Société
Syrie : quand Libération fait l’éloge du retour des rebelles islamistes à Alep
Depuis le 30 novembre, Alep, ravagée par la guerre, est tombée sous le contrôle des rebelles pro-Erdogan de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), amorçant un changement de régime radical. Libération se réjouit de cette évolution, tandis que l’instauration d’un régime islamiste menace gravement l’opposition et les communautés chrétiennes locales.
Depuis le 30 novembre 2024, la ville d’Alep, longtemps ravagée par la guerre civile, entre dans une nouvelle séquence de son histoire. Sous le contrôle des rebelles islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), la cité emblématique de la Syrie semble se transformer sous l’effet d’un nouvel ordre islamiste pro-Erdogan. Pourtant, loin des alertes et des craintes légitimes qui accompagnent l’arrivée de ces factions rebelles, certains médias, à l’instar de Libération, célèbrent ce bouleversement comme un « progrès » pour la ville. Mais cette vision simpliste oublie les réalités tragiques d’un retour aux fondamentaux du djihadisme.
Dans un article publié ce jeudi 5 décembre, titré « À Alep, deuxième ville de Syrie, conquise par les rebelles islamistes : “Tu verrais tout le pain qu’ils distribuent, il y en a partout dans les rues” », Libération présente un portrait idéalisé de la guerre civile du pays proche-oriental. L’article reprend les propos d’Oum Karim, une habitante d’Alep qui exprime sa stupéfaction par message vocal, adressé à sa fille réfugiée en Europe. Selon ses propos, les rues sont remplies de pain, de légumes, d’œufs et même de chauffages distribués à la population. Les infrastructures sont réparées, le réseau électrique restauré et les rues nettoyées. « Il y a même des antennes pour Internet et le téléphone », ajoute-t-elle avec une certaine gratitude.
Un retour à l’ombre d’un califat
Si ces témoignages peuvent refléter une amélioration superficielle de la vie quotidienne des populations locales, il convient de rappeler que cette prétendue « libération » s’accompagne de dangers bien plus profonds. Le retour d’un pouvoir islamiste représente l’imposition d’un ordre autoritaire, qui sont les piliers d’un califat islamique. Cette prise de pouvoir marque ainsi la fin d’une époque de coexistence relative, de « vivre ensemble » si cher au journal Libération, et l’émergence d’une répression systématique à l’encontre des minorités chrétiennes, des opposants politiques et des populations non-sunnites.
L’histoire des groupes djihadistes tels que Hayat Tahrir al-Sham est consubstantielle la torture de l’opposition. Ces forces islamistes ont fait de la terreur une doctrine, se livrant à des tortures systématiques, allant des électrocutions aux passages à tabac, rappelant ainsi les exactions sanglantes perpétrées par l’État islamique en Syrie et en Irak.
L’enfer islamique et la complaisance de Libération
Dans les prisons d’Irak, notamment à Mossoul, des milliers de détenus ont été contraints de vivre l’enfer, souvent jusqu’à la mort. Les exécutions publiques, les amputations et les viols étaient monnaie courante. Le génocide des Yazidis et la persécution des chrétiens sont des chapitres tragiques de cette époque, où des communautés entières ont été réduites en esclavage ou massacrées. Des fosses communes, retrouvées en Irak, témoignent de l’ampleur de cette barbarie, avec plus de 12 000 corps exhumés. Dans cette complaisance avec l’islamisme radical, Libération se fait non seulement le porte-voix d’un discours édulcoré, mais aussi, par son omission volontaire des réalités terrifiantes sous-jacentes, complice d’un régime islamique tyrannique.
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