence et la seule chose qui puisse la sauver est le frexit. Le français en a peur mais ne voit pas qu’il est presque trop tard, dans très peu de temps le communotarisme prendra le pouvoir…
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