Société
Affaire Philippine : la poignante lettre de la première victime de Taha O.
Dans une touchante lettre, une ancienne victime de Taha O, principal suspect dans le meurtre de Philippine, a exprimé sa colère face à la récidive de l’agresseur, libéré quelques mois avant le drame. Elle y dénonce notamment les défaillances du système pénitentiaire.
Ce dimanche 29 septembre 2024, une lettre bouleversante écrite par une ancienne victime de Taha O., principal suspect dans le meurtre de Philippine, 19 ans, a été transmise à l’Agence France-Presse (AFP). Cette femme, elle aussi victime de ce marocain sous OQTF, y dénonce le manque de moyens et appelle à prévenir « la récidive des crimes sexistes et sexuels ».
Philippine : martyre d’un multirécidiviste
« J’ai tout fait pour que ce qui m’est arrivé ne se répète pas. » La jeune femme a exprimé sa colère dans cette lettre, expliquant « avoir porté plainte et suivi avec détermination les deux années d’enquête, d’instruction et de procès, dans l’espoir de protéger d’autres femmes ». Cependant, elle déplore que ces efforts n’aient pas suffi à empêcher un nouveau drame.
« Pourquoi le système pénitentiaire a-t-il failli à prévenir cette récidive ? Pourquoi n’a-t-on pas su arrêter cette escalade de la violence jusqu’au meurtre d’une jeune femme ? », questionne la victime, appelant à la création d’une « commission d’enquête » pour étudier les failles du système et les prévenir.
Le drame de la récidive
Condamné en 2021 pour viol sur cette femme, Taha O. a été libéré en juin 2024, « en fin de peine » selon le parquet de Paris. Quelques mois après sa libération, Philippine a été tuée. La première victime de Taha O. exprime dans cette lettre son immense tristesse face à cette tragédie : « Je pense à Philippine et à sa famille, et je suis immensément triste. J’aimerais les réconforter, la réconforter, mais je ne fais face qu’au vide insupportable laissé par sa mort ».
Philippine, une étudiante de 19 ans à l’université Paris-Dauphine, a été retrouvée enterrée dans le bois de Boulogne le 21 septembre 2024. Une enquête a été ouverte pour viol et homicide. Taha O., un Marocain de 22 ans, sous OQTF, déjà condamné pour viol, est le principal suspect. Il a été arrêté en Suisse, et les autorités françaises ont annoncé leur intention de demander rapidement son extradition. Il est pour l’heure, toujours en Suisse.
Un drame qui aurait pu être évité
Le fait que Taha O. était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) au moment des faits a provoqué une vive réaction, notamment à droite. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a réclamé un renforcement des outils juridiques pour protéger les citoyens français. Toutefois, la première victime insiste sur l’importance de traiter la question de la récidive, au-delà du débat sur l’OQTF. « Le dysfonctionnement » de cette mesure « ne doit pas oblitérer la question primordiale de la récidive », précise-t-elle ainsi.
Elle appelle à une réflexion plus large sur les dispositifs de prévention dans les centres de détention, ainsi que sur les programmes de réinsertion des criminels. Elle interroge aussi sur les coopérations internationales nécessaires pour éviter que des criminels expulsés ne récidivent dans d’autres pays. Pour elle, « notre fraternité, notre humanisme, ne peut pas s’arrêter aux portes de nos frontières ».
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