Épidémie de grippe : 87 hôpitaux ont déclenché le plan blanc, l’épidémie est jugée « sévère et précoce »

L’hiver 2025 débute sous un ciel lourd, marqué par une épidémie de grippe particulièrement sévère. Dès novembre 2024, le virus a frappé avec une brutalité inattendue, et l’afflux de malades dans les hôpitaux a largement dépassé les prévisions estimées. En ce début de janvier, 87 établissements hospitaliers français, ont dû déclencher leur plan blanc, une mesure d’urgence pour répondre à la saturation des services. Ce plan permet la réorganisation rapide des soins, en déprogrammant certaines interventions non urgentes et en réaffectant du personnel médical, y compris ceux en congé.

Le problème est exacerbé par la circulation simultanée de plusieurs souches grippales. La grippe de type A (H1N1) prédomine, mais les types A (H3N2) et B-Victoria ne sont pas en reste. Ce cocktail viral a frappé particulièrement fort, déstabilisant les hôpitaux et surchargé les urgences. Selon les derniers bulletins de Santé publique France, cette situation est « exceptionnellement élevée » dans toutes les classes d’âge, un fait préoccupant pour un système hospitalier déjà sous pression.

Grippe : des formes graves et une surmortalité inquiétante

Les témoignages de médecins du terrain dépeignent une réalité frappante : il y a des formes de grippe graves, même chez des patients jeunes et vaccinés. Emmanuel Maupu, médecin généraliste à Honfleur, évoque des symptômes particulièrement sévères avec des températures corporelles atteignant jusqu’à 40°C, un épuisement intense, et des complications respiratoires chez les plus âgés. Les chiffres de la surmortalité sont également préoccupants : parmi les décès enregistrés début janvier, 6% sont liés à la grippe, un taux nettement plus élevé que lors des deux dernières années.

La gravité de cette épidémie est amplifiée par une couverture vaccinale insuffisante. En janvier 2025, près de 79% des patients en réanimation n’avaient pas reçu leur vaccination annuelle, bien que cette année, le vaccin corresponde efficacement aux souches circulantes. Bruno Lina, virologue à Lyon, confirme que, bien que l’efficacité du vaccin soit variable, il demeure essentiel pour éviter les formes graves. Cependant, la campagne vaccinale peine à atteindre ses objectifs : le taux de couverture dans certaines régions ne dépasse pas 20%, un chiffre alarmant.

Une gestion délicate et des perspectives incertaines

Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a reconnu que la situation restait « tendue » et a mis en place diverses stratégies pour soulager les établissements hospitaliers. Toutefois, l’ensemble du système reste sous pression, et la période de janvier s’annonce particulièrement critique. La gestion des urgences est d’autant plus complexe avec la période des fêtes et les congés des soignants, ce qui entraîne une fermeture temporaire de certains lits.

François Braun, ancien ministre de la santé et conseiller à Metz-Thionville, pointe une « conjonction inédite » entre une épidémie de grippe violente et la période de baisse d’effectifs.

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