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[BLOG FRT] Réponse à Laurent Alexandre
Si l’on en croit Laurent Alexandre, le patriote devrait se faire chantre du transhumanisme. L’argument est connu et n’a rien de nouveau dans un monde où tout ne doit plus être pensé qu’en termes d’économie : l’avance prise par d’autres pays exige que le retard soit sans délai comblé, aimer son pays devant entraîner l’adhésion […]
Si l’on en croit Laurent Alexandre, le patriote devrait se faire chantre du transhumanisme. L’argument est connu et n’a rien de nouveau dans un monde où tout ne doit plus être pensé qu’en termes d’économie : l’avance prise par d’autres pays exige que le retard soit sans délai comblé, aimer son pays devant entraîner l’adhésion inconditionnelle à ce beau projet.
Mais en l’espèce, le beau projet consiste, entre autres exemples de bonheur promis à l’« homo deus » par cette « folle accélération technologique », à cautionner l’ectogenèse, les bébés augmentés, les implants sous-cutanés et, mieux encore, cérébraux. Aussi, n’étant pas actionnaire chez Cellectis, qu’il me soit permis d’émettre l’opinion désintéressée, mais rétrograde j’en conviens, qu’être défenseur du transhumanisme oblige à faire fi de tout ce qu’est profondément un être humain, qui ne saurait se réduire à un homo economicus et encore moins à un homo technologicus.
À faire fi de ce qu’est une civilisation dont André Malraux nous rappela qu’elle est « tout ce qui s’agrège autour d’une religion », car le transhumanisme ne peut progresser qu’au prix de la négation de toute Transcendance, de tout Sacré qu’il faut nécessairement éradiquer de chacun de nous après qu’Il le fut de la société et de la famille.
À faire fi par conséquent de toute Morale supérieure collective afin que ne subsistassent que des morales inférieures individualistes, des exigences d’ego estimant que tout leur est dû et que la bonne fée technologie se hâtera d’exaucer.
À faire fi des acquis de la biologie et donc à travers eux des lois de la Nature qu’il conviendrait donc de nier.
À faire fi de notre peau, cette frontière immunologique qui sépare notre soi de ce qui ne l’est pas, et dont le franchissement programmé par des implants est donc plus que symbolique, eux qui chasseront toute intimité, tout jardin secret de nos âmes par le Big Brother devenu intérieur.
À faire fi d’une réification en marche de l’Homme le ramenant au stade d’esclave, puisque si l’affranchissement le fait passer du statut d’objet à celui d’homme libre, le processus inverse ne pourra que le renvoyer à la condition d’asservi. À faire fi du fait que devenir « homo deus » auquel seront offertes « la mort de la mort » et les capacités augmentées sera le privilège des élites qui siégeront en démiurges au sommet de l’Olympe, pour lesquels il faudra qu’existât nécessairement une masse d’hommes diminués auxquels seront réservés les implants de la servilité et dont la vie de la naissance à la mort sera sous le contrôle exclusif des laboratoires.
À faire fi de cette évidence que c’est la mort qui rend l’existence Sacrée.
Oh bien sûr on nous dira « Voyez, les aveugles voient et les paralytiques marchent » et l’on accusera les réfractaires d’inhumanité et d’insensibilité. Mais quand les âmes sensibles se réveilleront, si elles se réveillent, ce sera pour amèrement constater que quelques implants docilement acceptés, au moins au début, leur auront ôté leur dernier espace de liberté : celui de la vie intérieure. Je n’ai d’ailleurs pas entendu dire, alors même que Neuralink a reçu l’autorisation d’essais sur l’humain, que les grands prêtres du transhumanisme se soient précipités pour être volontaires et nous manifester ainsi toute la profondeur de leurs convictions.
Nous pouvons donc douter que le patriote ou l’amoureux de la France, peu importe l’appellation, disons nauséabond pour faire court et être compris même en macronie, donc loin de la France, par essence attaché à sa Civilisation, à son Histoire, à ses Traditions, à son Identité, à ses Racines, puisse appeler de ses vœux un tel avenir déshumanisé. Sans doute même, certes résultat d’une réflexion que l’utilisation des seuls neurones rendra nécessairement limitée chez ce futur sous-homme, choisira-t-il, plutôt que d’être personnage d’Orwell ou d’Huxley, d’être une légende façon Matheson, préférant mourir en être humain que survivre en monstruosité.
Marc L.