Politique
Sébastien Lecornu : « Il n’y a pas de vente d’armes à Israël »
En audition parlementaire le 15 octobre, Sébastien Lecornu a assuré que Tsahal n’avait « nul besoin des armes françaises ».
Le ministre des Armées et des Anciens combattants, Sébastien Lecornu, a été auditionné par le Sénat et l’Assemblée nationale sur le projet de loi de finances 2025. Une occasion marquée par une passe d’armes verbale avec le député Aurélien Saintoul, qui a vivement interpelé le ministre sur les ventes supposées d’armes françaises à Israël, en pleine crise au Proche-Orient. Le député La France Isoumise a accusé la France d’être indirectement complice des actions militaires israéliennes au Liban et à Gaza.
« La France a laissé faire »
Lors de son intervention, le député Saintoul a dénoncé l’implication de la France dans le conflit à travers des ventes d’armes présumées : « En ce moment, Monsieur Netanyahou est en train d’anéantir un peuple et tout ce qu’il restait du droit international, ainsi que de son garant, l’ONU. Et la France a laissé faire, elle a donné à Monsieur Netanyahou les moyens d’agir en fournissant du matériel utile : des munitions, des drones, et le “dôme de fer”, abri derrière lequel il parvient à faire oublier à sa population la monstruosité des crimes qu’il ordonne en son nom ».
Au Proche-Orient, le peuple palestinien est massacré, le peuple libanais pris pour cible, le droit international et l’Onu sont bafoués, 2 de nos concitoyens ont été tués mais la France est inaudible face à B. Netanyahu.
J’ai interpellé le ministre des Armées cet après-midi. pic.twitter.com/LxjqXzgh9y— Aurélien Saintoul (@A_Saintoul) October 14, 2024
Pour le député de La France insoumise, la neutralité affichée par Paris est devenue intenable, face à des actes qui menacent la vie de 22 000 Français présents au Liban, et celle des 700 casques bleus déployés dans le cadre de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban).
La situation, selon Saintoul, s’est même aggravée avec la mort de deux citoyens français, tués par l’armée israélienne. « Combien faudra-t-il de nos ressortissants tués pour que la France élève la voix ? » a-t-il conclu, et dénoncé un « double discours » entre la décision d’Emmanuel Macron de cesser les livraisons d’armes et la réalité du terrain.
Lecornu contre-attaque : « Pas de vente d’armes à Israël »
Sébastien Lecornu a réfuté catégoriquement les accusations. « Depuis un an, tous les réseaux sociaux de LFI racontent que la France vend des armes à Israël, alors que nous ne vendons aucune arme à Israël. C’est jeter précisément le discrédit sur notre diplomatie », a-t-il répondu.
Lecornu a justifié sa position en soulignant que Tsahal, l’armée israélienne, n’avait nul besoin des armes françaises, étant un concurrent direct des industries de défense de la France. Il a pointé du doigt une certaine légèreté dans les accusations de LFI, qu’il invite à attaquer le gouvernement sur ce qu’il fait vraiment, et non sur des mensonges.
Le ministre a néanmoins reconnu que la France exportait certains composants à usage défensif, notamment dans le cadre du programme du Dôme de fer, un système antimissile utilisé par Israël. « Si vous aviez été ministre des Armées, Monsieur le député Saintoul, auriez-vous retiré la licence pour les petits composants du Dôme de fer ? » Le député LFI répond : « Oui ».
Vente de composantes pour des systèmes défensifs
Plus tard dans la journée, en audition au Sénat cette fois-ci, le ministre est revenu sur la fourniture de certains composants à usage défensif. « Oui, nous vendons des composants pour des systèmes défensifs », a-t-il une nouvelle fois admis devant les sénateurs, en précisant que ces systèmes, comme des « plaques de blindage pour des véhicules civils », ne pouvaient pas être utilisés de manière offensive.
Le ministre des armées a également tenu à clarifier un point technique qui semble avoir alimenté une partie de la confusion. Il a expliqué que certains équipements fabriqués en Israël étaient partiellement manufacturés dans d’autres pays avant de revenir en France. « Eh bien non, puisque c’est nous le pays de réexporté. Nous voyons bien ce que nous envoyons et ce que nous récupérons », a-t-il affirmé, en réfutant toute idée d’une collaboration détournée avec Israël.
Mediapart et Disclose entretiennent le doute sur les armes
Le ministre des Armées n’a pas manqué de critiquer les médias qui entretiennent, selon lui, cette polémique. « Si Médiapart, Disclose et autres étaient rigoureux, on s’en serait rendu compte depuis longtemps », a-t-il lancé. À ses yeux, les médias jettent la suspicion en déformant les informations pour « entretenir le trouble sur ce sujet ».
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