International
Les grands défis des JO 2024
Qualité de l’eau de la Seine, sécurité et transports en commun… retour sur les défis de taille pour l’accueil des JO de Paris en été 2024.
Le 26 juillet marquera l’ouverture des Jeux olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Depuis que la capitale a été choisie en 2017, les collectivités franciliennes et l’État se démènent pour rendre la ville accueillante et être à la hauteur de cet événement planétaire. Entre la qualité de l’eau de la Seine, des capacités de transport déjà bancales pour le quotidien des Parisiens et le besoin d’une sécurité augmentée, l’organisation des JO n’est pas une mince affaire pour nos élus.
Assainir la Seine
Avant même que Paris soit choisie pour accueillir les Jeux olympiques 2024, Anne Hidalgo annonçait en grande pompe que si la ville Lumière organisait l’événement planétaire le plus regardé, les épreuves de natation se dérouleraient dans la Seine. Problème, en raison de la qualité de l’eau, la baignade dans le fleuve est interdite depuis un arrêté préfectoral de 1923. Un projet très ambitieux pour la maire de Paris qui a depuis fait en sorte de déployer de nombreux dispositifs afin d’assainir l’eau et de contrôler sa qualité.
La piètre qualité de l’eau de la Seine est principalement due au rejet d’eaux usées par les bateaux et des habitations mal raccordées. Depuis 2016, l’État et les collectivités locales Franciliennes ont investi environ 1,4 milliard d’euros pour rendre baignables la Seine et la Marne, son principal affluent. Pour ce faire, celles-ci travaillent à résorber les 23 000 mauvais branchements d’habitations, développer l’assainissement des eaux usées par les stations d’épuration en périphérie de la capitale et équiper les ports en installations de raccordement pour les bateaux qui ont, depuis la loi olympique de 2018, interdiction de rejeter leurs eaux usées dans la Seine. La qualité de l’eau est contrôlée sur différents points de la Seine afin de vérifier la teneur en bactéries fécales. À partir de ce contrôle, la mairie de Paris déclare qu’à l’été 2023 « la baignade dans la Seine était possible en moyenne 7 jours sur 10 » en tenant compte du seuil de qualité requis par la directive européenne sur les eaux de baignade. La partie n’est pour le moment pas gagnée. Plusieurs épreuves-test ont dû être annulées cet été, faute de qualité de l’eau. Anne Hidalgo assure cependant que la Seine sera prête à accueillir les épreuves de natation et promet de se baigner elle-même dans la Seine juste avant le début des JO.
La sécurité pendant les Jeux olympiques
15 milliards d’euros sont consacrés à l’ensemble de la sécurité des Jeux. Deux points sont à retenir, les moyens humains et les moyens techniques. D’abord, Gérald Darmanin a annoncé la mobilisation de 30 000 policiers et gendarmes « sur un gros mois de Jeux olympiques ». Pour relever ce défi, le ministre de l’Intérieur travaille sur différentes mesures.
D’abord, il mettra fin temporairement à la distinction entre zone de police et zone de gendarmerie. Aussi, il va faire reporter les grands événements qui pourraient avoir lieu hors d’Île-de-France. Dernière mesure, mais pas des moindres, le ministre de l’Intérieur demande aux forces de l’ordre 100 % de présence pendant la période des Jeux. Une annonce qui ne plaît pas au corps de police. Le syndicat Unité SGP police a organisé le 10 janvier 2024 une manifestation réunissant 200 policiers afin de protester contre le manque d’anticipation de leur chef. « C’est un premier coup de semonce, déclare Jean-Christophe Couvy, secrétaire national d’Unité SGP au Parisien. À moins de 200 jours de la cérémonie d’ouverture, nous n’avons pas de réponses à nos questions. C’est le management du dernier moment. Nous avons besoin de nous projeter. Les collègues qui ont des enfants veulent savoir comment ils vont pouvoir s’organiser. »
Concernant les moyens techniques, Gérald Darmanin annonce l’installation de 400 caméras supplémentaires dans l’enceinte de Paris. S’il se dit contre la reconnaissance faciale, les caméras seront dotées d’une intelligence artificielle utilisable exceptionnellement jusqu’au 31 mars 2025. Celles-ci pourront détecter des actes prémédités comme la présence ou l’utilisation d’armes, ou encore les mouvements de foule. L’inquiétude de certains élus et associations est de voir ce système se pérenniser après la tenue des JO.
Objectif 100 % transports en commun
Au 8 octobre 2023, plus de 7 millions de billets pour les Jeux olympiques avaient été vendus. L’office du tourisme de Paris fait une estimation haute de 15,9 millions de visiteurs cumulés pendant la période. Pour éviter l’engorgement des transports, Clément Beaune invitait les Franciliens à « s’organiser autrement » pour se déplacer. Durant la période des JO, le ticket de métro passera à 4 euros, a annoncé par ailleurs la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse. La Cour des comptes alerte : les travaux de prolongement de la ligne E du RER et de la ligne 14 du métro parisien ainsi que le franchissement urbain Pleyel (plaine Saint-Denis) doivent impérativement être achevés dans les délais prévus. Leur importance est cruciale pour la réussite de la gestion des flux de spectateurs et d’usagers du quotidien. Pourtant, le ministre des Transports persiste : « 100 % des spectateurs sur 100 % des sites pourront se déplacer en transports publics ». Si le ministre reconnaît qu’il y a encore du boulot, il précise qu’il y aura « des offres spécifiques, des offres renforcées de transport pour desservir les sites aux heures de compétition ». Du côté de la mairie, la cloche sonne différemment, « on ne sera pas prêt », déclare Anne Hidalgo dans l’émission Quotidien. « On est quand même dans une difficulté, déjà, dans les transports du quotidien, et on n’arrive pas à rattraper le niveau […] de ponctualité, de confort pour les Parisiennes et les Parisiens », complète-t-elle.
Sur le sujet des transports, les organisateurs des JO ont décidé d’interdire la circulation sur la Seine du 17 au 27 juillet. Une problématique de taille pour le monde agricole qui voit 700 000 tonnes de céréales transiter sur cet axe jusqu’à Rouen. « Nous avons tenté pendant plusieurs mois d’en parler avec les organisateurs. Ils nous ont au départ indiqué que si l’été est chaud, les récoltes pourraient se faire plus tôt », se désole sur BFM Business Jean-François Lepy, secrétaire général d’Intercéréales et directeur général de Soufflet Négoce. La solution d’utiliser le train ou les camions a été étudiée, mais, selon Jean-François Lepy, il est impossible de modifier le mode de transport dans un délai si court.
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