Éric Naulleau « Je suis convaincu que la question de l’interdiction de la France insoumise se posera un jour ! »
Éric Naulleau a accordé un entretien à Frontières. L’essayiste a évoqué l’élection de Donald Trump tout en analysant la politique de clientélisme propre à la France insoumise. Il insiste aussi sur l’importance de maintenir le dialogue avec les courants d’extrême-gauche.
Cet entretien a été réalisé dans le cadre de notre matinale
Comment percevez-vous le fait que certaines minorités, traditionnellement acquises aux démocrates, comme les Latinos ou les Afro-Américains – à qui Kamala Harris avait d’ailleurs adressé un discours spécifique – se soient non seulement tournées vers l’abstention, mais aient également voté en faveur de Donald Trump ?
Pour beaucoup de Français, et notamment pour la gauche française, cette élection a été une véritable révélation : les Latinos et les Afro-Américains ne forment pas des blocs monolithiques. Ils ne votent pas systématiquement de la même manière, n’ont pas les mêmes opinions, et, surtout, ne sont pas toujours réceptifs aux discours communautaires.
Kamala Harris, par exemple, semblait avoir opté pour une stratégie consistant à s’adresser spécifiquement à ces groupes, presque à l’exclusion des autres, en tenant un discours progressiste. Or, ce positionnement ne fait pas toujours écho auprès de ces populations. Beaucoup de Latinos et d’Afro-Américains restent attachés à des valeurs traditionnelles, et les discours associés au courant woke – comme les débats sur les transitions de genre ou d’autres sujets similaires – passent mal auprès d’eux.
Mon expérience personnelle m’offre un poste d’observation intéressant. Depuis vingt ans, je passe une partie de mes vacances d’été à Minneapolis, et j’ai pris l’habitude de fréquenter certains cafés où je constate les évolutions sociales. L’année dernière, dans mon café préféré, j’ai vu une affichette demandant d’« éviter de s’adresser au personnel de manière genrée pour ne pas provoquer de traumatismes ». Cela illustre bien cette atmosphère : je ne peux même pas dire « Hello, Sir » sans risquer de déclencher une réaction excessive, qu’il s’agisse d’une dépression ou d’une crise de panique.
Pour certains Latinos, Afro-Américains, mais aussi pour des Américains de manière générale, ces excès sont insupportables. Cette situation explique en partie pourquoi certains ont choisi de se tourner vers Donald Trump, qui apparaît comme une alternative à ce qu’ils perçoivent comme un progressisme déconnecté de leurs préoccupations.
Partagez-vous l’analyse d’Anne Sinclair selon laquelle le vote en faveur de Donald Trump pourrait être interprété comme un vote macho ?
Ce qui me frappe profondément dans cette déclaration, comme dans beaucoup d’autres, c’est l’incapacité à envisager la victoire de Donald Trump autrement qu’à travers un prisme préconçu. Il est possible d’expliquer cette victoire marginalement par des motivations de misogynie ou de racisme, mais cela ne constitue pas l’explication principale. Il faut bien l’admettre : du point de vue de la gauche, Donald Trump a su parler aux Américains.
Il a même remporté le vote populaire, ce qui n’avait pas été le cas en 2016. Il a réussi à capter l’attention des électeurs en abordant les deux sujets qui les préoccupent le plus : l’identité et le pouvoir d’achat. C’est là, à mon avis, la véritable explication.
Certaines des idées défendues par Trump vont dans la bonne direction, mais elles sont, selon moi, portées par la mauvaise personne. Et d’autres de ses idées, en revanche, vont dans la mauvaise direction. Il est essentiel de dépasser les réflexes pavloviens qui consistent à penser que, parce qu’il s’oppose au mouvement woke, il serait automatiquement notre héros. Je pense que ces deux positions – celles qui le défendent aveuglément et celles qui le rejettent systématiquement – sont erronées.
Est-il envisageable de voir en France l’émergence d’un « Trump à la française », c’est-à-dire un candidat capable de séduire un électorat de minorités et d’immigrés qui voterait pour lui ?
À court terme, je pense que la situation restera inchangée. La France Insoumise semble avoir opté pour une seule stratégie : séduire un électorat islamiste. Autrefois, cette approche avait ses limites, car cet électorat ne se déplaçait pas vraiment lors des élections. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. On a vu un changement significatif, notamment avec l’entrée en campagne de Rima Hassan, ce qui a entraîné un déplacement de voix palpable.
Je suis dans une circonscription où Sofia Chikirou avait été élue dès le premier tour, et je constate clairement l’arrivée d’une population que je ne voyais pas auparavant dans les bureaux de vote. Désormais, elle se déplace. Puisque la France Insoumise a misé tout son pari sur cette stratégie, peut-être qu’un retournement pourrait survenir un jour, mais cela ne semble pas pour tout de suite. Pour l’instant, cela fonctionne, et c’est vraiment inquiétant.
Car nous avons, aujourd’hui, un parti – la France Insoumise – qui semble uniquement fondé sur le communautarisme. Et cela, c’est mon avis personnel, mais je n’hésite pas à le dire : ce parti est, pour moi, devenu un parti de l’étranger. Ce n’est pas seulement une question d’idéologie, mais aussi d’une forme de provocation systématique. En soutenant des individus fiché S, et en allant jusqu’à faire des déclarations comme celle de Monsieur Coquerel, qui prétend qu’un islamiste fiché S (ndlr : Elias d’Imzalène) est plus respectable que le ministre de l’Intérieur, la situation devient très préoccupante.
Je vais même plus loin dans ma réflexion : je pense qu’un jour, la question de la légalité de la France Insoumise se posera. Il faudra se demander si ce parti doit être interdit, car il est en train de franchir toutes les limites du cadre républicain, celui de notre socle commun. Ce parti devient clairement anti-républicain, et il pousse si loin dans cette direction que je suis convaincu que la question de son interdiction se posera un jour.
Ne faudrait-il pas aller plus loin, aujourd’hui, dans la conquête médiatique et culturelle. À gauche, ils privilégient tous les médias de gauche, ils fonctionnent entre eux et refusent de débattre avec l’opposition. Pourquoi, de notre côté, continuerions-nous à les inviter ?
Si je me place du point de vue qui est le mien, j’accepte les invitations. On m’a reproché, par exemple, de me rendre dans certains lieux, mais si je pousse la provocation encore plus loin, imaginons que j’aie une invitation aux universités d’été de la France Insoumise. Tant que ma sécurité physique serait garantie – ce qui n’est pas évident – je serais prêt à y aller. Parce qu’il faut bien comprendre que ces gens-là ne se contentent pas d’une simple intolérance théorique, ils sont également dans l’intimidation physique.
Pour vous donner un exemple, j’ai failli en venir aux mains avec Jean-Luc Mélenchon lors d’une émission, il y a eu des affrontements presque physiques. Ces personnes sont dans une logique insurrectionnelle et révolutionnaire, des fanatiques de la violence politique. Néanmoins, je pense qu’il est essentiel d’essayer de maintenir un dialogue avec l’autre camp. Parce qu’au sein de ce camp, il existe une zone grise, une catégorie de personnes qui, même si elles ne l’affichent pas, pensent un peu différemment de ce qu’on pourrait croire.
Le dialogue est un moyen de faire émerger cette part de non-dit, car ces personnes ont souvent peur de s’exprimer librement, sachant qu’elles risquent immédiatement d’être bannies du système médiatique. En réalité, il suffit d’une simple présence sur un plateau pour que vous soyez définitivement exclu des chaînes publiques.
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