Société
Nouvelle-Calédonie : le CRSI publie un nouveau rapport
Alors que depuis quelques jours la Nouvelle-Calédonie est le théâtre d’importantes violences urbaines déclenchées par les mouvements indépendantistes, le CRSI publie un rapport sur la situation sur place.
La flambée de violences en Nouvelle-Calédonie intervient alors qu’un projet de loi constitutionnelle visant à modifier le corps électoral est en discussion. Retour sur les événements récents, le contexte historique et les implications politiques de cette crise.
Un projet de loi sous haute tension
Le Centre de Recherche en Sécurité Intérieure (CRSI) est une institution spécialisée dans l’analyse des menaces et des dynamiques de sécurité nationale. Il se consacre à fournir des analyses approfondies et des recommandations stratégiques pour améliorer la résilience des institutions face aux risques et aux crises. Ses travaux incluent des études sur les phénomènes de violence urbaine, les mouvements séparatistes et les politiques publiques de sécurité.
Depuis plusieurs semaines, la Nouvelle-Calédonie est en ébullition suite à la proposition de loi visant à ouvrir le corps électoral pour les élections provinciales à tous les natifs de l’île et aux personnes résidant sur le territoire depuis plus de dix ans. Ce projet, qui a été mis à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, a provoqué une forte mobilisation des mouvements indépendantistes, exacerbant les tensions sur l’archipel.
Le 13 mai, ces tensions se sont transformées en violences. Des affrontements ont éclaté entre les forces de l’ordre et les manifestants. Le CRSI dresse un bilan lourd : 54 policiers et gendarmes blessés, des tirs tendus avec des armes de gros calibre, 82 interpellations, près de 1500 appels aux sapeurs-pompiers, des centaines de véhicules brûlés et de nombreux commerces incendiés. Les violences ont atteint un point critique avec l’évacuation de force du père de Sonia Backès, présidente de la province Sud, de sa maison en flammes.
Le contexte historique et la spécificité de la Nouvelle-Calédonie
D’une part, la situation actuelle en Nouvelle-Calédonie s’inscrit dans un contexte historique marqué par des tensions entre indépendantistes et loyalistes. Dans les années 1980, ces divisions ont conduit à des affrontements violents, culminant avec la prise d’otages d’Ouvéa en 1988, qui a fait 19 morts. Cette crise a mené à la signature des accords de Matignon-Oudinot en 1988, mettant fin au conflit et prévoyant un référendum d’autodétermination.
En 1998, l’accord de Nouméa a renforcé l’autonomie de la Nouvelle-Calédonie et instauré un processus progressif de transfert de compétences de l’État français au territoire calédonien. Trois référendums d’autodétermination ont eu lieu entre 2018 et 2021, tous remportés par les anti-indépendantistes, malgré un boycott massif des indépendantistes lors du dernier scrutin.
Enfin, la Nouvelle-Calédonie bénéficie d’un statut particulier au sein de la République française, défini par le titre XIII de la Constitution et la loi organique de 1999. Cette collectivité sui generis possède une autonomie partielle, avec des compétences partagées entre l’État et les institutions locales. Elle se compose de trois provinces et de 33 communes, avec des institutions propres comme un congrès, un gouvernement et un Sénat coutumier.
Cependant, le coût de la vie y est élevé, et une partie significative de la population vit sous le seuil de pauvreté. Ces défis économiques et sociaux ajoutent une dimension supplémentaire aux tensions politiques actuelles, rendant la situation encore plus complexe.
Les enjeux du projet de loi actuel
Ainsi, le projet de loi actuellement en discussion vise à élargir le corps électoral pour les élections provinciales, une mesure vue par les indépendantistes comme une menace à leur influence politique. Actuellement, le statut d’électeur pour ces élections est limité aux personnes inscrites sur les listes électorales spéciales de 1998 ou à leurs descendants, un dispositif prévu par l’accord de Nouméa pour assurer une représentation significative des Kanaks.
Le gouvernement justifie cette réforme par des raisons démocratiques, souhaitant inclure tous les natifs de l’île et les résidents de longue date dans le processus électoral. Cette proposition a cependant ravivé les craintes des indépendantistes de devenir minoritaires sur leur propre territoire, exacerbant les tensions politiques et sociales.
⚫️ Communiqué de presse | Point de situation sur les graves troubles à l’ordre public en Nouvelle-Calédonie. pic.twitter.com/0nyX95yylQ
— Haut-commissariat en Nouvelle-Calédonie 🇫🇷 (@HC98800) May 18, 2024
La réponse des autorités en Nouvelle-Calédonie
En conséquence, face à l’escalade de violences, le ministère de l’Intérieur a dépêché des renforts en provenance de métropole, incluant des éléments du GIGN et du RAID, ainsi que des escadrons de gendarmes mobiles et des sections spécialisées dans la lutte contre les violences urbaines. Un couvre-feu a été instauré, et des fermetures d’établissements scolaires et de l’aéroport international ont été ordonnées.
Le haut-commissaire de la République a fermement condamné les violences, appelant à la défense des causes politiques par des moyens pacifiques. Les destructions de commerces, pharmacies et domiciles dans les quartiers nord de Nouméa ont été particulièrement soulignées, montrant l’ampleur de la crise.
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