Victoire de Trump : une bonne nouvelle pour la France ?
Jean-Baptiste Gardes, ancien cadre LR, voit la réélection de Donald Trump comme un catalyseur du retour à la souveraineté nationale. Pour lui, cette victoire incarne une rupture avec l’intégration européenne et un appel à défendre les intérêts nationaux face à la mondialisation.
Ancien élu et cadre LR, a annoncé son soutien à la candidature de Jordan Bardella pendant la campagne des européennes et a été candidat de l’union nationale aux élections législatives dans le Nord. Sa tribune sur l’élection de Donald Trump.
Le slogan Make America Great Again (MAGA) a une nouvelle fois résonné à travers les États-Unis pendant des mois, conduisant Donald Trump à une victoire aussi spectaculaire que sa campagne.
Donald Trump, avec son style exubérant et son franc-parler, bouscule depuis 2015 les normes politiques en affichant une personnalité à la fois clivante et imprévisible. Ses prises de position iconoclastes et sa manière de déjouer les attentes le placent souvent hors des cadres traditionnels, suscitant autant de fascination que de controverse.
Ne soyons pas naïfs en s’empressant de déclarer que son retour à la maison blanche va améliorer la situation dans laquelle se trouve la France. Sa politique de recentrement national n’a qu’une ambition : restaurer l’hégémonie américaine et faire passer les intérêts des Américains avant tout, notamment face à la menace que représente la Chine.
La question est posée dans toutes les interviews politiques ces derniers jours : cette victoire est-elle une bonne nouvelle ? Comme s’il s’agissait de se positionner pour ou contre la volonté des électeurs américains. La réponse est que la victoire de Trump est surtout une bonne nouvelle pour le concept de nation.
En effet, ne boudons pas notre plaisir : la victoire de Donald Trump est une heureuse surprise pour tous ceux qui ont la conviction que le redressement de la France passera par un sursaut national, par l’incarnation charismatique d’une vision, d’un espoir collectif au service des aspirations du peuple.
D’ailleurs ce n’est pas le slogan Make America Great Again qui crée la panique parmi les élites européennes et dans le camp Macron-Barnier, mais la perspective de sa déclinaison Make Nations Great Again en Europe, un retour en force des nations, cette lame de fond qu’ils ont déjà eu beaucoup de mal à contenir lors des dernières élections européennes.
L’administration européenne s’est construite progressivement en transférant les compétences et les pouvoirs des États membres vers les institutions européennes, réduisant ainsi le rôle des nations au profit d’une gouvernance supranationale. Ce paradigme est aujourd’hui fragilisé par le réveil des peuples européens qui pressent leurs gouvernements de reprendre le contrôle de l’économie nationale et des frontières de leur pays. Ce retour des nations marque une rupture avec les décennies de mondialisation qui avaient dominé les relations internationales jusqu’ici.
Alors que les États-Unis s’orientent vers une politique de recentrement national, cette tendance va s’accentuer, avec des répercussions sur les questions économiques, migratoires, et diplomatiques, qui vont mettre davantage encore à l’épreuve le modèle d’intégration européen.
L’une des grandes préoccupations des élites euro-béates réside dans les orientations économiques de Donald Trump, qui prône un protectionnisme renforcé. En 2016 déjà, Trump avait mis en œuvre des politiques de taxation sur les produits importés. Le protectionnisme américain pourrait pousser certains États membres à réclamer des mesures similaires visant à défendre leurs industries locales, à un moment où l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur provoque déjà la colère légitime des agriculteurs français. Cette tendance Make Nations Great Again pourrait aussi encourager certains pays européens à réévaluer leur politique de libre-échange et de collaboration économique au sein même de l’Union.
D’autre part, la victoire de Donald Trump et sa politique en matière d’immigration, axée sur un contrôle strict des frontières vient percuter le plein fouet le débat explosif de l’immigration en Europe. Tous ceux qui, dans la continuité de la Hongrie, de la Pologne, ou encore des positions de Matteo Salvini en Italie, prônent une gestion nationale de la question migratoire et dénoncent l’ingérence de Bruxelles, sont confortés dans leurs positions. Les pressions pour un contrôle renforcé des frontières extérieures et une limitation des entrées sur le territoire européen vont se multiplier.
Enfin, le retour de Trump au pouvoir bouleverse l’équilibre des relations internationales, notamment les alliances transatlantiques qui lient l’Europe et les États-Unis. Durant sa présidence précédente, Trump avait remis en cause l’OTAN, reprochant aux États européens de ne pas contribuer suffisamment aux dépenses de défense. Il avait également manifesté peu d’intérêt pour les institutions multilatérales et avait privilégié une approche unilatérale.
En somme, la victoire de Trump en 2024 avec son slogan MAGA représente bien plus qu’un changement de direction pour les États-Unis : elle soulève des questions profondes sur la solidité et la viabilité du système occidental, basé sur l’intégration et la coopération. Face à cette dynamique, les élites européennes sont conscientes qu’un basculement vers une Europe des nations, défendant avant tout leurs intérêts propres, pourrait saper leur projet fédéraliste.
En France, ce triomphe électoral de Trump vient conforter les fondements de l’union nationale enclenchée pendant la campagne des Européennes, et concrétisée par l’alliance entre l’UDR d’Éric Ciotti et le RN au moment des législatives. Avec le slogan MAGA comme catalyseur de la fierté nationale, la réélection de Trump est une confirmation d’une politique revendiquant davantage de souveraineté et de protectionnisme économique, une ligne plus ferme sur les questions de sécurité, d’immigration et de contrôle des frontières.
L’union populaire autour de Marine Le Pen et Jordan Bardella a acté la redéfinition de l’opposition en France, plaçant les questions de souveraineté et de patriotisme au cœur du projet d’alternance au macronisme.
Et l’enseignement principal de la victoire de Trump est qu’en France comme aux États-Unis l’avenir politique est prometteur pour ceux qui aiment leur pays et qui croient en la puissance de la nation.
À lire aussi : Make America Healthy Again : Trump nomme Kennedy à la santé
Loading