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Procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne : sept personnes accusées de complicité

Le procès de sept personnes accusées de complicité pour les attentats de Carcassonne et de Trèbes s’ouvre ce lundi 22 janvier au Palais de Justice de Paris. Retour sur le drame qui a secoué la France et révélé un héros.

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Procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne : sept personnes accusées de complicité

Le matin du vendredi 23 mars 2018, Radouane Lakdim, 26 ans, français naturalisé en 2004, originaire du Maroc et fiché « S » en 2014, vole une voiture à Carcassonne. Il blesse grièvement le conducteur et tue le passager. Il se rend ensuite à proximité d’une caserne, croise un groupe de CRS, tire six fois et blesse grièvement l’un d’entre eux. Huit kilomètres plus loin, le terroriste s’arrête dans un supermarché à Trèbes. Il entre, tue un employé du magasin et un client. Beaucoup s’enfuient, sauf une caissière, cachée dans la salle des coffres, que Radouane Lakdim retiendra en otage. Celle-ci appelle le commissariat, le terroriste se dit membre de l’État islamique et exige la libération de Salah Abdeslam, dernier survivant du commando des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Le GIGN est prévenu et une unité de gendarmerie se présente sur place en fin de matinée du vendredi 23 mars 2018. Parmi eux, le colonel Arnaud Beltrame.

La mort héroïque d’Arnaud Beltrame

Julie, alors caissière employée au supermarché et otage de Radouane Lakdim, est revenue sur les événements pour France Info. Arnaud Beltrame a d’abord engagé le dialogue avec le terroriste. « La petite dame, elle n’y est pour rien, laisse-la repartir. Moi, je suis gendarme, je représente l’État, prends-moi à sa place », aurait dit le colonel. Ainsi, Arnaud Beltrame est retenu en otage et Julie, libre de s’enfuir. 

« J’apprends que le colonel Beltrame vient de se substituer au dernier otage, et là, c’est comme si vous preniez un uppercut au foie, raconte à France Info le colonel Sébastien Gay, ancien commandant du groupement de gendarmerie de l’Aude. J’ai un moment d’arrêt, c’est très particulier. C’est un collègue, un ami, quelqu’un qu’on connaît. Il n’a demandé à personne avant d’y aller, mais il l’a fait, car il pensait pouvoir influer positivement sur la crise. Et aussi parce que c’était intolérable pour lui qu’il puisse y avoir une victime supplémentaire. Une victime civile. Pour lui, cela mettait un terme à la crise. Après, c’était une affaire entre terroriste et gendarmes, entre soldats. » 

Trois heures passent avant que l’assaut ne soit donné par le GIGN. Des échanges par téléphone, entre le négociateur du GIGN, le colonel et le terroriste, ont lieu entre-temps. Quelques minutes avant l’assaut, Arnaud Beltrame est égorgé et blessé par balle. Il décède le lendemain. Radouane Lakdim est quant à lui abattu. Ses derniers mots : « Allah Akbar ».

Aujourd’hui, s’ouvre le procès de sept personnes soupçonnées de complicité au Palais de Justice de Paris. « Le Colonel Beltrame ne s’est pas sacrifié, il a pris la place d’une otage, car il pensait qu’il pouvait maîtriser le terroriste islamiste. Il est allé au combat : c’est un officier de gendarmerie mort au combat, mort pour la France » déclare ce matin, Maître Thibaut de Montbrial, l’avocat de la famille Beltrame, présente au procès. Ces mots vont dans le sens de ceux de Nicolle Beltrame, la mère de colonel, qui a toujours refusé de considérer son fils comme une « victime ».

Que reproche-t-on aux sept personnes accusées d’être complices des attentats ?

Parmi les sept accusés, le meilleur ami de Radouane Lakdim, Samir Manaa. S’il n’y a pas d’éléments pour supposer d’une radicalisation de M. Manaa, le Parquet national antiterroriste ne croit pas à son ignorance de la radicalisation de son ami. Il l’aurait par ailleurs accompagné dans une armurerie afin de se procurer le couteau qui tranchera la gorge d’Arnaud Beltrame. 

Ensuite, vient la petite amie du terroriste, Marine Pequignot, placée sous contrôle judiciaire après deux ans d’incarcération. Convertie à l’islam, elle aurait partagé la même vision radicale que son compagnon. Elle envisageait de se rendre en Syrie, rapporte France Info.

Ahmed Arfaoui, 28 ans, comparaît pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Beau-frère de Radouane Lakdim, il est accusé de s’être « abstenu de [le] dénoncer aux autorités judiciaires », alors qu’il avait « parfaitement connaissance » de son « projet criminel ». Après les attentats, sa photo de profil WhatsApp représente une image de Radouane Lakdim, avec la mention « Dieu le garde ». Il est aussi accusé d’avoir nettoyé le domicile des Lakdim le jour de l’attentat, emportant un sac volumineux avec lui avant une perquisition des policiers.

Le quatrième accusé est également renvoyé pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Sofian Boudebbouza, 25 ans, a déjà été condamné quand il était mineur pour avoir projeté de se rendre en zone irako-syrienne en 2017. Il est accusé d’avoir encouragé Radouane Lakdim dans son passage à l’acte, échangeant avec lui via des forums. Selon le Parquet national antiterroriste, le jeune homme « a œuvré au projet mortifère de l’assaillant » et lui a fourni « des arguments religieux justifiant un passage à l’acte meurtrier ».

Le cinquième accusé renvoyé pour association de malfaiteurs terroriste criminelle est Reda El Yaakoubi, chef du trafic de drogue dans le quartier de Radouane Lakdim. Celui-ci lui aurait « donné accès à des moyens financiers et à des armes permettant la préparation et la réalisation de son projet d’attentat ».

Enfin, deux connaissances de Radouane Lakdim, Sofiane Manaa, le frère de Samir Manaa, comparaîtra pour détention d’armes, et Baghdad Haddaoui, renvoyé pour non-dénonciation de crime à caractère terroriste. 

 

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