1709 : autopsie d’un hiver meurtrier

Pire que celui de 1607-1608, cet épisode de froid intense et inhumain qui s’abattit sur l’Europe pendant de longues semaines jeta l’émoi, la consternation, et la mort. Nous inclinons trop souvent à imaginer le règne de Louis XIV dans de fastueux palais, dans l’harmonie et où il suffisait de donner un ordre pour que ce dernier fût immédiatement obéi. Cette vision idyllique ne doit pas faire oublier les « forces contraires » – ces mots sont de Pierre Gaxotte – que le règne a dû affronter. D’un point de vue météorologique, la fin du règne de Louis XIV a connu des temps particulièrement troublés.

La nuit des Rois

Un malheur ne vient jamais seul. En France, face à une situation militaire compliquée (due à la Guerre de Succession d’Espagne), aux difficultés du Trésor et aux négociations engagées sous les pires auspices, c’est un terrible évènement qui consterne les contemporains, rappelant les hivers de 1693 et 1694 et éclipsant ceux de 1607-1608.

L’année 1708 avait été marquée de contrastes météorologiques. L’automne était passé d’un « froid excessif » à des températures plus douces laissant croire que l’hiver était enfin terminé. Pourtant, tout bascule dans la nuit des Rois du 5 au 6 janvier 1709. Un froid glacial s’installe en Europe et la France est la plus durement touchée. Les paysans du nord du royaume, «  couchés de bonne heure en ce mois de janvier, se réveillent le matin du 6 avec un pied de neige autour de leur maison ; pour eux, la surprise est totale » (Marcel Lachiver). Avocat à Soissons, Claude du Tour rapporte ce qui arriva à son grand-père résidant dans le quartier de la Grève à Paris : il « passa les ponts le 5 janvier dans la soirée pour aller tirer les Rois dans le faubourg Saint-Germain ; dans ce moment le temps était doux et il pleuvait très fort ; quand il repassa la Seine dans la nuit il gelait à pierre fendre. »

À la fin du mois, Paris enregistre des températures