Politique
6 mois avec sursis requis contre le député LFI de Marseille, Sébastien Delogu
Accusé de violences aggravées sur le proviseur adjoint et la CPE du lycée Saint-Exupéry à Marseille, Sébastien Delogu, député LFI des quartiers nord de Marseille, risque six mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende selon les réquisitions du procureur.
Le 10 mars 2023, en plein mouvement contre la réforme des retraites, le lycée Saint-Exupéry, situé dans les quartiers nord de Marseille, devient le théâtre de vives tensions. Des élèves tentent de bloquer l’établissement, et les responsables du lycée, dont le proviseur adjoint et la CPE, interviennent pour maintenir l’accès libre. Sébastien Delogu, député LFI, se trouve à proximité pour soutenir le mouvement de grève, arborant son écharpe tricolore, et décide de se mêler à la pugilat.
Les images de vidéosurveillance, bien que floues, montrent des coups de pied portés aux chevilles des deux responsables. Ces derniers désignent sans hésitation le député LFI comme l’auteur de ces gestes. Néanmoins, aucune image claire ni témoignage indépendant ne viennent étayer leurs accusations de manière définitive.
Sébastien Delogu reconnait avoir « haussé le ton »
Face à ces accusations, Delogu clame son innocence et dénonce un acharnement politique. En arrivant devant le lycée, entouré d’une vingtaine de salariés et de professeurs, il reconnaît avoir « haussé le ton » mais affirme que c’était uniquement après « avoir constaté qu’un enfant a été ceinturé et jeté au sol ». Dans une autre vidéo, on l’entend s’emporter, excédé : « J’ai l’écharpe ! C’est moi qui fais les lois ! », hurle-t-il.
« Je suis ici parce que je suis un représentant politique », insiste-t-il. Il ajoute : « Je n’ai frappé personne. Tout cela est une construction visant à m’abattre politiquement. » En effet, l’audience survient alors que Delogu affiche clairement ses ambitions pour les municipales de Marseille en 2026, ce qui, selon lui, ferait de lui une cible pour ses adversaires.
Agressés par un élu de la République
Pour autant, les deux responsables du lycée ont chacun bénéficié d’une journée d’interruption temporaire de travail (ITT). « En 20 ans, je n’avais jamais été agressé. J’ai donc été stupéfait d’être frappé, pour la première fois, par un élu de la République avec une écharpe bleu blanc rouge », a déclaré, outré, le proviseur adjoint. La CPE, également visée, a exprimé un profond sentiment de trahison : « Tous les jours je me bats pour l’égalité des chances, pour ces élèves, et je reçois un coup de la part d’un élu de la République qui me représente, puisqu’en plus j’habite le 15e et c’est pour ça que j’ai porté plainte », a-t-elle expliqué, ajoutant qu’elle se sentait « très choquée ».
Le tribunal rendra son jugement contre Sébastien Delogu le 14 février prochain
Le tribunal rendra son jugement le 14 février prochain, au terme d’une affaire où tout repose sur un duel de parole contre parole. Pour l’instant, dans son réquisitoire, le procureur a exprimé son regret face au silence du prévenu, qui n’a pas reconnu « les trois petits coups de pied administrés discrètement ». Il a rappelé avec gravité que le prévenu, en sa qualité de personne investie d’une mission de service public, se devait de « faire preuve d’exemplarité », une exigence que la loi érige en circonstance aggravante.
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