Immigration
Le malaise de la gauche face à Mayotte
Sur les plateaux de télévision, la gauche semblait particulièrement mal-à-l’aise sur la situation de Mayotte. Là-bas, son logiciel idéologique est totalement inopérant.
Aux dernières élections européennes, Jean-Luc Mélenchon atteignait 24 % des voix à Mayotte. Le score est important, mais le candidat de La France Insoumise n’en était pas moins loin derrière Marine Le Pen avec 42,7 % des suffrages. À Mayotte, insécurité et immigration sont deux thèmes structurants de la politique locale : on y manifeste plus contre les Comoriens que pour le pouvoir d’achat.
L’immigration : un angle mort à 180°
Pour la gauche politique, l’immigration ne peut pas être un problème, mais plutôt une solution. Si la majorité des électeurs de gauche demeurent favorables à des politiques restrictives, ce n’est pas le cas des politiciens ou des militants pour qui n’importe quelle décision restrictive équivaut à une forme d’oppression fasciste et coloniale.
🧵Thread- Transfert d’immigration ? Je vous décrypte l’impact de la suppression du titre de séjour territorialisé de #Mayotte, dit VLT. Un chiffre peu connu : ils sont 35 000 étrangers légaux munis de ce titre qui pourront donc aller en métropole une fois la Loi Mayotte votée ⤵️ pic.twitter.com/Iw2Oc11Cs1
— Erik Tegnér (@tegnererik) February 12, 2024
Opposée à la loi immigration, aucun parlementaire de gauche n’ose désormais s’opposer aux flux anarchiques. Accueillir, intégrer et allouer des aides sont les trois piliers sur lesquels la NUPES a fondé ce qu’on pourrait abusivement appeler sa « politique migratoire ». En fait, aucun politicien de cet ensemble n’est jamais parvenu à proposer des mesures qui permettraient de réguler les entrées. Les sans-frontiéristes ne sont peut-être pas dominants, mais on peine à trouver la moindre critique du phénomène.
Alors, à Mayotte, la gauche est face à un angle mort : elle qui veut prospérer sur le faible pouvoir d’achat et le chômage est en fait bloquée par ce sujet considéré comme majeur par les Mahorais. « Trois quarts de la population sous le seuil de pauvreté ; un tiers des personnes qui n’a pas d’accès à l’eau : voici le vrai problème de Mayotte ! » tonnait par exemple ce 12 février Alexis Corbière, poids lourd de LFI. De même, si d’autres comme Manuel Bompard sont bien conscients que l’immigration pose un problème, le point de vue français n’est jamais pris en compte : seuls celui du pays d’émigration et des migrants semble compter.
Même l’insécurité et la justice les laissent sur le carreau : difficile de parler de violences policières, de racisme institutionnel de la police et de justice répressive sur une île où les attaques de bus scolaires par les clandestins sont monnaie courante. Bref, à Mayotte, la gauche patine.
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La fin du droit du sol à Mayotte : début du retour des heures sombres ?
Dans un article publié sur Mediapart dimanche 11 février, la journaliste Carine Fouteau s’agace. Réagissant à l’annonce de la fin du droit du sol à Mayotte, elle n’hésitait pas à fustiger : « une décision contraire à notre histoire, dangereuse pour nous tous et inefficace au regard de son objectif de limiter l’immigration irrégulière ». La mesure, plébiscitée par les Mahorais, n’est visiblement pas de son goût : elle serait en fait prise pour « complaire à l’extrême droite », soit la majorité des habitants de Mayotte.
L’article sous-entend également que répondre aux aspirations de la population mahoraise serait une politique coloniale : parce que des territoires aux mœurs et aux caractéristiques radicalement différentes de l’Hexagone doivent avoir une législation adaptée à leur population et leur territoire, les heures les plus sombres de notre histoire seraient de retour.
Pourtant, nos joyeux confrères de Mediapart touchent à un point essentiel de la suppression du droit du sol : son inefficacité. Si le terme est un peu galvaudé – la fin du droit du sol en France limiterait sans doute l’immigration – la mesure est évidemment insuffisante. « Ce sont les conditions de vie qui les attirent » est-il écrit dans l’article, preuve s’il en fallait que les migrants comoriens sont économiques et que donc, ils n’ont rien à faire à Mayotte. Alors, faut-il dissuader les Comoriens de venir ? Sans doute, mais pas forcément en offrant des milliards à un État qui revendique toujours Mayotte comme sienne et qui aurait pour objectif de « grand-remplacer » la population de l’île afin d’un jour emporter le référendum.
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