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Hossein Ronaghi : le journaliste iranien qui s’est cousu les lèvres pour défier la dictature
Le 18 novembre, Hossein Ronaghi, journaliste et militant iranien, s’est dressé au centre de Téhéran, les lèvres cousues et brandissant une pancarte proclamant « Soit la liberté, soit la mort ». En moins de vingt minutes, une vingtaine d’agents l’ont encerclé et arrêté.
Le 17 novembre, une scène inoubliable s’est déroulée devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran : Hossein Ronaghi, journaliste et figure de proue du militantisme en Iran, est apparu avec les lèvres cousues. Un geste saisissant, symbole du silence forcé qu’impose le régime à des millions d’Iraniens. Ce cri silencieux était dirigé contre l’interdiction de participer aux funérailles de son ami Kianoush Sanjari, un autre journaliste, qui s’était suicidé le 13 novembre en signe de protestation contre la détention par la dictature de l’ayatollah Khamenei, des prisonniers politiques Fatemeh Sepehri, Nasrin Shahkarami, Toomaj Salehi et Arsham Rezaei. Hier, lundi 18 novembre, Ronaghi a intensifié sa protestation en se dressant avec détermination au cœur de Téhéran.
‼️⚠️‼️On Monday, November 18, political activist #HosseinRonaghi staged a solo sit-in protest at Valiasr Square in Tehran, with his lips sewn shut, opposing the sentences given to the defendants in the Ekbatan case and continuing the path of #KianooshSanjeri
He says: “I will… pic.twitter.com/AgC52lyIts
— Ray (@Rayshots77) November 19, 2024
Motus et bouche cousue
Coudre ses lèvres est bien plus qu’un acte de désespoir. Pour Hossein Ronaghi, il s’agit d’un acte de défi, un message lancé à un régime qui emprisonne et réprime toute critique. Cet acte radical incarne l’ultime forme de protestation dans un pays où la parole est un crime.
Hossein Ronaghi, célèbre activiste et journaliste iranien, s’est positionné en plein carrefour à Téhéran après s’être cousu les lèvres en signe de protestation contre le régime. Il a écrit un long texte sur son compte X annonçant qu’il irait dans la rue et qu’il se battrait «… pic.twitter.com/HmmYsnkGLD
— Association Femme Azadi (@femmeazadi) November 18, 2024
Ronaghi, immobile et silencieux, brandissait hier en plein centre de Téhéran, une pancarte proclamant « Soit la liberté, soit la mort », une image saisissante qui a électrisé les esprits. En moins de 20 minutes, une vingtaine d’agents ont convergé pour l’arrêter, exposant la brutalité d’un pouvoir incapable de tolérer la moindre contestation, même lorsqu’elle s’exprime en silence.
Update : Ronaghi a été arrêté par une vingtaine d’agents du régime 20 minutes après avoir commencé à protester .
— Association Femme Azadi (@femmeazadi) November 18, 2024
Relayée par Mona Jafarian, cette révélation a résonné bien au-delà des frontières. Franco-iranienne et militante de la première heure pour les droits des femmes en Iran, son compte Femme Azadi, qui fait référence au slogan des manifestantes iraniennes luttant contre la répression du régime islamique, est devenu un symbole de la lutte pour la liberté du peuple iranien.
L’action d’Hossein Ronaghi est un hommage non seulement à Kianoush Sanjari, mais à tous ceux qui luttent et tombent dans l’ombre. Cet acte solitaire, mais porteur de tant d’espoirs partagés, est le reflet d’une résistance tenace. Il symbolise l’unité des activistes, liés par leur volonté de défier l’oppression, même au prix de leur vie.
Solidarité et sacrifice : un réseau d’âmes courageuses
Sous la poigne de fer de l’ayatollah Ali Khamenei, la République islamique d’Iran poursuit une répression impitoyable contre ceux qui osent défier l’autorité. Parmi les prisonniers politiques, des figures emblématiques comme Fatemeh Sepehri, militante courageuse, condamnée à 18 ans et demi de prison malgré des problèmes de santé critiques, simplement pour avoir exprimé son soutien à Israël.
Nasrin Shahkarami, mère de Nika Shahkarami, adolescente tuée lors des manifestations de 2022, a été arrêtée sans motif clair, une preuve de la volonté du régime de faire taire même les familles des victimes, pour éviter que leur douleur ne devienne un étendard de résistance.
Il y a deux ans, des dizaines d hommes armés des services de renseignement de la république islamique sont rentrés dans l’appartement où se cachait Toomaj Salehi pour le kidnapper. Toomaj est rappeur et il a toujours utilisé son art pour dénoncer le régime. Après la mort de Mahsa… pic.twitter.com/Sl9Qs94GnW
— Association Femme Azadi (@femmeazadi) October 30, 2024
Le rappeur Toomaj Salehi, voix engagée des rues iraniennes, a été condamné à mort en avril 2024, accusé de “corruption sur terre”, un terme fourre-tout qui masque l’objectif réel : éteindre toute voix dissidente. Toomaj Salehi demeure incarcéré à ce jour, mais la Cour suprême iranienne a annulé sa condamnation à mort. Le verdict avait enflammé l’indignation mondiale et secoué la communauté artistique iranienne.
Quant à Arsham Rezaei, militant infatigable des droits civiques, il demeure enfermé dans la tristement célèbre prison d’Evin, symbole de la terreur et de la répression, où tant d’esprits libres ont été brisés.
Ces emprisonnements témoignent de la brutalité d’un régime prêt à tout pour museler l’opposition et terroriser ceux qui aspirent à la liberté. La stratégie est claire : semer la peur et faire des exemples. Cet appel silencieux doit trouver un écho international pour soutenir ceux qui, comme eux, se battent au péril de leur vie.
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