Politique
Entre terrain conquis et nouvelles ambitions : dans le nord de la France, le RN avance
Hénin-Beaumont, connue pour être le bastion historique du RN, est en surchauffe en cette période d’élections.
Un soleil de plomb frappe Hénin-Beaumont en cette matinée du 25 juin. Il ne fait que 25 degrés, mais l’absence d’air dans cette terre du Pas-de-Calais étouffe un peu le marché de la ville dans lequel les habitants déambulent. La ville, connue pour être le bastion historique, la capitale si l’on peut ainsi dire, du RN est en surchauffe en cette période d’élections.
Quand voter Rassemblement National est une évidence
Chose surprenante, nous n’avons trouvé aucun critique du maire de la ville, Steeve Briois, durant notre passage. « Il a rénové l’église et l’hôtel de ville, a amélioré la sécurité : il est vraiment super ! » Même chez les rares critiques du RN, on admet qu’il fait un bon travail.
La méfiance à l’égard des journalistes est présente, mais se désamorce. Ici, Marine Le Pen est presque adulée : beaucoup placent de lourds espoirs en elle. Dans cette ville, Jordan Bardella a obtenu 61,4 % des suffrages aux élections européennes et si Marine Le Pen n’avait pas été élue au premier tour en 2022, c’était uniquement pour une question de participation.
Ici, l’immigration n’est pas du tout le motif principal de vote. C’est d’abord pour le pouvoir d’achat, le retour des services publics et contre l’assistanat que l’on vote Le Pen. Il n’y a pas tant de problèmes d’insécurité non plus dans cette ville moyenne. L’œuvre de Steeve Briois aussi, n’y est pas pour rien dans cette étonnante popularité.
Dans le Nord, le RN veut battre Roussel
À moins d’une heure de route, nous nous rendons à Anzin, commune de la banlieue de Valenciennes. Elle est située dans la 20e circonscription du Nord, et c’est celle du patron du Parti Communiste Français Fabien Roussel.
Cette terre minière est évidemment un bastion historique du PCF. Pourtant, comme de nombreux autres, celui-ci pourrait bien aussi tomber ! Si en 2022, le duel PCF-RN avait tourné à l’avantage du premier avec 55 %, la situation pourrait bien se renverser cette fois. Aux européennes de 2024, Jordan Bardella a atteint un score de 48 %, très loin devant ses rivaux.
À la rencontre des habitants d’Anzin, nous avons eu quelques surprises. Si l’on excepte un patron de bar révolutionnaire et un alcoolique nous ayant copieusement insulté, les habitants rencontrés se divisent presque exactement entre lepénistes et rousselistes. Sur le second, un point fait cependant tiquer ses électeurs : « Je suis gêné par l’alliance avec Mélenchon, il est tout le temps outrancier. Je suis vraiment opposé à ça. » Les excès continuels de l’autocrate de LFI semblent effectivement dégoûter certains électeurs potentiels d’aller voter ce dimanche.
Le Nord-Pas-de-Calais, avec la Lorraine et la Provence, sont des régions désormais presque historiques du RN, basculant un peu plus vers ce camp à chaque élection. Cette fois, alors que le pouvoir n’a jamais été si proche, la victoire absolue se jouera à quelques centaines de voix. Pour la gauche en revanche, si sa montée en puissance semble assurée, la perte d’une personnalité comme celle de Fabien Roussel serait une importante défaite symbolique.
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