Politique
[Edito] Législatives : la lutte finale commence
Le premier tour des législatives achevé, la dernière semaine de cette campagne expresse commence. Pour le RN comme le NFP, il ne reste plus que sept jours pour s’emparer de Matignon.
Voilà, le premier tour est passé, trois semaines tout juste après les résultats des élections européennes. « Vivement le 9 juin » scandait le RN depuis janvier. Celui-ci passé, le choc est arrivé. Avions-nous connu un tel big-bang politique durant ces vingt dernières années ? Certainement pas, il faudrait encore remonter pour voir se succéder dans une telle surprise deux élections nationales d’une semblable importance. Le premier tour des législatives est achevé : c’est maintenant que tout se joue.
La majorité au bord du gouffre
Depuis 2017, nombreux étaient ceux qui croyaient à la tripolarisation de la vie politique. Il y avait de bonnes raisons à cela : le pays semblait divisé entre Mélenchon, Macron et Le Pen, et la présidentielle de 2022 ont accentué le phénomène.
Pourtant, comme certains l’avaient deviné, Emmanuel Macron est tout. Président de la République, Premier ministre, chef de parti, tête de liste : tout en Macron, tout pour Macron, rien en-dehors de Macron. C’est lui qui, seul contre tous, a décidé de la dissolution qu’il rejetait encore fin mai. S’il s’est finalement moins immiscé dans la campagne que prévu, c’est sans doute parce qu’il fallait se contraindre au principe de réalité. C’est donc Attal qui a pris le relai : pas de débat Macron-Marine comme on avait pu l’entendre avant les européennes.
Sans lui, tout s’écroule pourtant. Le camp présidentiel a été en retrait durant toute la campagne, on ne parlait guère que de ses deux autres adversaires. La défaite qui se profile est lourde : au moins la moitié, sinon les deux tiers de députés en moins selon la plupart des prédictions. Alors, adieu Macron, et peut-être adieu le centre aussi.
La bipolarisation revient : le RN est le nouvel UMP, le NFP le nouveau PS. Pardonnez la barbarie des acronymes. C’est la gauche des immigrés, des marginaux et des surdiplômés contre la droite des Français de souche, des campagnes et des sous-diplômés. Lumpenprolétariat et élite intellectuelle contre prolétariat et élite économique (enfin, presque). La lutte des classes est remise à plat, les clivages conservateurs-progressistes ; parti de l’ordre-parti du chaos ; libéral-social sont de retour. Le centre, comme la droite traditionnelle, semble destinés à devenir résiduels sans tout à fait disparaître, reliquats d’une seconde moitié de XXe siècle qui ne veut pas s’en aller.
La menace du Nouveau Front Populaire
Selon les projections actuelles, en partant des résultats du premier tour, il semble désormais peu vraisemblable que le fameux « NFP » parvienne à la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Même la majorité relative paraît loin d’accès, et tant mieux. Soufflons un coup, Mélenchon ne sera pas Premier ministre, le pays ne sera pas ruiné en trois ans, nous n’aurons vraisemblablement pas cent mille immigrés par mois et la publication de Frontières sera toujours autorisée.
Alors, la menace est-elle tout à fait écartée ? D’abord, prudence, car les projections peuvent varier des votes effectifs, mais aussi parce que la gauche pourrait bien être renforcée : on avait connu durant deux ans la bordélisation de l’Assemblée, et peu importe la configuration d’après le 7 juillet, la situation ne s’améliorera sans doute pas. Le RN au pouvoir et la gauche dans l’hémicycle : le mélange risque d’être sportif.
Dernière ligne droite pour le RN ?
Il reste encore une semaine au Rassemblement National pour tenter de l’emporter. Sauf surprise, le parti du tandem Le Pen-Bardella devrait être le seul en mesure de s’emparer de Matignon alors que la menace d’un pays bloqué plane. L’ancrage territorial d’un certain nombre de candidats et la dynamique sont deux points d’appui sur lequel le bloc national pourrait se reposer, mais cela ne suffira pas. Demeure la question des triangulaires et des désistements.
Selon les derniers sondages, le vote Renaissance pourrait bien plus profiter au RN qu’au NFP. De fait, la crainte de voir Mélenchon Premier ministre, ses outrances répétées et le programme politique catastrophique sur bien des aspects pèsent moins sur le report de voix qu’un prétendu barrage antifasciste. On ne fait plus barrage au RN aujourd’hui, mais aux « extrêmes », ce qui change tout. Si la participation est cette fois historique, que les retraités (qui votent beaucoup, et pour le bloc central) craignent effectivement plus LFI que le Rassemblement National, alors tout est encore possible. Pourtant, un pays bloqué demeure l’hypothèse la plus vraisemblable pour le moment : réponses le 7 juillet.
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