Immigration
Rapport 2024 du Secours Catholique : la pauvreté en hausse, 80 % des aidés en Île-de-France sont étrangers
Le Secours Catholique alerte sur l’aggravation de la pauvreté en France : 1,06 million de personnes aidées en 2023, dont une majorité d’étrangers dans certaines régions.
Le Secours catholique a publié, jeudi 14 novembre 2024, son rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France. Le constat est alarmant : en 2023, l’association a accompagné 1,06 million de personnes en situation de précarité. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter, et qui révèle une donnée frappante : parmi les ménages aidés, une large proportion est constituée d’étrangers. En Île-de-France, 80 % des bénéficiaires sont étrangers, et en Auvergne-Rhône-Alpes, cette proportion atteint 48 %. Cette surreprésentation interroge sur la place des Français dans les dispositifs d’aide sociale de leur propre pays.
Un niveau de vie en chute libre pour les plus précaires
Les ménages accompagnés par le Secours catholique vivent avec des revenus bien en dessous du seuil de pauvreté, estimé à 1 275 euros par mois. En 2023, leur revenu médian s’établissait à 555 euros, soit une baisse de 19 euros par rapport à l’année précédente. Plus de 25 % d’entre eux n’ont aucune ressource, un chiffre record. « Nous n’avons jamais rencontré autant de ménages vivant sans aucune ressource », déplore l’association.
Les demandes d’aide concernent principalement les besoins alimentaires (46 %) et les situations d’impayés. L’accès à un logement stable reste hors de portée pour un tiers des bénéficiaires. Cependant, ces chiffres, déjà inquiétants, révèlent aussi un paradoxe : les Français, pourtant touchés par les mêmes difficultés, semblent moins représentés dans ces dispositifs.
La forte présence d’étrangers dans les aides du Secours Catholique
Selon le rapport, la proportion d’étrangers parmi les aidés est particulièrement élevée : 80 % en Île-de-France, 48 % en Auvergne-Rhône-Alpes d’après le Dauphiné, et 38,9 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ce chiffre soulève des questions.
Comment expliquer que, dans un pays où les Français représentent une large majorité de la population, ils ne soient pas les premiers bénéficiaires de ces aides ? Ce déséquilibre peut nourrir un sentiment d’abandon chez certains, notamment dans les zones rurales ou dans les régions frappées par la désindustrialisation.
Des obstacles administratifs pour les Français précaires
L’accès aux prestations sociales est de plus en plus complexe. La dématérialisation des démarches, couplée à des critères d’éligibilité plus stricts, constitue un véritable frein pour de nombreux Français en difficulté. « L’accès aux prestations sociales devient un véritable parcours du combattant », explique Owen Morandeau, animateur de réseau au Secours Catholique.
Cette fracture numérique touche en particulier les Français précaires, notamment dans les zones rurales où l’accès à Internet ou à un smartphone est limité. À cela s’ajoute un discours parfois culpabilisant à l’égard des chômeurs ou des personnes en difficulté, les dissuadant de demander l’aide à laquelle ils ont droit.
Une situation critique en Ille-et-Vilaine pour le Secours Catholique
En Ille-et-Vilaine, le Secours catholique accompagne près de 10 000 personnes par an. Parmi elles, une personne sur deux n’a aucune ressource. La préfecture de Rennes est particulièrement touchée par la crise, en raison de l’arrivée de nombreux migrants, qui saturent les dispositifs d’accueil et d’hébergement.
Le revenu médian des ménages aidés dans ce département est de 293 euros, soit moitié moins que la moyenne nationale, déjà très basse. « En tant que préfecture de région, Rennes voit arriver de nombreux migrants », explique l’association, qui appelle à des solutions d’urgence pour éviter que ces populations ne restent à la rue, surtout à l’approche de l’hiver.
Une solidarité à rééquilibrer
Alors que le Secours catholique tire la sonnette d’alarme, ce rapport soulève une question fondamentale : la solidarité nationale profite-t-elle également à tous les citoyens ?
Si les populations étrangères rencontrées par l’association connaissent souvent des situations de grande précarité, il paraît tout aussi essentiel de veiller à ce que les Français les plus fragiles ne soient pas relégués au second plan.
À l’approche de l’hiver, l’urgence sociale reste prioritaire. Mais ce déséquilibre dans les bénéficiaires des aides mérite une réflexion plus large sur les priorités de la solidarité nationale, afin que personne ne soit laissé pour compte dans un pays où la pauvreté continue de s’aggraver.
À lire aussi : La France enregistre sa plus forte chute des naissances depuis le baby-boom
Aucun commentaire
Loading