La France Insoumise : le parti de l'étranger dans l'hémicycle

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Prenons d’abord les Questions au Gouvernement, un moment clé de la vie parlementaire qui a lieu chaque mardi et mercredi. Pen- dant une heure, sous l’œil des caméras, les députés de la nation interpellent les ministres sur les sujets qu’ils jugent prioritaires. L’exercice est à la fois stratégique et politique, puisqu’il met en avant les priorités du parti tout en obligeant le gouvernement à prendre position. Entre octobre 2023 et juin 2024, le conflit au Proche- Orient a largement animé les Questions au Gouverne- ment du côté de la NUPES. Pas moins de 41 interpella- tions ont fusé en direction de l’exécutif depuis les rangs de la gauche. La France insoumise en tête de cortège, avec 23 questions, soit plus de la moitié des interventions. Loin derrière, les écologistes et les communistes n’en ont posé que six chacun, suivis par la Gauche Démocrate et Républicaine avec trois prises de parole, puis les socialistes, avec seulement deux interventions. À raison de 1 à 2 questions par semaine en moyenne – soit près de près de 5 par mois - difficile de ne pas y voir un véritable pilonnage, donnant parfois l’impres- sion que l’Assemblée nationale a fait ses cartons pour les poser à Gaza.

Pas une semaine ne se passe sans que l’hémicycle ne s’embrase sur le conflit israélo-palestinien. Le 5 juin 2024, depuis les bancs des Insoumis, Aymeric Caron s’emporte : « Gaza est un ghetto où l’armée israélienne extermine un peuple que la France a ­ abandonné ! ». Quelques jours plus tôt, le 29 mai, Alma Dufour s’in- digne : « J’ai mal à la France des Lumières, qui permet qu’on transforme des gens en torches humaines au nom de la lutte contre l’obscurantisme ». Loin de faire avancer une solution diplomatique, la surenchère verbale contribue surtout à radicaliser les positions et à s’agiter devant les caméras.