Politique
Nicole Belloubet : ministre sans histoire, vraiment ?
L’ancienne ministre de la Justice Nicole Belloubet remplace Amélie Oudéa-Castéra au poste de ministre de l’Éducation nationale. Après la grande bourgeoise aux mille polémiques, la technocrate sans prises. À moins que…
Amélie Oudéa-Castéra ne partira pas de Grenelle sans un titre : celui de la plus éphémère ministre de l’Éducation nationale de la Vᵉ République. Enchaînant les polémiques, trop déconnectée pour ce poste de terrain, on lui a gentiment montré la porte de sortie. Elle est désormais remplacée par la technocrate socialiste Nicole Belloubet, qui n’est pas non plus sans histoire.
Droite-gauche : le slalom présidentiel
Dans un mois digne des heures les plus tourmentées de la IVe République, le gouvernement « resserré » à trente-cinq membres (tout de même) a fini par donner les noms. « Beaucoup de bruit pour rien », tout ce suspens pour si peu de changements. Guillaume Kasbarian arrive au logement, Guérini reste à la Fonction Publique… Les départs résonnent plus que les arrivées : Olivier Dussopt, Olivier Véran, Clément Beaune et Rima Abdul-Malak tirent ainsi leur révérence, coupables d’être accusé devant la justice ou d’insubordination. À part ça, quelques sombres inconnus s’en vont se replonger dans le néant dont ils étaient issus, sans qu’on sache trop pourquoi. Ou plutôt, si, il faut annoncer : Attal, c’est « de la com’, de la com’, de la com’ ».
Droite-gauche, le slalom n’est réservé qu’aux professionnels : si les droitiers Béchu, Le Maire et Darmanin demeurent, que Dati et Vautrin font leur entrée, Nicole Belloubet vient remplacer Amélie Oudéa-Castéra, incarnant une fois de plus la passion pour les politicailleries de la macronie. On s’attend d’ailleurs bientôt à un petit coup de barre à gauche, histoire de rééquilibrer un peu mieux la balance.
Nicole Belloubet, ministre à problèmes
Le départ d’Amélie Oudéa-Castéra ne s’est pas fait sans mal. D’ailleurs, rappelons-le, elle ne quitte pas le gouvernement Attal ! La voilà qui demeure à son poste initial de ministre des Sports et des JO, ce qui est sans doute déjà beaucoup pour elle.
Il fallait donc la remplacer. Alors, spontanément, le patron du Modem, François Bayrou, s’est proposé pour accomplir cette tâche. Ancien ministre de l’Éducation nationale il y a trente ans, sous Balladur et Juppé, il avait au moins l’avantage de l’expérience avec lui. Avantage doublé d’un autre : Bayrou pèse quarante-neuf députés, quatre sénateurs et six députés européens. Passant son temps à grogner dans la presse sur la sous-représentation du MoDem au gouvernement, l’ambitieux centriste aurait logiquement dû avoir son os à ronger : Grenelle.
Le fait est qu’Emmanuel Macron (ou Gabriel Attal à qui il a délégué la tâche) n’avait visiblement pas envie d’avoir à ses côtés le plus grand critique interne à la majorité : ç’eût été un peu comme recaser Edouard Philippe à Matignon. François Bayrou ne cachant pas ses ambitions pour 2027 – s’il ne s’agit pas d’un coup de bluff – on comprend que le gouvernement ne voulût pas s’embarrasser d’un si encombrant personnage. Alors, qui ?
C’est finalement l’ancienne ministre de la Justice, Nicole Belloubet, qui reprend du service. Technocrate dévouée, issue de la gauche, elle a ce côté Elisabeth Borne qui ne pose pas de problème. Pourtant, son bilan est loin d’être reluisant, comme le traduisent quelques faits d’armes.
Tout d’abord, il y a l’affaire Mila. Alors que la jeune fille était la cible d’attaques et de menaces de mort de musulmans radicaux sur les réseaux sociaux, Nicole Belloubet s’était fendue d’une remarque peu stratégique, affirmant que c’était la jeune fille qui était en tort en s’attaquant à l’islam. Rétablir le délit de blasphème ? Il ne faudrait pas pousser le bouchon trop loin non plus. Deuxième point noir du tableau, en tant que garde des Sceaux, elle avait libéré un nombre impressionnant de prisonniers en catimini lors de la crise du Covid-19. Tout cela sans compter une regrettable erreur de déclaration de patrimoine : trois fois rien en macronie.
Abandon de Mila menacée par la meute islamiste, laxisme, culture de l’excuse : la nomination de la socialiste @NBelloubet à l’Education nationale est un signal désastreux, au moment où l’Ecole aurait besoin d’un sursaut pour être sauvée.
Le macronisme est en bout de course.
— Jordan Bardella (@J_Bardella) February 8, 2024
Alors, la droite n’a pas manqué de fustiger cette nomination, Jordan Bardella parlant de « macronisme en bout de course » et Bruno Retailleau attaquant « l’une des ministres de la Justice les plus laxistes de la Vème République ». À Grenelle, la situation n’est donc pas près de s’apaiser.
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