Société
Ingérence étrangère : Rachid M’Barki admet sa corruption
Le présentateur du Journal de la nuit du BFMTV a admis sa corruption passive dans le cadre d’une enquête d’ingérence étrangère visant des sujets au service des intérêts du Maroc et du Qatar.
Rachid M’Barki, ex-présentateur du Journal de la nuit de BFMTV, a été suspendu par la chaîne en janvier 2023 dans le cadre d’une enquête interne pour ingérence étrangère. Selon une source interne à la chaîne qui se serait confiée à Ouest France, l’enquête aurait visé des « infos diffusées dans ce journal de la nuit entre minuit et 4 h 30 du matin, qui seraient passées à l’antenne sans être validées par la chaîne habituelle, c’est-à-dire le rédacteur en chef ». Des affirmations contredites par le journaliste, près d’un an plus tard, lorsqu’il est mis en examen. « Je n’étais pas en infraction avec un quelconque process de validation, puisqu’il n’en existait pas, et je n’étais pas non plus en infraction avec la ligne éditoriale, puisqu’elle n’avait jamais été explicitée », aurait-il assuré.
Au centre de l’enquête interne, figurait le sujet d’un forum économique entre le Maroc et l’Espagne organisé en juin 2023. Rachid M’Barki indiquait lors de l’émission que ce forum a été « rendu possible par le réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays depuis la reconnaissance par l’Espagne du Sahara marocain ». La région est contrôlée en majeure partie par le Maroc, mais revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Cette question est source de tensions entre Rabat et Alger. Les informations « étaient toutes réelles et vérifiées […] Je n’écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas, ou que je participais à une opération de je-ne-sais-quoi, sinon je ne l’aurais pas fait », confiait le journaliste à Politico.
Rachid M’Barki a reconnu des faits de « corruption passive »
Le journaliste de BFMTV a été mis en examen le 8 décembre 2023 pour « corruption passive » et « abus de confiance ». Selon Le Parisien, Rachid M’Barki a partiellement reconnu les faits. « Il m’est arrivé de recevoir des sommes d’argent […] Oui, je reconnais les faits de corruption passive », aurait-il déclaré en garde à vue à la brigade de répression de la délinquance économique. L’enquête interne de BFMTV aurait permis de révéler plusieurs sujets problématiques diffusés lors de l’émission, selon Ouest France, notamment des sujets orientés pour servir les intérêts de pays comme le Qatar ou le Maroc, mais aussi certains intérêts privés, comme ceux d’oligarques russes.
Rachid M’Barki aurait reconnu que ces informations provenaient d’un lobbyiste et se serait dit « complètement manipulé ». Des échanges confidentiels entre les deux hommes montreraient, au contraire, que le lobbyiste fournissait des sujets clés en main pour le présentateur, relisait ses scripts, et aurait été à l’origine de modifications sur ces derniers. Une influence dont s’est défendu le présentateur, avant d’admettre, en sixième audition, avoir bien reçu entre 6 000 et 8 000 € du lobbyiste en remerciement.
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