🇺🇸 Élections américaines
Trump vs Harris : le faux débat sur l’avortement
Le débat sur le droit à l’avortement revient sur le devant de la scène aux États-Unis à l’approche des élections de 2024. Lors d’un meeting à Atlanta le 26 octobre, JD Vance, colistier de Donald Trump, a clarifié la position du camp républicain : une ligne conservatrice et « pro-vie » assumée, tout en prônant le principe de « laisser le choix aux électeurs » dans chaque État, conformément à la décision de la Cour suprême de juin 2022.
Devant une foule de partisans, Vance a réitéré les priorités du camp conservateur sur le droit à l’avortement. « Ce sur quoi sa présidence va se concentrer, c’est réduire le coût du logement, le coût des courses, sécuriser la frontière sud, et surtout, promouvoir une culture de la vie dans ce pays. » Pour lui, l’accent doit être mis sur les alternatives possibles à l’avortement. « Nous avons beaucoup trop de femmes qui, lorsqu’elles ont une grossesse inattendue, pensent que leur seule option est d’y mettre fin. Nous voulons offrir des options, nous voulons faciliter le choix de la vie parce que nous pensons que c’est important. »
Mais JD Vance est également conscient des divergences au sein de la société américaine, qui se retrouvent entre partisans du droit à l’avortement et militants pro-vie. « Je reconnais qu’il y a des gens qui sont pour le droit de choisir, d’autres qui sont pour la vie », a-t-il affirmé, avant de souligner la vision républicaine d’un pouvoir décisionnel dévolu aux électeurs : « La meilleure façon pour nous d’avoir une vraie conversation en tant que nation est de laisser les électeurs prendre ces décisions ». Cette position confirme en fait la jurisprudence récente de la Cour suprême, dominée par des juges conservateurs.
Roe v. Wade infirmé par la Cour suprême
Le 24 juin 2022, la Cour suprême des États-Unis a bouleversé l’ordre juridique établi depuis près de 50 ans en revenant sur l’arrêt Roe v. Wade de 1973, qui garantissait le droit constitutionnel à l’avortement. En effet, la Cour a jugé que l’avortement ne relevait plus d’un droit fédéral, mais d’une question à trancher par chaque État. Ainsi, la haute juridiction laisse désormais à chaque État des États-Unis la liberté d’interdire, de restreindre ou de garantir ce droit, ancrant cette décision au cœur des débats et des élections locales. C’est exactement pour cette raison que le sujet de l’avortement s’est invité pendant cette élection.
En Arizona, les électeurs ne devront pas uniquement voter pour un nouveau président ce 5 novembre. Ils devront aussi se prononcer sur un amendement visant à protéger ce droit, ou non. Car en avril, la Cour suprême de l’Arizona avait réaffirmé une loi interdisant presque tous les avortements, sauf ceux pratiqués pour sauver la vie de la mère. Par conséquent, les citoyens de l’État devront se prononcer sur un amendement qui permettrait d’inclure, ou non, une protection explicite du droit à l’avortement dans la Constitution de l’Arizona.
Trump et l’avortement : une ligne conservatrice, mais flexible
Kamala Harris, ardente défenseure du droit à l’avortement, a saisi l’occasion pour multiplier les prises de parole sur le sujet. La candidate démocrate a averti : « Si Donald Trump est réélu, je suis certaine qu’il signerait une interdiction nationale de l’avortement, qui le rendrait illégal dans tous les États. »
Donald Trump’s abortion bans have created a health care crisis.
I trust women to make decisions about their own bodies.
— Kamala Harris (@KamalaHarris) September 24, 2024
Pourtant, bien qu’il vante régulièrement son rôle dans l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade, Donald Trump se défend de tout projet visant à restreindre davantage les droits reproductifs dans le pays. Lors des primaires républicaines au début de l’année 2024, il s’est déclaré favorable à l’autorisation de l’avortement jusqu’à 15 ou 16 semaines, tout en insistant une nouvelle fois sur l’importance de laisser cette décision aux États.
Le 19 août, dans une interview sur CBS, il s’est engagé à s’opposer à toute interdiction fédérale de l’avortement. Par ailleurs, Trump a promis qu’en cas de victoire, il n’imposerait aucune restriction à la vente de pilules abortives, un moyen essentiel et anonyme pour les femmes vivant dans des États où l’accès à l’IVG est limité ou interdit.
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