Politique
Marie-Caroline Le Pen : « Nous avons la capacité de redresser la France ! »
Marie-Caroline Le Pen, grande sœur de la présidente du RN et conseillère régionale d’Île-de-France est aujourd’hui candidate dans la quatrième circonscription de la Sarthe. Elle réaffirme l’urgence d’éviter la réélection de la France insoumise dans sa circonscription « d’adoption », notamment pour les maires et agriculteurs qui n’ont « pas vu une seule fois » leur actuelle députée.
Bonjour Marie-Caroline Le Pen, nous sommes à la Suze sur Sarthe où vous vous présentez pour le Rassemblement national, pourquoi avez-vous choisi de vous présenter ici et quelles sont les problématiques du département ?
Tout d’abord je suis venue parce que les militants me l’ont demandé, et qu’il y a dans la circonscription un danger LFI, car la députée sortante est dans leurs rangs. Il faut savoir que c’est l’ancienne circonscription de François Fillon ! C’est surréaliste que ce soit la France insoumise qui l’ait récupérée – à quatre-vingt-huit voix près, c’est vrai, comme quoi rien n’est gagnée d’avance. On m’a donc demandé de venir pour la reprendre à la France insoumise, et mettre un éclairage positif sur cette circonscription, mais aussi toutes les autres et pour en sortir plus forts ensemble, en espérant peut-être un grand chelem au niveau national !
Les problématiques de la Sarthe sont malheureusement similaires à celles du reste de la France, avec peut-être plus de problèmes de santé. C’est un désert médical et cela pose beaucoup de problèmes : par exemple, il n’y a plus d’urgences à l’hôpital du Bailleul, ce qui oblige les Sarthois à aller dans le département d’à côté en cas d’urgence ! Nous avons vu un pharmacien encore récemment dont la Pharmacie vient de fermer, c’est vraiment un problème de premier ordre ici.
Ma circonscription est en très grande partie rurale, mais la députée sortante ne s’en occupe absolument pas, elle concentre son empathie pour une petite partie du Mans et pour Allonnes, ce qui fait que j’ai rencontré beaucoup d’agriculteurs et de maires qui ne l’ont jamais vue. C’est pour ça que je dis aux gens que je conçois tout à fait qu’il vaille mieux être natif du département où l’on se présente, mais vaut-il mieux avoir une députée fantôme qui vienne de la Sarthe, ou une députée « adoptée » comme moi – puisque évidemment je m’installerai ici – et qui portera réellement la voix de la Sarthe ?
Vous disiez que cette circonscription est l’ancienne circonscription de François Fillon, est-ce que cela veut dire que symboliquement le RN est le nouvel UMP ?
Non, nous n’étions pas d’accord sur tout avec François Fillon, même si je le respecte. Si vous voulez, il est surtout emblématique de voir la circonscription passer après lui à la France insoumise, et cela doit quand même peiner les gens qui votaient pour lui.
Est-ce que votre objectif est de récupérer les voix de ces gens qui votaient pour François Fillon auparavant ?
Nous sommes dans une optique d’Union nationale comme vous le savez. J’ai par exemple un jeune suppléant LR, Noah Le Rosier, et notre objectif est vraiment d’accueillir tous ceux qui veulent voter pour nous. Je ne sais pas quelle sera la configuration du second tour, mais si elle est la même qu’en 2022, je pense que les citoyens qui votaient Républicains vont voter pour nous, certainement. Après, je pense que même quelqu’un qui aujourd’hui est de gauche laïque par exemple n’aura pas envie de voter pour la France insoumise, donc va-t-il s’abstenir ou voter pour nous, je ne sais pas. Moi, je pense qu’on peut ramener à nous beaucoup de voix, et nous appelons chacun à voter pour nous car le danger de la France insoumise est réel, au niveau local comme national. Si LFI prend le pouvoir, elle ne le rendra pas ! Ils sont violents et dangereux. Je pense que cette circonscription est un exemple, et j’espère que nous donnerons le bon exemple !
Dans le cas où vous seriez élue députée, quels sont les sujets que vous aimeriez porter au niveau national ? Avez-vous de grands thèmes qui vous sont chers ?
Écoutez, c’est un peu tôt, il y a beaucoup de sujets qui m’intéressent, notamment certains sur lesquels nous pourrons tout de suite intervenir : l’insécurité, le pouvoir d’achat, l’immigration. Il y en a d’autres pour lesquels il faudra d’abord faire un audit, parce qu’il y a des suspicions soit d’amateurisme, soit d’insincérité, et il faudra également voter le budget qui permettra ensuite, vers l’automne, de lancer les projets sur l’école et les prisons par exemple, pour n’en citer que deux.
Ce que je voudrais dire par ailleurs, c’est que l’on voit bien la manœuvre médiatique qui consiste à dire que Jordan Bardella revient sur ses décisions, ce qui est complètement faux. Par exemple, certains se basent sur le programme des présidentielles, qui ne concerne pas les mêmes élections et présentait un programme pour cinq ans, donc bien évidemment que ce calendrier-ci est différent, et nous détaillons de ce qui pourra être fait dans l’immédiat et ce qui devra être fait dans un second temps. Mais cela ne peut vraiment se concrétiser que si le RN obtient la majorité absolue, qui est la condition pour que Jordan Bardella puisse devenir Premier ministre. Rappeler cette nécessité, ce n’est pas comme certains le disent un « pas en arrière », mais simplement le fait qu’on ne veut pas proposer aux Français une alternance bidon comme il y en a eu beaucoup, où rien ne se passe et tout est bloqué. C’est pourquoi j’appelle encore une fois les gens à aller voter pour nous donner l’opportunité de changer les choses.
La grande question, c’est que se passera-t-il dans le cas où le Rassemblement national n’obtient pas les sièges suffisant à cette majorité absolue ?
Dans ce cas, nous verrons bien. Ça ne dépend pas de nous. De notre côté, on ne peut être pleinement efficaces que si on a une majorité absolue. Sinon, on fera notre travail de député et on gardera notre rôle d’opposition, mais on ne va pas aller se mettre dans une position où on ne pourra pas agir ni tenir nos promesses, tout simplement car on n’aura pas la capacité de le faire. Là-dessus, Jordan Bardella est très franc, très clair. Nous, on fait ce qu’on dit et on dit ce qu’on fait. Je sais que Gabriel Attal a essayé de brouiller les pistes en expliquant qu’on était revenus sur les retraites et d’autres sujets, mais c’est complètement faux : on fera ce qu’on a dit, simplement on ne peut pas tout faire tout de suite, ce qui est très simple à comprendre.
Il y a eu cet accord entre RN et LR avec Éric Ciotti, qui est toujours président des Républicains malgré quelques complications ; y a-t-il eu également un accord de programme avec LR et une prise en compte de leurs mesures, sur des sujets économiques par exemple ?
Sur ce sujet, je vous encourage à écouter la conférence que donnera Jordan Bardella ce lundi, qui devrait éclaircir cela justement !
Nous étions sur le marché tout à l’heure, et on a vu sur cinquante mètres des militants du Nouveau Front populaire et des militants macronistes d’Ensemble : qu’est-ce que cela voudrait dire pour vous s’il y avait demain à l’Assemblée une majorité de gauche ou du centre, et que se passerait-il en France ?
On sait ce qui se passera si Emmanuel Macron garde le pouvoir. Comme il a été désavoué, il ne pourra pas remonter, et leur but ne sera pas de changer quoi que ce soit. Ca stagnera ou ça empirera. Si la France insoumise passe, nous serons face à une situation extrêmement grave, puisqu’ils vont de la gauche socialiste à l’extrême-extrême-gauche de Monsieur Poutou, le mouvement appelle au meurtre des policiers et est antisémite au dernier degré ! Ils valident le terrorisme du 7 octobre et donc le Bataclan, c’est très grave. Parmi les candidats, ils ont quand même François Hollande, qui était Président pendant les attentats de l’hyperkacher et du Bataclan ! C’est un symbole épouvantable. Si l’on avait, j’imagine, Jean-Luc Mélenchon Premier ministre, on sait déjà ce que ça donnerait : économiquement c’est le Venezuela, c’est absolument intenable, et comme vous l’avez-vu même sur le marché duquel nous sortons, même dans la Sarthe ils sont violents.
Enfin, on ne peut pas y couper : la famille Le Pen est réunie aujourd’hui dans votre Union nationale. Qu’est-ce que cela veut dire pour vous, après tant d’année de division notamment avec Marion Maréchal, le fait qu’aujourd’hui vous puissiez vous retrouver, non dans le même parti mais dans le même camp ?
Pour le coup, je trouve ça vraiment très bien ! Je pense que Marion a fait son chemin, comme nous toutes, ce qui est très bien, et le principal c’est de nous retrouver. Marion est une jeune femme brillante et intelligente, je pense qu’elle a fait le bon choix récemment, c’est exactement ce qu’il fallait faire. C’est parfait que l’on soit toutes ensemble réunies, c’est un beau symbole !
Les prochains repas de famille seront plus apaisés ?
Les dîners de famille sont toujours très apaisés, ne vous inquiétez pas !
⚡️Dans la Sarthe, Marie Caroline Le Pen (RN) arrive en tête avec 42,97% des voix. #legislatives2024
📍Les résultats : https://t.co/q8OeU0IdaF pic.twitter.com/OzjBhqRwvy
— Frontières (@Frontieresmedia) June 30, 2024
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