Société
Thibault de Montbrial : « Le risque terroriste est monté de plusieurs crans avec l’appel du Hamas »
Ce vendredi 13 octobre, un terroriste d’origine tchétchène est entré dans un lycée public d’Arras et a tué un enseignant. Thibault de Montbrial, avocat, président du CRSI et membre du comité stratégique de Livre Noir nous livre son analyse.
Aujourd’hui, en ce vendredi 13 octobre, une journée mondiale du djihad avait été décrétée par le chef du Hamas. Selon vous, est-ce que cette attaque à Arras peut avoir un lien avec cet appel international ?
L’appel du Hamas au djihad mondial à très clairement fait franchir plusieurs crans à la menace terroriste islamiste en France, qui elle-même était déjà remontée significativement depuis quelques mois, avec le retour d’un risque d’attentats dits complexes, notamment avec des équipes projetées depuis l’extérieur du territoire. C’était un risque qui avait fortement diminué depuis 2017.
Quant au lien, l’enquête établira si c’est le cas. Néanmoins, ce qui est certain, c’est qu’un appel comme celui du chef du Hamas, a précisément pour vocation à déclencher le passage à l’acte d’islamistes qui détestent notre pays, qui y vivent et qui souhaitaient déjà faire un coup d’éclat. Ça a beaucoup plus de sens de répondre à l’appel au djihad du chef du Hamas, que de se lever un matin et de faire ce geste sans qu’il ne s’inscrive dans une ambition plus large. C’est exactement ce qu’a voulu faire le patron du Hamas avec cet appel.
“Nous avons sur notre territoire une fraction importante des musulmans, en particulier chez les jeunes, qui adhèrent aux thèses islamistes.”
Réaction de @MontbrialAvocat au micro de Livre Noir suite aux attentats islamistes #Arras.
✍️ Interview : https://t.co/7v3EqWJQA2 pic.twitter.com/1e5EFSO1nA
— Livre Noir (@Livrenoirmedia) October 13, 2023
L’un des débats à venir est celui de l’expulsion des fichés S, alors que le terroriste d’Arras l’était. Est-ce une bonne solution selon vous ?
Je pense que la lutte contre l’islamisme doit absolument passer sur le plan politique à la vitesse supérieure. Ce que l’on sait, c’est que nous avons sur notre territoire, une fraction importante des musulmans, en particulier chez les jeunes, qui adhèrent aux thèses islamistes. Tous les sondages d’opinion sur la question le prouvent. Nous avons même des sondages qui indiquent que jusqu’à 60% des lycéens musulmans, font prévaloir la charia sur les lois de la République. Au sein de ces sous-ensembles, le nombre de jeunes capables de violences est forcément important.
« L’accès à la nationalité française doit être profondément durcie »
La difficulté avec les fichés S, c’est qu’il faut évidemment distinguer ceux qui ont la nationalité française et ceux qui ne l’ont pas. Pour ceux qui l’ont, cela renvoie à la question plus profonde de l’accès à la nationalité française qui, selon moi, doit être profondément durcie, comme l’ont fait le Danemark ou l’Allemagne. Quant à ceux qui ne l’ont pas, les pays d’origine doivent accepter les gens que l’on souhaite expulser, ce qui pose des problèmes diplomatiques qui ne sont pas résolus.
Néanmoins, ce qui me parait absolument incontournable, c’est qu’il faut — avec volontarisme et avec une fermeté sans faille, aller dissoudre et traduire en justice tous les dirigeants des associations culturelles et cultuelles qui sont sur des lignes inadmissibles au regard des lois de la République. Malheureusement, nous avons l’impression qu’il y a une fébrilité de nos gouvernants qui hésitent entre la fermeté affichée et le risque de mécontenter une fraction de la population en se livrant à de telles opérations. Hélas, plus on attend, plus la situation sera compliquée à gérer.
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