Antisémitisme, misogynie, hijab et frérisme : enquête sur les Imams d’internet

« Si vous lisez le Coran, vous n’allez pas y comprendre grand-chose, et ce que vous en comprendrez ne vous dira rien de ce qu’est l’Islam. Ce qu’est l’Islam, c’est la manière dont les musulmans lisent leurs sources, et non pas comment vous, journalistes français, les lisez ». En écoutant Adrien Candiard, frère dominicain islamologue au Caire interviewé par Mediapart, on comprend tout de suite que si l’on veut comprendre quelque chose à l’Islam tel qu’il est pratiqué en France, il faut d’abord savoir ce qu’en disent les concernés. Et parmi eux, les maîtres à penser qu’ils entendent chaque vendredi, ou chaque jour entre deux tutos cuisine sur YouTube.

Les chaînes de transmission du savoir sont cruciales en Islam, et de l’imam dépend en très grande partie la croyance. Certains suivent l’une des quatre grandes écoles juridiques de l’Islam sunnite, en désaccord cordial sur des points secondaires mais dont le consensus fait force de loi irréfutable ; certains au contraire veulent s’en écarter, progressistes ou salafistes entre autres. Beaucoup se font rappeler à l’ordre, mais les plus libéraux sont souvent confondus avec des prophètes porteurs d’espoir par nos médias bercés de mélodies voltairiennes, persuadés de la marche de l’histoire en leur faveur. Il s’agit donc d’aller chercher où on peut les trouver les imams les plus entendus en France, et puisque nous sommes au XXIe siècle, tous ne sont pas cantonnés à leur mosquée de quartier ; certains sont sur internet, et leur influence est absolument majeure.

YouTube semble être en quelque sorte la mère des batailles. C’est là que les imams y ont le plus d’abonnés, et postent leurs prêches complets. Le contenu de TikTok ou Instagram en est bien souvent tiré. Il existe cependant de très nombreux comptes de « rappel » (de bien pratiquer), dont certains on