Rachida Dati : Cruella d’Enfer à la Culture

«Rachida Dati c’est Cruella, drôle et déflitrée » estimait Franz-Olivier Giesbert au micro d’Europe 1 ce matin. Une référence au personnage de Disney, décomplexé et exubérant… peut-être un peu grotesque aussi. Pour le journaliste, « elle aime la France » : un point positif selon lui « face à la montée du séparatisme », ne tarissant pas d’éloges pour l’ancienne ministre de Sarkozy qui « sait parler aux gens ». Sa verve, c’est notamment ce qui lui a permis de conserver une petite place dans le cœur des Français, notamment celui des Parisiens, et même au musée Grévin. Garde-fou de la bancale Anne Hidalgo, la conseillère municipale de Paris ne manque jamais une occasion de tacler sa rivale. Une chose qu’Hidalgo lui rend bien, souhaitant, suite à sa nomination, « bon courage aux acteurs du monde de la culture, compte tenu des épreuves qu’ils vont traverser ». 

Rachida Dati ministre, un coup politique

Au-delà de sa querelle avec la maire de Paris digne d’une cour de récréation, Rachida Dati, ainsi que Catherine Vautrin représentent la marque d’un virage à droite du gouvernement d’Emmanuel Macron. Son investiture ne semble cependant pas mue par une conviction (rappelons qu’en 2021, elle qualifiait En Marche de « parti de traîtres de gauche et de traîtres de droite »), mais par un intérêt politique personnel.

L’ancienne garde des Sceaux, aurait accepté ce poste sous réserve de n’avoir aucun candidat Renaissance face à elle lors des élections municipales de Paris en 2026. Un coup politique intéressant pour le Président qui bénéficie de son aura médiatique. Il l’aurait d’ailleurs décidé seul, sans consulter son Premier ministre, qui aurait appris cette nomination tard dans la soirée. Cette prise de guerre politique, les LR ne l’ont évidemment pas appréciée : le président du parti, Éric Ciotti, l’en a exclue. Lui laisser sa carte LR aurait en effet pu mettre en danger la crédibilité du parti en tant que groupe à part entière, alors qu’il subit déjà depuis 2022 l’accusation de « béquille de la macronie ».

La toute petite casserole de R. Dati

Les mises en examen, les ministres d’Emmanuel Macron y sont habitués. Cela pourrait justifier le fait que le président de la République ne se soit pas attardé sur celle qui vise sa nouvelle ministre de la Culture. En effet, Rachida Dati est mise en examen depuis 2021 pour « corruption » et « trafic d’influence » dans l’enquête sur ses prestations de conseil auprès de l’ex-PDG de l’alliance Renault-Nissan Carlos Ghosn. L’affaire concerne 900 000 euros qu’elle aurait touchés entre 2009 et 2019 en tant que députée européenne.

« Une mise en examen, ce n’est pas une condamnation », la défend Gabriel Attal lorsque le sujet est abordé au 20 heures de TF1. Un avis que ses opposants ne partagent pas : « Avant, un ministre mis en examen, devait démissionner. Maintenant, une mise en examen pour corruption peut être nommée ministre », déplore, dans le Monde, Emmanuel Grégoire, premier adjoint socialiste d’Anne Hidalgo. L’engagement avait d’ailleurs été pris par Emmanuel Macron en 2017, puis rapidement abandonné devant la montagne d’affaires juridiques pesant sur les membres de différents gouvernements.

 

À lire aussi : Remaniement : on prend (presque) les mêmes et on recommence