Politique
Discours de politique générale de Gabriel Attal : ce qu’il faut en retenir
Le nouveau Premier ministre a tenu son discours de politique générale. Voici tout ce qu’il faut en retenir.
Souveraineté, identité, travail, écologie, agriculture : retrouvez toutes les annonces et déclarations du nouveau Premier ministre Gabriel Attal dans son discours de politique générale.
Travail, et mesures sociales
« Il faut « désmicardiser » la France » a notamment déclaré le Premier ministre. L’idée, comme toujours, est de faire en sorte que le travail paie, et que l’inactivité soit toujours défavorisée. Ainsi, le Premier ministre a annoncé la généralisation du conditionnement du RSA à quinze heures d’activité par semaine sur tout le territoire. De même, selon lui, « Notre système […] a placé notre monde économique dans une situation où il n’y a plus aucun intérêt à augmenter un salarié ». Alors, Gabriel Attal a indiqué une mise en œuvre de nouveaux moyens pour les entreprises d’augmenter les salariés.
Sur le RSA à nouveau, le Premier ministre a tenu à valoriser le mérite : « nous serons capables de mener le travail de la solidarité à la source en traquant les trappes à l’inactivité ». Parmi ces trappes, la cible principale était l’allocation de solidarité spécifique, bientôt fondue dans le RSA et supprimée, le même RSA étant conditionné à un minimum d’activité.
Dans l’optique de « déverrouiller le travail », le chef du gouvernement a néanmoins annoncé une nouvelle souplesse dans le travail des fonctionnaires. Ainsi, il a demandé à son gouvernement d’expérimenter « la semaine en quatre jours », c’est-à-dire, les 35 heures en quatre jours. Sur le même sujet, le personnel d’entretien des administrations pourra désormais travailler dans les horaires classiques de bureau.
Affirmant connaître les nouvelles aspirations de la jeunesse le Premier ministre en a profité pour tailler la gauche, affirmant que « personne ne demande un droit à la paresse dans notre pays ».
Gabriel Attal a également confirmé l’annonce d’Emmanuel Macron selon laquelle les classes moyennes bénéficieront de deux milliards d’euros de baisse d’impôts.
Sur les normes et les agriculteurs
Le Premier ministre s’est aussi attaqué à l’impressionnante inflation normative qui sévit en France. Ainsi, selon lui en vingt ans, le nombre de mots dans les textes de loi aurait doublé. La réduction du nombre de normes ayant été l’une des grandes revendications des agriculteurs, il est peu surprenant que le sujet soit traité.
« À tous les échelons, il faut débureaucratiser la France » a tonné le jeune chef du gouvernement. « Débureaucratiser », c’est le second volet du plan Attal, un moyen de concurrencer certains LR comme David Lisnard sur son propre terrain. Après les « dix normes » non-nécessaires supprimées, le Premier ministre a dit n’avoir aucun complexe sur toutes les autres qui n’auraient pas d’intérêt majeur. Pour ce qui est de l’industrie, un « deuxième projet de loi industrie verte » est à l’étude dans le but de gagner six mois dans les procédures d’implantation des entreprises en France.
Enfin, toujours dans cette optique d’aller à l’essentiel, Gabriel Attal a indiqué que « Tous les comités, tous les organes, tous les organismes qui n’ont pas été réunis ces douze derniers mois seront supprimés ».
Immigration et insécurité
« Il faut assumer d’accueillir moins pour accueillir mieux. » La phrase est belle, si seulement elle cachait une once de vérité… Alors que la France a récemment battu son record de premiers titres de séjour délivrés, le Premier ministre a tenu à saluer le bilan d’Emmanuel Macron en matière d’immigration.
Pour lui, « nous avons engagé une action résolue pour la souveraineté de nos frontières avec la loi immigration et le pacte immigration européen ». Si les deux dernières mesures visent plus à augmenter l’immigration qu’à la réduire, on n’est plus à une contradiction près. D’ailleurs, sur le domaine de la santé, Gabriel Attal a annoncé la régularisation de tous les médecins exerçant sur le sol français et, encore mieux, l’envoi d’un « émissaire chargé d’aller chercher à l’étranger des médecins qui voudraient exercer en France ».
Si le Premier ministre a plusieurs fois employé les mots « identité », « souveraineté » et même « archipel », l’idée n’est certainement pas de prendre à bras-le-corps le sujet migratoire. Ni le sujet sécuritaire.
À part des mots et des slogans à la pelle, Gabriel Attal n’a visiblement pas grand-chose à proposer. De cette façon, les jeunes délinquants auront des « travaux d’intérêt éducatif » à effectuer, « tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter ». On demeure un brin sceptique. Seule la réforme de l’Aide Médicale d’État apparaît un peu concrète.
Beaucoup de mots, peu de propositions
L’ancien ministre de l’Éducation nationale était visiblement un peu mal à l’aise avec sa « grande cause », fragilisé par les innombrables affaires ciblant Amélie Oudéa-Castéra. On a ainsi dû attendre une vingtaine de minutes pour que le sujet soit évoqué, et encore, brièvement. Selon lui, les professeurs ont peur « d’enseigner des pans entiers de notre histoire et de notre littérature », il faut alors plus de laïcité et quelques mesurettes habituelles : à l’ouest, rien de nouveau.
« Affronter pour avancer », si ce n’est le mauvais emploi d’un verbe transitif, on ne comprend pas trop l’idée – s’il y en a une – derrière la phrase martelée à maintes reprises. Le logement, la santé ont été également évoqués. On a appris que la nouvelle génération voit « son monde chamboulé plus fortement que jamais » et formule des « doutes sur la planète, sur l’identité », que « nous ne sommes pas n’importe quel pays » : le jeune Premier ministre parle vite et fort, a largement peiné à s’imposer dans une Assemblée bruyante en défendant l’indéfendable bilan de son Président.
Contrairement à ce qu’ont demandé les oppositions, le nouveau gouvernement ne s’est pas soumis à un vote de confiance de l’Assemblée nationale. En revanche, une motion de censure a été déposée par la NUPES et la cheffe de file LFI Mathilde Panot, qui a ainsi dénoncé le discours le plus « réactionnaire » depuis des décennies.
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