Politique
Macron : le retour du théâtre antifasciste
Lors de sa conférence de presse, le Président de la République est revenu sur le Rassemblement National, son principal adversaire. Retour de la peste brune, menace sur l’Europe et notre démocratie, le théâtre antifasciste est de retour à l’Élysée.
Lors de sa conférence de presse du mardi 16 janvier 2024, le chef de l’État a alerté sur la montée de « l’extrême droite » dans toute l’Europe. Emmanuel Macron a appelé à « s’attaquer à ce qui fait voter pour eux ».
Visage fermé, ton solennelle, poing serré, le Président de la République ne rigole pas avec la montée de « l’extrême droite ». Hier soir, le numéro antifasciste a fait son grand retour à l’Élysée.
Lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron, répondant à une question d’une journaliste du Monde, a accusé le Rassemblement national (RN) en tête dans tous les sondages et pour les européennes et pour les élections présidentielles de 2027, d’être le « parti de l’appauvrissement collectif » et « du mensonge ». Après une telle prise de position, aussi profonde et courageuse qu’elle soit, le Président de la République a appelé à s’attaquer à ce qui fait voter pour eux. Ainsi, Emmanuel Macron a mis en avant la lutte contre le « chômage de masse », la volonté de remédier « sentiment de dépossession », la macronie ou l’art du sentiment, ainsi que la lutte contre l’immigration illégale. « Lutter contre l’immigration clandestine, c’est, je pense, une des réponses au Rassemblement national », a assuré le chef de l’État.
République, principes, Europe, Macron fait du Macron
Se targuant de lutter efficacement contre l’immigration au niveau national et évidemment au niveau européen, le président de la république en a profité pour qualifier le RN d’être le « parti du transformisme, c’est-à-dire qu’il y a six ans et demi, il était pour sortir de l’Europe et de l’euro et maintenant, il est pour y rester, mais pour ne plus respecter les traités comme l’extrême gauche, même programme ». Emmanuel Macron sait parler aux boomers, son principal électorat, « les extrêmes ce n’est jamais bon ».
Interrogé sur la prétendue mise en place d’une préférence nationale dans le cadre de la loi immigration, Emmanuel Macron s’est tout de suite justifié. « Je me garderais bien de dire que ça existe, la loi a été votée, elle est soumise au Conseil Constitutionnel, et j’aurais ensuite à promulguer un texte qui sera corrigé de ses censures éventuelles ». Quant à la supposée lutte contre l’immigration du gouvernement, Emmanuel Macron a indiqué : « J’assume totalement la politique au niveau européen et français qu’on a menée. Pas de naïveté, mais le faire dans le cadre de notre République, nos principes, ce que je défends ».
La réponse du Rassemblement National
Invité de France 2 en duplex juste après la conférence de presse, le président du parti de droite national, Jordan Bardella, a parlé d’une prise de parole « longue, extrêmement longue d’un président de la République, qui n’était pas président, mais premier ministre, faisant une déclaration de politique générale ». Dans un tweet, Marine Le Pen, a également critiqué l’exercice du chef de l’État :
Le grand rendez-vous avec la Nation s’est transformé en un énième et interminable bavardage ; un entre-soi sans hauteur, sans vision et surtout sans solutions aux problèmes critiques des Français. Le fond comme le ton ne sont pas au niveau d’un président de la République.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) January 16, 2024
Il y a moins d’un an, le mardi 30 mai 2023, alors que l’ancien Premier ministre, Élisabeth Borne, qualifiait le RN « d’héritier de Pétain », Emmanuel Macron l’avait recadré en conseil des ministres. Le chef de l’État avait appelé à ne plus utiliser d’« arguments moraux » pour lutter contre la montée du RN. Visiblement, cette époque est révolue. En voulant s’attaquer à ce qui favorise le vote RN, Emmanuel Macron oubli peut-être un élément important, le fait qu’il est lui-même l’une des raisons de cette montée et de la victoire idéologique de la droite nationale.
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