Société
Tempête autour de la revue La Furia : associations et élus de gauche appellent à sa censure

La revue La Furia fait à nouveau l’objet d’un feu nourri de critiques et de pressions venues d’associations militantes et de responsables politiques d’extrême-gauche.
Le 16 avril, SOS Racisme annonçait avoir porté plainte contre la publication, dénonçant ce qu’elle appelle « un véritable déversoir de propos racistes, haineux, sexistes et homophobes ». Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, l’association affirme que La Furia constitue « un danger » pour la société, et se réjouit d’avoir réussi, avec le soutien de SOS Homophobie, à convaincre plusieurs distributeurs de retirer la revue de leurs rayons.
Une tribune pour les voix interdites
Ce procès politique et médiatique n’est pas une première. La Furia dérange parce qu’elle ouvre ses colonnes à des auteurs libres, inclassables, souvent étiquetés “polémiques” par confort idéologique. Parmi eux, on retrouve Papacito, plume au vitriol, adepte d’un humour noir assumé, qui interroge la virilité, la décadence et le confort moderne à travers un style direct et satirique. Marsault, dessinateur au trait aussi incisif que ses propos, propose des visuels bruts, volontairement provocateurs, dans la droite lignée d’une tradition graphique contestataire. Quant à Laurent Obertone, il est l’un des essayistes les plus discutés de ces dernières années : ses livres, comme La France Orange Mécanique ou Guérilla, s’appuient sur une analyse documentée des violences sociales et urbaines que beaucoup préfèrent ignorer.
Un titre qui dérange
La dernière Une de La Furia, titrée « Justice, c’était mieux avant », a mis le feu aux poudres. En évoquant la peine de mort, la revue soulève un débat aussi ancien que brûlant, dont les élites refusent d’admettre l’existence. L’image, dérangeante, ne fait pourtant qu’exprimer une colère sourde dans une société marquée par l’impunité et le sentiment d’abandon. Le député LFI Thomas Portes s’est empressé de dénoncer cette Une dans un tweet véhément, accusant La Furia d’être « l’ennemie de la République » et fustigeant le silence des médias et responsables politiques. Mais cette indignation trahit surtout une intolérance croissante à la contradiction : le simple fait d’oser évoquer un sujet impopulaire à gauche devient immédiatement suspect, voire passible de censure.
Une liberté d’expression à deux vitesses ?
Cette tentative de faire taire La Furia n’est pas sans rappeler une tendance inquiétante : celle d’un deux poids deux mesures assumé dans la gestion de la liberté d’expression. L'auteure de Transmania Marguerite Stern l’a souligné avec justesse en interpellant Thomas Portes : « Charlie Hebdo a le droit de faire des caricatures mais pas La Furia ? » L’ironie n’échappe à personne : lorsqu’une satire va dans le “bon sens”, elle est glorifiée au nom du droit au blasphème et à la provocation ; mais si elle s’attaque aux nouveaux dogmes, elle est immédiatement qualifiée de “haineuse” et bannie. Ce double standard menace directement le socle même de la démocratie : le pluralisme d’opinion.
Une revue nécessaire dans un paysage aseptisé
Au-delà du choc des Unes, La Furia remplit une fonction salutaire dans un paysage médiatique largement conformiste. Elle dérange car elle refuse de s’aligner. Elle ne se contente pas de conforter le lecteur, elle le provoque, l’interpelle, le confronte. Dans une époque marquée par la peur du conflit et la judiciarisation de la parole, cette revue est un rappel essentiel : la démocratie ne se résume pas à la répétition des opinions admises. Elle vit du désaccord, de la confrontation, du débat. Interdire La Furia, c’est refuser ce débat. C’est choisir le confort de la pensée unique au détriment de la liberté. Et c’est justement pour cela qu’il faut la défendre.
Comme ils se sont attaqués à Frontières, ils s'attaquent maintenant à La Furia.

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