Société
Prisons : Gérald Darmanin suspend les tablettes en détention

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé ce samedi 8 mars un moratoire immédiat sur le programme Numérique en détention, qui avait permis l’installation de tablettes numériques dans les prisons françaises.
Un programme à 125 millions d’euros remis en question
Ce projet, initié sous le précédent quinquennat pour un coût total de 125 millions d’euros, est désormais au cœur d’une polémique après les révélations sur son détournement par certains détenus.
L’objectif initial de ces équipements était de faciliter l’accès aux services administratifs et éducatifs sans intervention des surveillants. Cependant, plusieurs témoignages et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont révélé que des prisonniers parvenaient à contourner les restrictions pour naviguer sur Internet, regarder des films en haute définition et jouer en ligne.
Face à ces dérives, Gérald Darmanin a ordonné un audit dont les conclusions devront être rendues sous quinze jours. D’ici là, le financement du programme est suspendu. « Ce n’est pas de son fait, il hérite d’un système mis en place bien avant lui », souligne un proche du dossier, précisant que le ministre a découvert l’ampleur du problème en arrivant place Vendôme.
Des failles de sécurité dénoncées
Depuis sa généralisation en 2023, Numérique en détention a concerné 23 000 détenus, avec des tablettes installées dans environ 16 000 cellules. Pourtant, plusieurs témoignages dénoncent des failles de sécurité importantes. Un détenu, connu sous le pseudonyme rotation_59, a notamment publié une vidéo sur TikTok où il montre comment connecter une manette de jeu à sa tablette. Un autre propose même un tutoriel à 50 euros pour contourner les restrictions et accéder librement à Internet.
Ces détournements ont provoqué une levée de boucliers au sein des syndicats pénitentiaires, qui dénoncent une « gabegie » financière. « On apporte une solution à un problème qui n’existait pas, et on se retrouve avec de nouveaux soucis de sécurité », critique un cadre de l’administration sous couvert d’anonymat. Il rappelle que ces tablettes ne sont pas indispensables, puisque « les détenus pouvaient déjà gérer leurs cantines, parloirs et courriers sans elles ».
En parallèle, l’administration pénitentiaire tente de minimiser l’affaire en affirmant « ne pas avoir reçu de retours sur des détériorations ou des usages détournés ». Mais les images circulant sur les réseaux sociaux viennent discréditer cette défense.
Un revirement sécuritaire dans la gestion des prisons
La suspension des tablettes numériques s’inscrit dans un tournant plus large impulsé par Gérald Darmanin sur la politique carcérale. Vendredi 7 mars, il annonçait déjà un plan de « changement pénitentiaire radical », avec la création de prisons ultra-sécurisées pour les narcotrafiquants et terroristes islamistes. Ces établissements, inspirés du modèle italien, seront équipés de systèmes de surveillance renforcés, de caillebotis pour bloquer les communications avec l’extérieur et d’un dispositif anti-drone.
Le ministre a également insisté sur la nécessité de rendre certaines prisons « hermétiques », avec interdiction totale de sortie pour les détenus les plus dangereux, y compris pour leurs rendez-vous judiciaires. Les salles de visioconférence remplaceront les transferts, comme l’a expliqué Gérald Darmanin : « Les détenus ne pourront plus du tout sortir, même pour aller chez un juge d’instruction ».
Vers un abandon du programme numérique en prison ?
Avec ce gel des crédits, le programme Numérique en détention pourrait être entièrement remis en cause. L’audit lancé par le ministère devra répondre à plusieurs questions : faut-il abandonner ces équipements ? Est-il possible de sécuriser leur usage ? L’administration pénitentiaire pourra-t-elle regagner la confiance du gouvernement ?
En attendant, ce scandale met en lumière une opposition croissante entre modernisation et impératifs sécuritaires, dans un contexte où les syndicats de surveillants réclament plus de moyens face à la surpopulation carcérale et aux violences en détention.
Si l’objectif initial de ces tablettes était d’améliorer le quotidien des détenus et de soulager les surveillants, leur usage détourné pourrait bien sceller la fin de cette expérimentation coûteuse.

7 commentaires
Alandrel
Bon deja, qui a eu l’idée hein ? Ensuite cetait evident que ca allait etre detourné, on a 10 trains de retard en informatique, bien sur quon etait incapable de confiner les detenus a un usage ciblé sur ces tablettes… Enfin, Gerald agit piur les faire enlever. Ya que moi qui ait limpression detre dans un laboratoire de test dirigé par des demeurés ?
Signaler un abusPierreG
Toujours le meme probleme, ce n’est pas leur argent, ils font donc n’importe quoi avec. Et dire quil y a d’autres priorités n’est pas de trop
Signaler un abusMoun 28
C’est quand dingue il a fallut que des journalistes sortent l’affaire pour que ce guignol pour qu’il réagisse !!😡😡
Signaler un abusAlastor
Quand on connaît l’état de clochardisation des services judiciaires on ne peut qu’être consterné de cette decision de filer des tablettes à des detenus.
Signaler un abusvert10
Pognon balancé par la fenêtre pour la diversité. Alors qu'un point de deal rapporte 1000 euros par jour. Ils ont de quoi de se payer une tablette, de toute façon ils ont deja le dernier iphone a 1000 euros . Cela me rappelle la distribution d'ordinateurs portables pour les collégiens d'idf , ils ont fini dans un placard. La majorité des mômes ayant déjà un ordinateur a la maison.
Signaler un abusOxane
Les prisons ne sont pas des villages de vacances. Des millions investis dans des tablettes mais quel aberration alors que des gens crèvent de faim et de froid.
Signaler un abusSapereAude
Au fait, elle en est où la cagnote pour financer l’achat d’un appareil IRM… franchement quelle médiocrité… heureusement Trump remet l’église au milieu du village en affirmant que seule la méritocratie prévaud.
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