Politique
Gabriel Attal : une ambition sans Borne
Soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal se voit récompensé pour sa loyauté, ses efforts et devient Premier ministre. Retour sur ses faits d’arme.
Si la fête de ce 9 janvier 2024 a pour objet Matignon, le nouveau Premier ministre fêtera aussi cette année ses dix ans d’engagement politique d’un parcours sans faute propulsé par une ambition inarrêtable. On l’oublie souvent, mais Gabriel Attal fait son entrée en politique à Vanves dans les Hauts-de-Seine. Cela fait dix ans qu’il est conseiller municipal de l’opposition dans cette ville de 27 000 habitants.
En 2020, le jeune macroniste participe à la stratégie du parti consistant à glaner le maximum d’élus locaux. Il se présente face à Bernard Gauducheau (UDI-LR) et perd. « Lors des périodes électorales, nous avons eu des moments de tension », relate le maire de Vanves à Livre Noir. Pour autant, aujourd’hui, « c’est un garçon avec lequel je discute librement, de manière constructive ». Bien qu’il soit dans l’opposition, « il est favorable à la quasi-totalité des décisions prises au sein de la commune » commente le maire. Oserait-on dire, une facilité pour Gabriel Attal qui semble délaisser son mandat de conseiller municipal au fur et à mesure qu’il monte les échelons du gouvernement. De son côté, et ce, dès sa première prise de fonction au sein de l’exécutif, Bernard Gauducheau compte sur son conseiller municipal pour défendre les intérêts de Vanves aux plus hautes sphères de l’État. S’il lui a donné plusieurs dossiers à transmettre, Bernard Gauducheau n’en voit pas encore les fruits : « Je peux garantir qu’il prend en compte mes demandes et qu’il les relaie » souligne-t-il néanmoins.
Les réformes menées par Gabriel Attal, un bilan mitigé
Dès ses premiers pas aux côtés d’Emmanuel Macron en 2017, Gabriel Attal est jeté dans le grand bain. Fraîchement élu député des Hauts-de-Seine, il est rapporteur pour une réforme d’envergure : la Loi ORE, relative à l’orientation et à la réussite des étudiants. « Cette loi était indispensable après trente ans d’augmentation du nombre d’étudiants, sans transformation » déclare le député lors d’une réunion consacrée à la loi, que relate Ouest France. Il promet alors une « meilleure orientation » des étudiants ainsi qu’un « meilleur accompagnement ». Cinq ans plus tard, le bilan tombe.
La sénatrice Vanina Paoli-Gagin, rapporteure d’une mission de contrôle budgétaire sur cette loi, constate son échec partiel à atteindre son objectif. « Les moyens ont été très largement concentrés sur les créations de places de sorte que l’amélioration qualitative voulue par la loi ORE est restée pour l’essentiel secondaire par rapport à la vision quantitative » déclare-t-elle. Elle déplore aussi « l’absence de traçabilité des crédits au vu des montants en jeu et des enjeux pour la scolarisation de milliers d’étudiants. » En effet, 582 millions d’euros ont été accordés aux universités dans le cadre du plan Étudiants et pourtant, « l’opacité de l’utilisation des crédits rend impossible toute tentative de contrôle de la performance des financements publics ».
En 2018, le successeur d’Elisabeth Borne rejoint l’exécutif comme secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Il se charge dès sa prise de fonction du dossier Service national universel (SNU). Il le décrit alors au Parisien comme la « réforme de société la plus puissante depuis de nombreuses années ». Quatre ans plus tard, sa généralisation reste laborieuse et demande plus de moyens qu’il en existe actuellement. Si cette réforme parvenait à une généralisation, son coût s’élèverait à 2 milliards d’euros par an.
Fidèle au poste
Dès 2020, alors que le gouvernement se dégage petit à petit du branle-bas-de combat de la crise Covid, Gabriel Attal est nommé porte-parole du gouvernement, à la suite de Sibeth Ndiaye, dont on se souvient comme la figure des déboires politiques de l’exécutif. À sa nomination, Le Figaro le qualifie de « bon soldat » au service d’Emmanuel Macron. Le quotidien le dépeint comme un homme ambitieux qui n’hésite pas à prendre des risques. « Au soir de la déroute des élections municipales, Gabriel Attal était l’un des rares membres du gouvernement, avec Sibeth Ndiaye, à avoir accepté de commenter les résultats à la télévision » souligne le journal. Une référence aux 2,22% décrochés avec peine par LREM au premier tour des municipales.
Gabriel Attal, c’est une véritable tête pour assurer une mission complexe qui nécessite une connaissance très large et complète des dossiers en cours. Il assure sa place en restant dans le cadre, prodiguant une image lisse et impeccable au gouvernement. Il est récompensé par une promotion au ministère de l’Économie où il occupe le poste de ministre délégué au Budget. Il se lance alors en première ligne sur le budget 2023. Il manque cependant de temps pour défendre sa cause : quelques mois plus tard, il se voit propulsé au rang de ministre de l’Éducation nationale. Le 5 décembre 2023, Gabriel Attal annonce des mesures-choc visant à réformer l’Éducation nationale en profondeur. Il souhaite rendre leur pouvoir aux enseignants, notamment en leur donnant le dernier mot en matière de redoublement, rétablir les groupes de niveau au collège, instaurer un examen de maths en Première… Un projet ambitieux, et qui lui tient à cœur, comme il le rappelle dans son discours d’investiture : « Je veux emmener à Matignon la cause de l’école ».
Gabriel Attal, déjà remarqué pour son ambition sans bornes et son ascension rapide au sein du gouvernement, atteint désormais le plus haut niveau de l’exécutif. Si l’on en croit son ambition, il serait prêt à briguer la position suprême en 2027. Peut-être que Matignon sera enfin l’occasion pour lui de présenter un bilan complet : encore faudra-t-il qu’il soit bon.
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