Immigration
78% des Français favorables à l’emprisonnement des individus sous OQTF
Un récent sondage révèle que la majorité des Français soutiennent l’idée d’emprisonner systématiquement les étrangers sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), jusqu’à leur expulsion. Ce débat s’intensifie après plusieurs drames impliquant des individus sous OQTF.
La question des OQTF continue de diviser, mais une tendance claire se dessine : les Français souhaitent une application plus stricte de ces mesures.
Un soutien massif à l’emprisonnement des OQTF
D’après un sondage réalisé par CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD, 78% des Français estiment qu’il est nécessaire d’emprisonner systématiquement les individus sous OQTF jusqu’à ce que leur expulsion soit exécutée. Cette mesure vise à limiter les récidives et à renforcer l’efficacité des procédures d’éloignement. Actuellement, le taux d’exécution des OQTF ne dépasse pas 7%, un chiffre jugé alarmant par de nombreux responsables politiques.
Ce soutien à l’incarcération sans limite de temps est motivé par des drames récents, tels que le meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans tuée par Taha O., un Marocain sous OQTF, en septembre 2024. Cette affaire a mis en lumière l’échec de l’État à faire appliquer ces mesures d’expulsion, alimentant le sentiment d’insécurité et la méfiance envers le système judiciaire.
Des divergences d’opinion selon les profils
Le sondage met en lumière des différences d’opinion en fonction des groupes démographiques. Si 79% des hommes et 77% des femmes sont favorables à l’emprisonnement systématique des personnes sous OQTF, les jeunes semblent plus réticents. Seulement 72% des 18-24 ans approuvent cette idée, contre 84% des 50-64 ans et 86% des plus de 65 ans, ces derniers étant plus enclins à une approche sécuritaire stricte.
Sur le plan socioprofessionnel, les inactifs, comme les retraités, sont les plus favorables à cette mesure avec 85% d’adhésion. Les cadres (CSP+) sont à 76%, tandis que les ouvriers et employés (CSP-) atteignent 72%. Ces résultats montrent que la sécurité et l’application stricte des lois migratoires sont perçues comme prioritaires par une large part de la population française.
Des clivages politiques marqués
Les résultats du sondage révèlent également d’importantes divergences selon les affiliations politiques. Les sympathisants de droite sont largement en faveur de l’emprisonnement des individus sous OQTF. 93% des partisans du Rassemblement National et 94% des Républicains soutiennent cette idée, un taux supérieur à la moyenne nationale. À gauche, les partisans de La France Insoumise sont plus partagés, avec seulement 45% de soutien.
Même au sein du bloc central, les sympathisants de Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, sont 88% à approuver cette mesure. Ce chiffre élevé souligne que la question des OQTF transcende les clivages politiques habituels, avec une majorité de Français, quelle que soit leur appartenance politique, réclamant des actions plus fermes pour garantir l’exécution des expulsions.
Un taux d’exécution des OQTF toujours faible
Malgré l’augmentation du nombre d’OQTF prononcées, leur exécution reste un défi majeur. En 2022, 134 280 OQTF ont été délivrées, mais seulement 6,9% d’entre elles ont été effectivement mises en œuvre. Ce taux particulièrement bas s’explique par plusieurs facteurs : la difficulté d’établir l’identité des personnes concernées, le manque de coopération des pays d’origine pour délivrer les laissez-passer consulaires, et la surcharge administrative des préfectures.
Depuis plusieurs années, les gouvernements successifs ont tenté de renforcer l’application des OQTF, sans grand succès. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a récemment annoncé une série de mesures pour améliorer ce taux, mais il a admis que l’objectif de 100% d’exécution, promis par Emmanuel Macron en 2019, restait difficile à atteindre.
Une pression croissante pour des réformes
Face à l’indignation publique suscitée par les récents faits divers impliquant des individus sous OQTF, la question de l’emprisonnement systématique et de la réforme des procédures d’expulsion est devenue centrale dans le débat public. Pour de nombreux Français, la faiblesse de l’État à appliquer les décisions de justice met en péril la sécurité nationale. L’affaire Philippine, où l’agresseur avait déjà été condamné pour viol avant d’être libéré malgré une OQTF, a renforcé cette perception.
Certains responsables politiques, notamment à droite, plaident pour des réformes radicales afin de garantir une meilleure exécution des expulsions. Le gouvernement, de son côté, cherche à concilier fermeté et respect des droits de l’homme, tout en reconnaissant que des ajustements sont nécessaires pour répondre aux attentes des citoyens.
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