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Élections allemandes 2025 : la CDU triomphe, l’AfD s’impose, le SPD recule
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Les élections fédérales anticipées du 23 février 2025 ont redessiné le paysage politique allemand. Selon les premières estimations publiées à 18h par ARD et ZDF, la CDU/CSU remporte 28,5 à 29 % des voix, devançant l’AfD qui réalise un score historique à 19,5-20 %, tandis que le SPD d’Olaf Scholz s’effondre à 16 %. Dans un contexte de crise économique et de préoccupations sécuritaires, ce scrutin marque la fin de la coalition « feu tricolore » et ouvre une période d’incertitude pour la formation du prochain gouvernement.
Un scrutin anticipé : une campagne sous tension
Les élections du 23 février 2025, initialement prévues pour septembre, ont été précipitées par la chute de la coalition tripartite (SPD, Verts, FDP) en novembre 2024. Après des mois de désaccords budgétaires, le limogeage du ministre des Finances Christian Lindner par Olaf Scholz a scellé la fin de cette alliance fragile, appelée « feu tricolore ». Perdant un vote de confiance le 16 décembre (394 contre, 207 pour), Scholz a vu le Bundestag dissous par le président Frank-Walter Steinmeier le 27 décembre, fixant ce scrutin anticipé à 60 jours plus tard.
La campagne a été dominée par une série d’attentats plaçant l’immigration et la sécurité au cœur des débats. L’économie, en récession pour la deuxième année (-0,2 % en 2024), avec des suppressions massives d’emplois chez Volkswagen (35 000 postes), a également pesé lourd dans la société allemande. À 18h, heure de fermeture des bureaux de vote, le taux de participation atteignait 76,8 % selon Der Spiegel, un chiffre légèrement supérieur à 2021 (76,4 %), témoignant d’une mobilisation forte.
La CDU/CSU : une victoire attendue (28,5-29 %)
La CDU/CSU, dirigée par Friedrich Merz, remporte une victoire nette avec 28,5 à 29 % des voix, soit un gain de 4 à 5 points par rapport à 2021 (24,1 %), mais en dessous des 30-33 % espérés dans les derniers sondages Forsa. Cette performance consacre le retour des conservateurs au sommet après quatre ans dans l’opposition, portés par une campagne axée sur la relance économique et une politique migratoire stricte. Merz, qui vise la chancellerie, a capitalisé sur les attentats de Magdebourg et Munich en promettant des contrôles frontaliers renforcés.
À 18h10, depuis le siège de la CDU à Berlin, Merz a salué un « mandat clair pour résoudre les deux grands problèmes du pays : l'immigration et l’économie »). Il a toutefois reconnu les enjeux difficiles à venir : « Nous ne pouvons pas gouverner seuls. Les discussions commenceront dès demain ». Cette prudence reflète une réalité arithmétique : avec environ 190-200 sièges sur 630, la CDU/CSU doit trouver un ou deux partenaires. Markus Söder, leader de la CSU, a insisté « Pas question de travailler avec les Verts ou l’AfD. Le SPD reste une option, même si ce n’est pas idéal ».
L’AfD : une percée historique qui secoue l’Allemagne (19,5-20 %)
L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), sous la houlette d’Alice Weidel, réalise un score historique de 19,5 à 20 %, doublant son résultat de 2021 (10,3 %) et devenant la deuxième force politique du pays. Ce bond, confirmé par les projections régionales (32 % en Thuringe), consacre l’AfD comme un acteur incontournable, notamment dans l’ex-RDA. La campagne, axée sur une « remigration » des étrangers et un rejet de l’UE, a prospéré sur fond d’attentats récents et de mécontentement économique. À Berlin, Weidel a salué les résultats : « Nous n’avons jamais été aussi forts au niveau national. C’est un résultat historique qui montre que les Allemands veulent un changement radical »
Ce succès, bien qu’attendu après des sondages à 20-22 %, suscite des réactions mitigées. En effet, le « cordon sanitaire » reste intact : Merz, Scholz et Habeck ont réaffirmé leur refus de toute coalition avec l’AfD. De ce fait, il est fort probable que l'AFD ne participe pas à la formation du futur gouvernement.
Le SPD : une chute brutale et un avenir incertain (16 %)
Le Parti social-démocrate (SPD) d’Olaf Scholz s’effondre à 16 %, perdant près de 10 points par rapport à 2021 (25,7 %), son pire résultat depuis 1949 selon Tagesschau. Cette débâcle sanctionne trois ans de coalition impopulaire, marqués par une récession (-0,2 % en 2024) et une gestion critiquée des crises migratoires et énergétiques. Scholz, qui plaidait pour un « fonds allemand » de 100 milliards d’euros et une hausse du salaire minimum à 15 euros, n’a pas convaincu. À 18h20, depuis le siège du SPD, il a concédé : « C’est une soirée difficile. Nous avons sous-estimé la colère des électeurs. Mais nous resterons une force constructive ».
Ce plongeon fragilise Scholz au sein de son parti. Des voix internes, relayées par Die Zeit, appellent déjà à un renouvellement du leadership. Avec environ 100-110 sièges, le SPD pourrait se rabattre sur une coalition avec la CDU, une « grande coalition » que Scholz a qualifiée de « possible, mais pas idéale ».
Vers un gouvernement incertain
Ces résultats dessinent un Bundestag fragmenté. Une coalition « noire-rouge » avec le SPD (44,5-45 %) est l’option la plus probable, malgré des tensions historiques. Merz a évoqué « des discussions difficiles mais nécessaires ». Une alliance « noire-verte » (41,5-42,5 %) reste possible mais incertaine.
L’AfD, avec 19,5-20 %, devient une opposition puissante sans accès au pouvoir dans la logique du cordon sanitaire. Les négociations, débutant dès le 24 février, devront répondre à des enjeux multiples dans une Allemagne divisée politiquement.
3 commentaires
Vinib72
Dommage avec leurs cordon sanitaire ils vont nous la faire RN et pas de changement pour l'avenir...
Signaler un abusIrrefragable
Les allemands sont d'aussi bons moutons/castors que les français. C'est fascinant de voter aussi mal dans de telles circonstances. En quelque sorte la population est complice de l'immigration de masse,car ses choix électoraux favorisent toujours élections après élections, le processus de grand remplacement.
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