Politique
Pessac (33) : des agriculteurs retirent le drapeau européen de leur mairie
Des agriculteurs de la Coordination Rurale ont retiré le drapeau européen à Pessac, remplaçant l’emblème par un amoncellement de fumier et de pneus.
Les manifestations agricoles, débutées lundi, ont pris une ampleur symbolique ce mardi 19 novembre avec un acte marquant à Pessac, en Gironde. Au petit matin, une cinquantaine de tracteurs ont quitté Créon pour rejoindre Bordeaux. C’est devant la mairie de Pessac que l’action la plus significative s’est déroulée. Des membres de la Coordination Rurale ont retiré le drapeau européen de la mairie, y substituant une benne de fumier, de pneus et de pieds de vigne. En retirant ce symbole du Vieux Continent, les manifestants ont voulu exprimer leur désaccord face aux traités commerciaux internationaux, notamment celui avec le Mercosur, qui, selon eux, menacent directement l’agriculture française.
🚨 À Pessac, les agriculteurs de la Gironde retirent le drapeau européen de la mairie.
— Frontières (@Frontieresmedia) November 19, 2024
« Nous sommes en colère contre une Europe qui privilégie les importations à bas coût au détriment de nos productions locales », a déclaré un agriculteur participant à l’action. Le drapeau européen communal a été remplacé par un amoncellement de déchets agricoles, une manière pour les manifestants de « rendre » ce qu’ils considèrent comme le fruit de décisions injustes et désastreuses pour leurs exploitations.
Un appel à manifester lancé par la coordination rurale en Gironde pic.twitter.com/FiHuG8YIeK
— France Bleu Gironde (@Bleu_Gironde) November 19, 2024
Une mobilisation qui monte en intensité
Ce geste s’inscrit dans un mouvement national qui ne cesse de prendre de l’ampleur. À travers toute la France, des « feux de la colère » illuminent les campagnes, tandis que des barrages et opérations escargot perturbent le trafic routier. À Bordeaux, des convois agricoles convergent vers la préfecture, tandis qu’ailleurs, comme dans les Pyrénées-Orientales, les péages stratégiques à la frontière espagnole sont bloqués pour limiter l’entrée de marchandises étrangères.
Le président de la Coordination Rurale 66, Philippe Maydat, justifie ces actions par la nécessité d’un électrochoc : « Nous voulons montrer aux Français ce que serait le pays sans ses agriculteurs. Les accords comme le Mercosur, c’est la fin de nos exploitations. »
La mobilisation actuelle réactive des revendications déjà exprimées lors de précédents mouvements : des prix agricoles insuffisants, une lourdeur administrative écrasante et une concurrence déloyale exacerbée par les accords internationaux. Mais cette fois, les syndicats agricoles semblent unis dans leur colère. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, initialement seuls dans la mobilisation, ont été rejoints par la Coordination Rurale, donnant un élan supplémentaire à ce mouvement national.
Un dialogue qui tarde à s’ouvrir
Face à ces actions coup de poing, le gouvernement reste pour l’instant en retrait, malgré des appels répétés des syndicats à des négociations immédiates. À Pessac comme ailleurs, les agriculteurs insistent sur l’urgence de la situation. « Les promesses, on les entend depuis trop longtemps. Maintenant, il nous faut des actes concrets », s’insurge Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination Rurale.
Ce mardi, alors que la campagne continue de s’embraser au sens propre comme au figuré, les agriculteurs réaffirment leur détermination. « Si l’Europe et l’État ne nous respectent pas, nous continuerons à agir, à perturber, à symboliser notre désarroi. »
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