Société
Kamel Daoud : le sacre du Goncourt 2024 pour une plume disruptive
Les jurés ont officiellement révélé le nom de Kamel Daoud comme lauréat du prix Goncourt 2024, confirmant ainsi les pronostics en sa faveur. Son dernier roman, Houris, offre une analyse subtile des non-dits entourant la tragique « décennie noire », méandres d’un passé algérien marqué par des violences inouïes.
C’est au sein du prestigieux restaurant Drouant que les jurés ont dévoilé le nom du lauréat, confirmant les pronostics en faveur de Kamel Daoud. Son œuvre, Houris, propose une exploration nuancée des non-dits de la « décennie noire » — décennie funeste de 1992 à 2002, marquée par les violences inouïes qui déchirèrent l’Algérie. À travers ce roman, l’auteur prête sa voix aux âmes silencieuses, réduites au mutisme par une censure officielle, empêchant toute évocation de ce traumatisme collectif. En écho à cette tension, le récent refus de l’Algérie d’accueillir Gallimard au Salon du livre d’Alger a ravivé les débats.
L’écrivain, une clameur dans l’ombre
Né le 17 juin 1970 dans la petite ville de Mesra, en Algérie, Kamel Daoud est issu d’une famille modeste, marquée par la figure paternelle d’un gendarme et une mère issue de la bourgeoisie terrienne de la région. Seul de sa fratrie de six enfants à avoir suivi des études supérieures, Daoud, aîné, a rapidement fait preuve d’une soif intellectuelle insatiable. Après un baccalauréat scientifique, il choisit de se tourner vers les lettres françaises, bien que sa langue natale, l’arabe, demeure pour lui un espace saturé de connotations religieuses et idéologiques. « La langue arabe est piégée par le sacré, politisée à l’excès », confie-t-il, expliquant ainsi son choix pour le français.
Islamiste fervent durant son adolescence, le jeune algérien s’écarte de cette radicalité à l’âge de 18 ans. Il participe alors aux manifestations antigouvernementales d’octobre 1988 à Mostaganem, un moment de bascule dans sa perception politique et religieuse. Il se détourne également de la foi musulmane, considérant désormais la spiritualité comme une quête intérieure, indicible, où « la rencontre avec Dieu relève
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