Politique
Alice Cordier : « Nous sommes obligés d’avoir un service d’ordre pour assurer notre protection »
Alice Cordier, présidente du Collectif Némésis était ce matin l’invitée de notre Interview Frontale.
Alice Cordier, la présidente du Collectif Némésis nous a fait l’honneur d’être invitée lors de notre Interview Frontale. Interrogée au micro de notre directeur de rédaction Erik Tegnér, la militante a évoqué pour nous l’extrême gauche et les menaces qu’elle a subies.
Erik Tegnér : Quelles sont les pressions que vous subissez lors de vos manifestations ?
Alice Cordier : À chacune de nos manifestations, lorsqu’on arrive avec nos revendications, à chaque manifestation féministe, ils sont là, ils nous attendent. C’est le cas depuis novembre 2021. Je cite ce qui a été dit « on va vous dégager, on va vous tuer, etc ». Les types arrivent, il y avait Raphaël Arnaud dans le lot à ce moment-là, qui était encore très engagé sur le terrain, qui était leader de la jeune garde. Il y a des vidéos très distinctes. On le voit arriver avec une poubelle. Car leur but, c’est d’utiliser tout ce qu’ils ont au niveau du matériel urbain pour les jeter sur nous. Nous nous sommes pris des canettes sur nous. Ce n’est pas très grave, par contre des tessons de bouteilles, c’est un tout petit peu plus grave.
C’est la première fois que moi, je porte plainte contre lui. Lorsqu’on porte plainte, il faut savoir qu’une association ne peut pas porter plainte parce que ce n’est pas une personne physique. Donc, vous devez porter plainte pour la personne qui, en face de vous, vous a touchée. Mais moi, je ne peux pas savoir, parce qu’ils sont tous cagoulés. Et Raphaël Arnault, lui, n’a fait que balancer des tessons, même si nous n’avons pas la vidéo.
Pensez-vous que Bruno Retailleau va dissoudre la Jeune Garde ?
Il y a, parmi les militants de la Jeune garde, des personnes qui ont agressé, humilié une personne juive cet été en le forçant, à chanter des chants pro-palestiniens et à l’humilier dans les transports. C’était justement au retour d’un meeting de Rima Hassan, il me semble, dans le 16ᵉ arrondissement exactement. Il y a, des militants macronistes qui ont été victimes de violences de la part des militants de la Jeune Garde. Il y a une certaine forme d’impunité. Je me souviens d’ailleurs de l’ancienne porte-parole du gouvernement qui, elle aussi, avait été agressée, Prisca Thevenot, par ses équipes.
Je ne sais pas s’il s’agissait de militants de la Jeune Garde, mais il s’agissait des militants d’extrême-gauche qui utilisent aussi cette ambiance de l’impunité. Je pense que Monsieur Retailleau doit voir au-delà réellement de la question de la droite et se dire que c’est une question aussi de liberté publique. Si vraiment, je suis le ministre aujourd’hui qui va lutter contre l’insécurité, la Jeune Garde participe à l’insécurité et il doit voir au-delà de la question de la droite.
Avez-vous régulièrement peur de vous retrouver seule dans Paris ?
On adapte notre mode de vie dès qu’on est une personne publique, c’est une certitude. Dans les cas évoqués, il y a réellement cette violence car ils sont formés à cela. Ils n’hésitent pas à le faire et ils n’auront aucune hésitation à agir. Alors que vous savez, quelqu’un qui n’apprécie pas vos propos, ne va pas tout de suite, aller au contact, c’est extrêmement rare. Comme eux sont habitués à ça, ils sont formés à cela, et au contraire, ils vont même vous filmer. Cela sera une preuve pour eux, une sorte d’humiliation. Moi, lorsque j’ai été agressée à Marseille, cela a été diffusé sur les réseaux sociaux. Ensuite, il y a une revendication pour terroriser le reste des militants et leur dire voilà ce qui va arriver.
Maintenant, nous sommes obligés d’arriver avec un service d’ordre. Cela coûte extrêmement cher. Il s’agit d’hommes, formés, issus de boîtes de sécurité qui nous exfiltrent quand il faut. Pour éviter qu’une fille finisse à l’hôpital. C’est comme ça, on est obligés de le faire, car aujourd’hui, il n’y a plus de débat. Pour ce qui est de ma vie au quotidien, je ne vais pas dire que c’est la roulette russe. Mais je ne vais pas m’empêcher de prendre les transports en commun. Même si c’est vrai que je les prends moins. Il y a une forme d’insécurité politique à ce niveau-là qui s’installe. Mais en tant que jeune femme, ça ne change pas grand-chose car il y a déjà une insécurité qui existe. Mais, par exemple, on sait que ce sont des gens qui font un gros travail de fichage. Donc moi, mon adresse, je ne la déclare évidemment jamais.
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