Enquêtes
« On peut dire que j’ai été complice de trafic d’héroïne » : l’étrange déontologie de François Ruffin
ENQUÊTE – Alors que l’actuelle figure de la gauche sociale alternative à Mélenchon est souvent louée pour sa probité, nous avons retrouvé un enregistrement dans lequel François Ruffin affirme avoir été complice de trafic d’héroïne pour les besoins d’un livre.
Avant qu’il ne se transforme en tribun de la plèbe et député insoumis critique de Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin a eu une longue carrière de journaliste s’étendant de 1999 à 2017 dans un journal qu’il avait lui-même fondé et qui connut un certain succès : Fakir. Pourtant, celui qui proclame souvent sa transparence a visiblement effectué plusieurs manquements à la déontologie et a même été, selon ses propres mots, « complice de trafic d’héroïne ».
Une enquête particulièrement douteuse
En 2006, le journaliste François Ruffin publie une enquête sociologique appelée Quartier Nord. Le livre retrace deux ans dans les quartiers difficiles d’Amiens, sa ville, dans lesquels il tente de dépeindre une fresque romanesque dont les personnages, des banlieusards, seraient comme les nouveaux Misérables.
Si l’œuvre a plutôt bien été reçue par la critique, elle l’a bien moins été par les habitants du quartier que Ruffin voulait dépeindre. Il faut tout d’abord savoir que les méthodes employées pour réaliser cette enquête étaient particulièrement douteuses. Dans un livre publié en 2021, la journaliste Mérième Alaoui les décrit. Selon elle, François Ruffin aurait réalisé des enregistrements dissimulés, épongé des dettes, sorti sa carte bleue ou fait des chèques pour obtenir des témoignages.
François Ruffin : « On peut dire que j’ai été complice de trafic d’héroïne »
Parmi les méthodes les plus douteuses, François Ruffin aurait même « acheté de la drogue pour un témoin en manque » selon Mérième Alaoui. Dans une émission de France Inter appelée « Là-bas si j’y suis », en pleine promo de son livre, il ira même jusqu’à déclarer : « Je me suis rendu compte que la bonne manière de fonctionner, c’était de se laisser vampiriser. En permanence, je rends service à tout le monde, que ça soit à un dealer… On peut dire que j’étais complice de deal d’héroïne, que j’aide en transportant d’un quartier à un autre, des revendeurs à ses fournisseurs. » Décidément, entre les insoumis et la drogue, c’est une longue histoire d’amour.
Pourtant, ce n’est pas tout. François Ruffin perdra d’ailleurs un procès en diffamation intenté contre lui par des habitants du quartier. Après avoir dépeint un homme nommé Nourédine Gaham en parrain de la mafia amiénoise dans son objectif de romancer son œuvre, il perdra l’action en justice. Le cri de colère de Nourédine Gaham est d’ailleurs révélateur : « Je n’ai pas supporté qu’on me salisse et qu’on salisse des gens de ma communauté comme cela. Lui, il s’en fiche de nous, il voulait juste des histoires croustillantes pour ses bobos. Mais derrière ses mots, il y a des vies ! La preuve, après la sortie de son livre, ses personnages principaux ont tous très mal fini ».
L’héroïne, fléau du nord
Revenons à l’héroïne, drogue que François Ruffin a admis avoir transportée en aidant des dealers des quartiers nord d’Amiens. Il se trouve que cette substance touche principalement le nord de la France où elle fait des ravages : on peut par exemple retrouver à Roubaix des files de toxicomanes qui attendent chaque matin leur dose dans les quartiers les plus violents.
Le produit est d’ailleurs largement présent dans le département de François Ruffin, la Somme. En six mois, cinq opérations « Place nette » y ont eu lieu et 30 kg d’héroïne y ont été saisis en 2023, soit 7 % des saisies sur le territoire français. Enflammé par le désir de réussite de son livre, le député LFI frondeur n’avait visiblement aucun regard sur les conséquences de ses actes, et celui qui dit tant se préoccuper de la vie des plus faibles n’a visiblement aucun scrupule quand il s’agit de les utiliser pour sa gloire personnelle.
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