Politique
[Édito] Mais que fait Stéphane Séjourné au Quai d’Orsay ?
N’ayant a priori aucune compétence en politique internationale, dyslexique remarqué pour ses fautes de français, ne parlant pas l’anglais, le nouveau ministre des Affaires Étrangères est loin d’inspirer la confiance.
La larme à l’œil, il retrace les âpres difficultés causées par son infirmité, les moqueries et autres quolibets « traumatiques » : « Très jeune, j’ai été diagnostiqué avec une très forte dyslexie » a raconté Stéphane Séjourné au Parisien. Une belle histoire, celle d’une quiche en français devenue sous-chef de la diplomatie française, on a envie d’y croire. Pourtant, le personnage est plus spécialiste de la diplomatie de couloir que de celle des palais présidentiels.
Étranger aux Affaires
Étonnant, tout de même : jamais avant sa nomination au Quai d’Orsay Stéphane Séjourné n’avait montré la moindre appétence (ni compétence) pour les Affaires Étrangères. L’on répondra que jusqu’à son arrivée à Bercy, Bruno Le Maire ne connaissait pas la superficie d’un hectare, soit. Mais tout de même, la nomination d’une personne apparemment étrangère à toute notion complexe de géopolitique est une perspective plus qu’inquiétante dans le contexte actuel.
La question de la compétence se pose pour le jeune politicien (il a 38 ans) : son premier entretien, accordé au Parisien, n’augure rien de bon. Les réponses sont courtes, sans fond, ne laissent déceler aucune connaissance particulière du moindre sujet, à part peut-être l’Europe. Seul cap auquel le Président de la République s’est tenu, l’UE fut le premier « crash-test » du nouveau ministre. Pressenti pour être tête de liste en 2024, l’ancien chef du groupe Renew Europe avait plutôt bien réussi sa mission en agrandissant le groupe et en l’unissant. Tout sauf un mince exploit quand on sait qu’il y a autant de libéralisme que de libéraux.
Pourtant, au-delà de la prudence – bienvenue quand on n’y connaît rien en géopolitique, il y a la naïveté : à plusieurs reprises à Bruxelles, le manque d’audace de Séjourné a été remarqué, manquant plusieurs importantes occasions de fragiliser le parti qui domine largement l’UE. Discret, mal à l’aise en public, le très-feutré ministre cumule les inaptitudes à la diplomatie. Il faut croire que la profonde vacuité intellectuelle qui l’habite – lorsqu’on l’entend, on l’imagine mal capable de la moindre idée originale – sera compensée par une reprise en main régalienne des Affaires par Emmanuel Macron.
Dernier défaut, et pas des moindres : sa dyslexie. S’il a expliqué à nos confrères que : « Ce handicap n’a pas d’implications », on se réserve le droit d’en douter. De fait, la pauvreté de son langage, son absence de maîtrise de sa propre langue, déjà remarqués, pourraient bien avoir comme premier effet de ridiculiser la France à l’étranger. Pourtant, il y a pire : alors que le conflit israélo-palestinien fait rage, que la guerre russo-ukrainienne semble bien partie pour durer, que la France a été expulsée de la moitié de l’Afrique et que les Américains pourraient élire Donald Trump une nouvelle fois, la situation semble pour le moins explosive. Un lapsus, un mot mal maîtrisé peuvent aujourd’hui mener à l’escalade.
Séjourné : intrigant de premier plan
L’une des grandes forces de Stéphane Séjourné réside à n’en pas douter dans son entregent, dans sa capacité à nouer des relations et à les utiliser pour grimper. Cet ami de Sacha Houlié et d’Aurélien Taché, ancien soutien de Dominique Strauss-Khan, est parvenu à grimper les échelons un à un, surtout dans la macronie en compagnie de son « ex », Gabriel Attal.
À deux, ils vont gravir les marches quatre à quatre : conseiller ministériel chargé des relations avec les élus d’Emmanuel Macron sous Hollande, conseiller politique à la présidence de la République à partir de 2017, il fait alors partie du cercle très rapproché du Président, et en profitera pour lui présenter le jeune Gabriel Attal.
Il passe ensuite à Bruxelles, sans s’éloigner pour autant d’Emmanuel Macron : il grimpe, grimpe, rompt son PACS avec le futur Premier ministre en 2022, mais ne cesse pour autant de grimper. Pressenti comme nouvelle tête de liste aux européennes après l’échec de Nathalie Loiseau, il est finalement « recasé » au Quai d’Orsay : jolie reconversion.
A la tête d’un ministère régalien, l’intrigant pourrait bien en fait être dans une planque. De fait, depuis 2022, on n’avait que très peu entendu Catherine Colonna, inconnue du grand public, et pour cause, Emmanuel Macron, renouant avec le « jupitérisme » originel, semble bien décidé à accaparer la fonction, peut-être au fond une heureuse nouvelle pour éviter les bourdes linguistiques.
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1 commentaire
Martin Rose
Il faut arrêter de se cacher derrière un prétendu handicap et de se réfugier sous le parapluie bien commode des injustes discriminations. Eh oui, si tant est que cet individu soit vraiment dyslexique, il s’agit là sans aucun doute d’un handicap qui aurait dû le disqualifier purement et simplement. Comprendrait-on qu’un unijambiste se dise discriminé car ne pouvant pas exercer la profession de déménageur, ou de footballeur professionnel pour ne citer que quelques exemples ? Il s’agit de bon sens. Par ailleurs, la dyslexie ne consiste pas à faire des fautes de français. Il s’agit là plutôt des symptômes du “mal-comprenant” de base, pour rester poli et politiquement correct.
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