Politique
Franck Allisio député RN « L’état d’urgence doit être déclaré à Marseille ! »
Franck Allisio a accordé un entretien à Frontières. Le député Rassemblement National des Bouches-du-Rhône s’est montré sans concession à l’égard du trafic de drogue qui gangrène Marseille. Pour lui, une solution s’impose : celle d’un état d’urgence.
Franck Allisio était l’invité de la matinale de Frontières du lundi 28 octobre.
Le trafic de drogue gangrène la ville de Marseille, les consommateurs ont-ils eux aussi une part de responsabilité ?
Pour lutter contre l’insécurité qui gangrène Marseille, il est essentiel de sanctionner non seulement les consommateurs et les vendeurs, mais également ceux qui orchestrent ces activités en haut de la chaîne. Il est surtout crucial de réinstaurer fermement le principe de la sanction et de réaffirmer la présence de l’État dans cette zone de non-droit devenue emblématique. En matière de trafic de drogue, de règlements de comptes et de criminalité en général, la situation est préoccupante.
Marseille est, en effet, non seulement au centre des règlements de comptes, mais aussi tristement célèbre pour ses records en matière d’insécurité, des cambriolages aux vols de voitures. Le retour de l’État, de l’autorité, et de l’ordre est donc indispensable, car rien n’a réellement évolué dans les rues de Marseille.
En 2023, la ville a atteint un record dramatique avec 49 morts liés aux règlements de comptes, dont de nombreuses victimes innocentes. On entend souvent dire que si les trafiquants s’entretuent, cela ne concerne pas directement les habitants. Pourtant, des vies innocentes en paient le prix : un retraité abattu par une balle perdue, une étudiante atteinte alors qu’elle révisait chez elle, et, tout récemment, un chauffeur de VTC abattu. Ces drames rappellent que nul n’est à l’abri des conséquences de cette violence.
Après les Jeux Olympiques, la situation est repartie comme avant, sans changement notable. Dernièrement, un rapport de la Cour des comptes a même révélé qu’il y a aujourd’hui moins de policiers nationaux à Marseille qu’au début du mandat de M. Macron, malgré les promesses répétées de faire de la sécurité à Marseille une priorité.
Depuis des années, le discours officiel ne semble pas refléter la réalité : le premier ministre Édouard Philippe, aujourd’hui candidat à la présidentielle, est celui qui a le plus réduit les effectifs policiers à Marseille, entre 2017 et 2020, sous la direction de Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur. Ce dernier occupe désormais un poste confortable au port autonome de Marseille, grâce à des nominations politiques. Les Marseillais se sentent trahis et font face à ce qu’ils considèrent comme une véritable défaillance des autorités, tant locales que nationales.
La situation est-elle de pire en pire à Marseille ? Ou bien la ville est-elle à l’image de la France ?
Il existe aujourd’hui des situations dramatiques dans tout le pays, et pas seulement à Marseille. Grenoble, par exemple, est souvent citée comme une ville confrontée à des problèmes similaires. Cependant, Marseille représente une sorte d’image de ce que pourrait devenir la France demain si rien n’est fait pour corriger la situation. Pourtant, cette ville pourrait être l’une des plus belles d’Europe. Malheureusement, elle subit un certain laisser-aller : elle est plus exposée à l’immigration, ce qui entraîne des défis accrus en termes de sécurité et de gestion.
Étant la deuxième ville de France, Marseille devrait recevoir des ressources et des mesures renforcées pour répondre à ses difficultés spécifiques. Plus de moyens sont nécessaires pour assurer la sécurité, tant sur le plan policier que judiciaire. Le droit français offre d’ailleurs un cadre pour ce genre de situation : l’état d’urgence. Il serait nécessaire de décréter l’état d’urgence dans les quartiers les plus sensibles, voire dans l’ensemble de Marseille, afin de donner des pouvoirs exceptionnels à la justice et à la police pour remédier aux problèmes de violence et de criminalité.
Avec ma collègue députée Gisèle Laloui, nous avons récemment proposé un plan d’action concret, intitulé Marseille en ordre. Ce plan est conçu comme une réponse directe aux défis de la ville, au-delà des simples promesses de communication. Inspiré de l’état d’urgence qui avait été mis en place en 2005 lors des émeutes urbaines, ce plan permettrait des interventions ciblées jusqu’à la résolution des problèmes de fond. Il repose sur des mesures nationales touchant plusieurs domaines essentiels : l’immigration, la justice et la sécurité, notamment la création d’un parquet anti-drogue, une demande de longue date des magistrats.
Enfin, il est également nécessaire de renforcer les mesures locales, car Marseille, malgré son exposition aux risques, ne dispose pas des effectifs de police municipale ou de systèmes de vidéosurveillance à la hauteur de ses besoins.
Vous êtes à la tête d’un mouvement qui s’appelle le RPR, vous prônez le rassemblement des droites, quels sont vos objectifs ?
Face à la situation alarmante de Marseille, il est impensable pour ses habitants de rester passifs et de voir leur ville sombrer. Lorsque Marseille est touchée, c’est tout le département qui en subit les conséquences, et plus largement, toute la Provence. La « marseillisation » gagne même des villes comme Nîmes, Avignon ou Nice, révélant une propagation inquiétante des problèmes d’insécurité. Il est donc essentiel d’agir pour stopper cette dégradation, notamment en rompant avec la gestion actuelle, qualifiée de « sociale-macroniste. »
Cette situation évoque pour moi une anecdote révélatrice : en tant que conseiller régional et leader de l’opposition au Conseil régional, je constate chaque jour la présence d’un point de deal sous les fenêtres du président macroniste du Conseil régional, Renaud Muselier. Ce point de trafic, en plein centre de Marseille, se trouve également à trois minutes à pied du bureau du maire socialiste de Marseille. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne semble prendre de mesures pour éradiquer ce fléau.
Si j’étais à leur place, que ce soit en tant que président du Conseil régional ou maire de Marseille, je me rendrais à Paris quotidiennement pour dénoncer cette situation, faisant tout mon possible pour obtenir des solutions, même si cela ne relève pas directement de mes compétences.
Ce point de deal, bien connu des habitants, est géré par des clandestins, souvent des prétendus mineurs, recrutés non loin de là, à la gare Saint-Charles. Cette réalité montre l’interconnexion entre insécurité, immigration et trafic de drogue, éléments que les autorités locales paraissent ignorer. Face à cette gestion inefficace, incarnée par des responsables locaux tantôt macronistes, tantôt socialistes, nous appelons à une véritable rupture.
Celle-ci passera par les élections municipales, et nous nous y préparons activement avec le soutien du Rassemblement National. C’est dans cette optique que nous avons refondé le Rassemblement pour la République (RPR) et créé le Rassemblement marseillais, pour offrir enfin une alternance politique à Marseille, tout en visant un redressement pour la France entière.
Quelle est la position du Rassemblement National sur la question du budget ?
Nous ne voterons pas ce budget en l’état, car les avancées que nous souhaitions obtenir sont restées très limitées. Ces demandes, rappelons-le, n’étaient pas pour nous, mais pour les Français. Nous voulions des économies substantielles sur le budget, car lorsque la France est en tête en Europe pour sa dette et son déficit, il devient impératif de réduire les dépenses.
Nous avons proposé plusieurs sources d’économies, dont certaines ont même été votées. Nous avons réussi à réduire le déficit de la contribution nette de la France à l’Union européenne. Aujourd’hui, ce déficit est de 10 milliards d’euros, mais nous avons suggéré qu’il soit réduit à cinq milliards. Cela a suscité une vive réaction du gouvernement, ce qui prouve son manque de volonté à chercher les économies là où elles sont nécessaires et là où l’argent est gaspillé.
Nous avons également identifié des économies possibles en matière d’immigration. Par exemple, nous avons proposé de supprimer l’Aide Médicale d’État (AME) pour ne conserver que l’aide d’urgence, afin de recentrer les aides sur les priorités. De plus, nous avons souhaité des garanties pour préserver le pouvoir d’achat des Français, notamment à travers une baisse de la TVA et une réduction des impôts de production pour les petites entreprises, mais nous n’avons reçu aucune réponse favorable sur ces points.
Nous arrivons donc à l’Assemblée avec un mandat clair de la part des Français. Si rien de ce qui leur tient à cœur n’est pris en compte, il est logique que nous votions contre ce budget. Bien que nous ayons tenté de laisser une chance au gouvernement, si celui-ci suit la même ligne que les précédents gouvernements macronistes, voire fait pire, nous ne pourrons soutenir ce budget.
Quoi qu’il en soit, voter en faveur du budget reviendrait à appartenir à la majorité, ce qui n’est pas notre position. Dès le départ, le débat portait sur le choix entre s’abstenir ou s’opposer. Dans l’état actuel du budget, l’opposition s’impose.
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