Équateur : un pays en insurrection rongé par les narcotrafiquants

La vidéo a fait le tour du monde sur les réseaux sociaux. Des hommes lourdement armés sur un plateau de télévision pointant leur arme sur le journaliste et demandant à prendre la parole. Une scène qui depuis trois jours est presque devenue banale en Équateur, un pays d’Amérique du Sud, plongé dans un « conflit armé interne » d’après les mots de son président. Évasions de prisons, règlements de compte entre gangs, conflits armés de narcotrafiquants avec la police, pillages. La crise sécuritaire a déjà coûté la vie à dix personnes, selon un premier bilan officiel.

Sur place, la violence est difficile à mesurer tant les récits paraissent fous. Mais les images parlent d’elles-mêmes. Attaques de policiers à l’arme lourde, cocktail Molotov sur des commissariats, voitures incendiées, scènes de panique et de pilages, les vidéos se multiplient dans tout le pays. Les établissements scolaires ont tous été provisoirement fermés à la demande du ministère de l’Éducation. Comment l’Équateur, un pays longtemps connu pour être un havre de paix, a pu tomber si vite dans l’horreur ?

Les gangs à l’origine de la situation insurrectionnelle en Équateur

L’Équateur, devenu principal point d’exportation de la cocaïne produite au Pérou et en Colombie, est depuis trois jours le théâtre de scènes ultra-violentes. L’élément déclencheur de cette instruction a été l’évasion de leur prison des deux chefs des deux principaux groupes de narcos trafiquants du pays. Dimanche dernier, Adolfo Macias, alias « Fito », le chef du gang des Choneros et ennemi public numéro un, s’est échappé de la prison de Guayaquil, située à l’ouest du pays. Deux jours plus tard, c’est au tour de l’un des chefs de Los Lobos, un autre gang, de s’évader de la même prison. Mis en confiance par ces évasions, de nombreux prisonniers se sont également révoltés dans différentes prisons du pays, prenant parfois en otage des salariés pénitenciers. D’après l’administration pénitentiaire, il y aurait encore actuellement 139 membres du personnel retenus en otage dans cinq prisons différentes.

La prison de Guayaquil, située sur la côte ouest du pays, a une capacité d’accueil de plus de 10 000 détenus. Comme beaucoup de prisons en Amérique du Sud, l’administration y est totalement corrompue. Les chefs de gangs et criminelles incarcérés gèrent très tranquillement à distance leurs trafics. Guayaquil est d’ailleurs devenu un véritable marché. Tout s’y vend : alcool, armes, munitions et drogue.

Ce mardi, le président de l’Équateur Daniel Noboa a déclaré le pays en état de «conflit armé interne», après que des hommes armés ont fait irruption sur le plateau d’une télévision publique à Guayaquil, prenant brièvement en otage des journalistes et employés de la chaîne. pic.twitter.com/8r792icewP

— Le Figaro (@Le_Figaro) January 10, 2024

Le nouveau président déterminé à mettre fins aux narcotrafics

Daniel Noboa, le nouveau président fraichement élu, avait, lors de sa campagne présidentielle, indiqué qu’il mettrait fin au chaos qui règne dans son pays. Inspiré du président salvadorien Nayib Bukele, qui assume une politique forte ne respectant parfois pas les droits de l’homme — politique qui porte ses fruits, Daniel Noboa souhaite construire de nouvelles prisons de hautes sécurités.

« Nous finalisons les conventions avec les groupes internationaux qui ont construit les prisons du Salvador, a déclaré le nouveau président équatorien. Ces constructions commenceront en janvier ». Daniel Noboa avait également prévu dans son programme électoral la mise en place d’un système naval qu’il positionnera au large des côtes pacifiques dans le but d’empêcher tout contact avec la terre.

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