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2024, l’année de l’Algérie et de la France réunies

Si la visite d’État du président Tebboune en France est perçue comme une lueur d’espoir pour beaucoup, pour l’écrivain algérien Boualem Sansal, reste à savoir en quoi cela pourrait changer quoi que ce soit.

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2024, l’année de l’Algérie et de la France réunies

L’horoscope l’avait annoncé par trois fois, mais personne n’y a prêté attention : 2024 fera date dans l’histoire de l’Algérie indépendante et des relations algéro-françaises. Pourquoi ? On ne sait trop, c’est une parole d’horoscope, moi je vois mal comment on peut faire date avec rien, du banal, du déjà-oublié, de l’insignifiant pour l’humanité qui a bien assez à faire avec la guerre en Ukraine et sa probable extension à l’Europe, et peut-être au monde si la Chine profite du désordre et envahit Taïwan ; avec le réchauffement climatique qui nous rapproche du point d’ébullition ; la submersion islamique planétaire qui inverse le sens de rotation de la terre ; les JO de Paris en état de siège ; la réélection de Biden ou le retour victorieux de Trump ; la reconduction triomphale de Poutine ; et le sacre de Xi Jinping en tant qu’Empereur de Chine et maître du monde, etc.

Parmi les petits événements algéro-algériens et algéro-français, l’horoscope annonçait qu’on verrait Tebboune obtenir de Monsieur Chengriha l’autorisation de briguer un deuxième mandat à la tête de la République algérienne démocratique et populaire et l’assurance d’être élu avec un score qui en imposerait à tous. L’astrologie est une science approximative et elle laisse planer un doute sur l’avenir de Tebboune. Monsieur Chengriha, que la rumeur dit très déçu par le bonhomme, pourrait à tout moment changer de cheval et faire élire un inconnu à la ramasse, comme lors de la présidentielle précédente en décembre 2019 qui a vu le favori du système, un inconnu qui fut ministre on ne sait de quoi, soudainement remplacé par le moins coté des postulants, le cacique sous quarantaine nommé Tebboune. Ainsi s’explique la générosité spontanée dont Tebboune fait montre ces derniers mois à l’égard des pauvres, qui ne sont rien et n’ont rien, en leur offrant de belles paroles et par-ci par-là quelques sous de plus sur la fiche de paie. L’ambitieux tenterait-il une OPA sur le peuple par-dessus la tête de Monsieur Chengriha ? Est-il devenu fou ?

Ramener le visa à la maison

La vérité est ailleurs. Dans l’Algérie combattante qui ne cesse de clamer son indépendance et de réclamer la reconnaissance de ses miracles, le peuple ne compte pas, seule vaut la voix de l’ex-puissance coloniale sans laquelle l’Algérie ne peut pas vivre, le visa tricolore est son oxygène, sa bénédiction d’Allah. Un président est fait pour ça, ramener de beaux visas au pays, le reste on le trouve sur-place à Paris. Tebboune l’a compris, d’où ses manœuvres de grand macho pour gagner le cœur de Macron : il a vite su l’enfermer dans le mémoriel pervers qui flatte sa fibre woke et lui offrir une belle occasion de se mettre en lumière, qui, croit-il, le mettrait à hauteur de de Gaulle.

Trop jeune, la tête farcie de belles idées proustiennes, Macron n’a jamais été confronté aux apparatchiks blanchis sous le harnais du vice et de la soumission, il a cru à la mission messianique que Tebboune lui a vendue : réussir ce qu’aucun président français n’a pu faire, libérer la mémoire française de ses méchants conatus, sceller une paix éternelle avec l’Algérie et rétablir pour elle la libre circulation prévue dans les accords d’Évian par de Gaulle en personne.

Pas de visite à La Courneuve

Deux autres petits évènements sont annoncés : la visite d’État de Tebboune à Paris à l’invitation insistante de son ami Macron. Ensemble, trois jours durant, ils feront du mémoriel et du symbolique à en oublier la sainte réalité. Tebboune cessera d’insulter et de menacer la France, et Macron de se moquer des généraux algériens, promis juré. On dit qu’ils visiteront ensemble, la main dans la main, le château d’Amboise où l’illustre Grand ami de la France, l’Émir Abdelkader, a séjourné de 1848 à 1852. L’idée serait venue de Kamel Daoud. Moi, j’aurais ajouté une virée dans le 9-3, côté Courneuve. L’Émir avait perdu l’Algérie après dix années d’un combat épique contre la France coloniale, ses descendants ont occupé la France en moins de temps, clandestinement, sans bruit ni fureur et avec l’argent et la bénédiction des Français. L’histoire, c’est un début et une fin. Il faut voir les deux. On est plus sage quand on sait.

Le lecteur innocent demandera : mais qui est donc ce Monsieur Chengriha qui empêche tout ? Chut ! C’est le chef de l’Armée et des Services secrets algériens.

PS : La présidentielle algérienne, prévue en décembre 2024, vient subitement d’être avancée de deux mois. Quelqu’un s’est impatienté. Qui ?

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