Immigration
Nicolas Pouvreau-Monti : Peut-on encore protéger nos frontières ?
ENTRETIEN : Directeur de l’Observatoire de l’Immigration et de la démographie, Nicolas Pouvreau-Monti est un expert français désormais reconnu. Son travail est à la fois celui d’un think tank et d’un lanceur d’alerte et sa réputation croît sans cesse. Pour Frontières, il analyse les différents défis à surmonter pour le contrôle des frontières françaises et européennes.
Frontières – Aux Canaries, l’île d’El Hierro est le dernier point d’accès pour les bateaux de migrants en provenance de Mauritanie et du Sénégal, avant de dériver dans l’Atlantique. Dans ce cas de figure, les gardes-côtes espagnols sont dans l’obligation de sauvetage de fait. Comment « repousser » les bateaux dans les cas comme celui-ci ?
Nicolas Pouvreau-Monti – Face à la situation migratoire très difficile que connaissent les Canaries, l’action de l’Espagne comme celle de tous les États européens se trouve fortement contrainte par un principe juridique surplombant : celui du « non-refoulement ». Ce principe provient du droit international, plus précisément de la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. Pris à la lettre, il ne vaut que pour les étrangers ayant obtenu cette qualité de « réfugié » ; mais par extension, il s’applique aussi aux demandeurs d’asile le temps qu’il soit statué sur leur dossier, ce qui recouvre la situation potentielle de nombreux individus sur ces embarcations.
Le non-refoulement a été durci en Europe par le droit de l’UE, mais aussi par la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) qui en a développé une interprétation très extensive, puisqu’elle l’a appliqué au-delà des limites territoriales des États membres – à savoir en haute mer. Dans la situation de l’Italie, la CEDH a jugé inconventionnel le fait de faire embarquer des migrants interceptés en haute mer sur des navires militaires et de les débarquer sur les côtes libyennes. Ajoutons à cela les obligations d’assistance en mer issues du droit maritime international que les tactiques des migrants s’appliquent à faire jouer : le capitaine d’un navire a l’obligation de porter assistance à quiconque est trouvé en péril en mer et, dans la limite de ce qui peut être raisonnablement attendu, de se porter au secours des personnes en dé
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3 commentaires
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Signaler un abusNicole Daumas
Il faut définitivement changer ces règles désuètes, établies au temps de la pax europa ! maintenant, devant l’invasion massive de l’Afrique, alors que de nombreux pays africains se développent rapidement, il serait temps d’en revenir à la protection des peuples d’origine du continent européen. J’espère et je prie en un basculement complet de majorité, surtout de la Commission européenne à laquelle on pourrait rogner de ses prérogatives, changer (ou faire disparaître la CEDH,) dont le rôle est mineur et dans le sens du progressisme, renvoyer tous les soi-disant “mineurs” non accompagnés, qui écument les quartiers de Paris, enfin, je rêve peut être, se retrouver comme dans les années 80 (au tout début).
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