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[Édito] Non, les agriculteurs ne sont pas des émeutiers

Depuis le début des mouvements agricoles, la gauche tente de criminaliser le mouvement alors qu’elle passe son temps à inciter à la révolte.

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[Édito] Non, les agriculteurs ne sont pas des émeutiers

La gauche et la campagne, ça n’est plus trop ça. Rendez-vous compte, pour qu’un électeur de LFI rencontre des agriculteurs, il faut qu’il sorte de Tolbiac (ou de Sarcelles), prenne le métro jusqu’à Saint-Lazare, puis un RER jusqu’à Magny-en-Vexin et enfin, après avoir marché quatre kilomètres, il tombera sur un agriculteur qui lui expliquera qu’il déteste l’Union européenne, l’écologie et ceux qui n’ont rien vécu tout en ne se privant pas de donner des ordres. Non pas qu’ils aient raison sur tout, mais enfin, il faut dire que les sociologies électorales ne sont pas forcément similaires.

Sans arguments sur les agriculteurs, les Verts sur la paille

Aller titiller Sandrine Rousseau n’est plus à la mode aujourd’hui. Lassant, fait et refait. Pourtant, il faut bien dire qu’à nouveau, la députée écologiste s’est fendue d’une sortie fracassante dans un post (depuis supprimé) sur X (ex-Twitter) : « Ce que font les agriculteurs depuis deux jours : explosion dans un bâtiment, une personne tuée, rails dégradés, est inadmissible. Et le silence du gouvernement est absolument incroyable ». Au moins, ce n’est pas l’incohérence qui l’étouffe.

Le problème, c’est que la star des Verts n’est pas la seule dans son cas. Depuis plusieurs jours, on voit se multiplier à gauche, chez ceux qui ont perdu toute connexion sociale avec le pays réel, un certain nombre d’anti-paysans qui considèrent que l’agriculture française étant destructrice pour les sols et pour la planète – jusque-là, pas de problème – il vaut mieux en finir tout de suite avec elle et perdre toute notre souveraineté alimentaire et en terminer avec la paysannerie.

La gauche a oublié, pour une bonne part du moins, à quoi ressemblait un champ, ou même un potager. Loin de s’attaquer à la crise du logement, de la bétonisation en organisant une remigration massive comme tout sain écologiste le ferait, elle importe massivement des migrants pour augmenter la population française, l’empreinte carbone mondiale et le besoin en nourriture car oui, un Africain mange moins qu’un Français.

Au bout d’un certain temps, certain d’entre nous ont pu se dire que le cliché du « bobo écolo déconnecté » et donc anti-paysan était erroné. C’était faux : Mélanie Vogel, députée écologiste, écrivait ainsi : « Faire exploser un bâtiment public, ça, ça s’appelle vraiment du terrorisme. On attend la réaction ferme du gouvernement. » Des exemples comme ça, on en trouve d’autres, venant principalement des militants. L’idée de dézinguer l’agriculture française se retrouve dans Sérotonine de Houellebecq il y a cinq ans, mais le plus problématique n’est même pas cette inconséquente décroissance, plutôt une forme de culot poussé à son extrême paroxysme.

Nahel, paysannerie française : même combat !

Le culot, lui, se situe au niveau de la réaction du gouvernement face aux protestations agricoles. De fait, alors que les manifestants remontent jour après jours vers Paris, il apparaît que rien n’a été fait pour les arrêter pour l’instant, si ce n’est la promesse d’une prise de parole de Gabriel Attal. On a vu mieux.

Alors, la gauche s’est empressée de parler de complaisance, de dénoncer un « deux poids, deux mesures » dans la répression de la manifestation. En comparaison, les émeutiers de juin dernier qui, après la mort de Nahel, avaient saccagé la France.

À notre tour, interrogeons-nous : pourquoi martelons-nous qu’il faut plus d’ordre quand les émeutiers brûlent des bâtiments, mais félicitons à demi-mot les agriculteurs pour leurs attaques de préfecture ? La réponse est que ce n’est pas forcément la répression (ou l’ordre) en soi que nous aimons, c’est la justice.

La gauche n’a rien compris et croit que les destructions commises par les agriculteurs sont les mêmes que celles commises par les émeutiers. Une différence est absolument fondamentale : les agriculteurs ne pillent pas, ne brûlent pas de voitures : ils n’en veulent qu’à l’État qui les brise, qu’à Bruxelles qui les met à genoux, ou qui, conjugués, les font sauter du tabouret.

Les émeutiers sont des barbares : sans revendications pour la plupart, ils pillent, cassent, hurlent et détruisent sans cohérence. La fiction d’une grande cause anti-coloniale ou intersectionnelle n’est qu’une fiction et ne correspond en rien à ce qui se passe aujourd’hui. Les émeutiers ne revendiquaient rien : ils jouissaient de la destruction. Ils sont autres, leurs mœurs et leurs valeurs ne sont pas celles contestataires et un peu révolutionnaires du peuple français : ce sont celles des nomades arrivant dans une ville pour saccager et violer.

Par ailleurs, on peut trouver une deuxième vérité pas encore exprimée dans ce domaine : les petits paysans sont nécessaires au pays, et c’est pour cela qu’ils sont tant aimés. Utiles, symboles et témoins des générations passées, courageux, parfois vus de façon un peu folklorique par certains, ils incarnent profondément une part du peuple de France laborieux. D’un autre côté, les émeutiers sont inutiles et violents, étrangers à ce que nous sommes : ils sont membres du deuxième peuple.

 

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