🇺🇸 Élections américaines
[Portrait] Robert F. Kennedy Jr. : « rendre l’Amérique saine à nouveau »
Robert F. Kennedy Jr. bouleverse le paysage politique américain en rejoignant Donald Trump. Après une candidature en solitaire, il annonce son ralliement au camp républicain et s’engage dans une croisade pour « rendre l’Amérique saine ». Retour sur le parcours d’un héritier d’une des familles les plus emblématiques des États-Unis, qui a choisi de rompre avec le Parti démocrate.
Robert F. Kennedy Jr. fait partie de la famille politique la plus emblématique d’Amérique. Son oncle n’est autre que JFK, le 35e président des États-Unis, le chef de la Maison Blanche le plus adoré par le peuple américain. Son père, Robert F. Kennedy Sr., a officié comme procureur général aux côtés de JFK avant de devenir sénateur de New York, et son autre oncle, Ted Kennedy, s’est consacré inlassablement à défendre les idéaux de justice en tant que sénateur du Massachusetts.
Un nom de légende
À seulement 9 ans, Robert F. Kennedy Jr. a vu ce monde s’écrouler. L’assassinat de JFK à Dealey Plaza a bouleversé non seulement sa famille, mais aussi l’âme même des États-Unis, plongeant le pays et le reste du monde dans le deuil. Cinq ans plus tard, la tragédie le frappe de nouveau, encore plus près cette fois. Alors qu’il n’a que 14 ans, il perd son père, abattu dans la cuisine d’un hôtel de Los Angeles. La violence inouïe de ces drames, répétée au sein d’une même famille, a profondément marqué le jeune Robert.
Grandissant dans l’ombre de ces tragédies historiques, Robert F. Kennedy Jr. traverse une adolescence tourmentée. Expulsé de plusieurs pensionnats pour usage de drogues, il parvient malgré tout à intégrer Harvard, où il termine ses quatre années d’études en 1976. Toutefois, sa dépendance le suit, et en 1983, alors qu’il a 28 ans, il est aux prises avec une addiction à l’héroïne. Après avoir suivi un programme de désintoxication, il décide de redonner un sens à sa vie. Il se consacre corps et âme à l’activisme environnemental et engage des actions en justice pour dénoncer un projet industriel qui pollue le fleuve Hudson, dans l’état de New-York.
Un tournant inattendu pour Robert F. Kennedy Jr.
Désormais, Robert F. Kennedy Jr. consacre sa carrière d’avocat à défendre l’environnement et à poursuivre les pollueurs. En 2000, il ouvre son propre cabinet et décroche une victoire emblématique avec un règlement de 670 millions de dollars contre le groupe DuPont, accusé d’avoir contaminé l’eau potable avec des substances perfluorées utilisées dans la fabrication du Téflon.
En 1999, le légendaire magazine Time le couronne « Héros de la planète » pour son combat acharné en faveur de l’environnement. Cet engagement pousse Robert F. Kennedy Jr. à parcourir le monde pour défendre les communautés marginalisées, premières victimes de la pollution. À l’époque, il n’hésite pas non plus à s’en prendre ouvertement à l’administration Bush, dont la politique climatique désastreuse, selon lui, menace l’avenir du pays. Dans son livre, Crimes Against Nature : How George W. Bush and His Corporate Pals Are Plundering the Country and Hijacking Our Democracy, il assène : « On ne peut pas parler honnêtement de l’environnement aujourd’hui sans critiquer ce président. C’est le pire président environnemental de l’histoire des États-Unis. »
C’est d’ailleurs sous la présidence de Bush que la voix de Robert F. Kennedy Jr. commence à se briser ; on lui diagnostique une dysphonie spasmodique, un trouble rare affectant les cordes vocales. Presque simultanément, il change de cap et s’éloigne peu à peu de l’activisme environnemental pour embrasser la cause anti-vaccination. Ce changement d’orientation le propulse au rang de figure emblématique parmi la sphère des « complotistes ». Ce nouveau combat ne fait pas l’unanimité et commence à lui coûter cher. Peu à peu, ses prises de position le marginalisent, même parmi ses alliés démocrates de longue date.
Entre héritage familial et convictions personnelles
La fracture est entièrement consommée en avril 2023, lorsque Robert F. Kennedy Jr. annonce sa candidature à l’élection présidentielle. Pourtant, le candidat démocrate promet un retour aux valeurs fondatrices du Parti. Mais sa propre famille interprète cette démarche autrement, en y voyant une trahison des principes chers au clan. De même que les frères et sœurs de Kennedy Jr. ne tardent pas à apporter leur soutien à Kamala Harris plutôt qu’à lui.
En dépit de ce volte-face, l’entrée en campagne de Kennedy Jr. fait sensation. Dès les premiers sondages, il récolte environ 10 % des intentions de vote. Le 23 août 2024, il annonce la suspension de sa candidature indépendante pour se rallier au candidat républicain Donald Trump. Lors d’une conférence de presse à Phoenix, en Arizona, il explique son désaccord profond avec le Parti démocrate. « Beaucoup de gens me demandent pourquoi j’ai quitté le Parti démocrate, et je leur dis que ce n’est pas moi qui ai quitté le Parti démocrate, c’est le Parti démocrate qui m’a quitté, » lance-t-il devant une foule enthousiaste. Pour lui, le parti n’a plus rien de commun avec celui de Martin Luther King, de Robert Kennedy ou de John Kennedy. « C’était le parti de la paix, des droits constitutionnels, des droits civils, de la liberté d’expression. C’était le parti qui voulait protéger la classe moyenne, qui se dressait contre la censure et contre le complexe militaro-industriel. »
Lors d’un second discours au Madison Square Garden le 28 octobre, Robert F. Kennedy Jr. fustige sa famille politique sur les questions de santé et d’égalité entre les sexes. Il accuse le parti d’abandonner ses valeurs fondatrices, notamment en autorisant la participation d’athlètes masculins dans le sport féminin, et rappelle l’engagement historique de son oncle Ted Kennedy pour les droits des femmes dans le sport universitaire.
La croisade de Robert F. Kennedy Jr. pour « rendre l’Amérique saine »
C’est dans cette même logique de retour aux principes fondamentaux que Robert F. Kennedy Jr. annonce son alliance avec Donald Trump pour réformer radicalement les pratiques de santé publique aux États-Unis. Le duo ambitionne de remanier en profondeur des institutions comme le NIH, la FDA et le Département de l’Agriculture, qu’ils considèrent comme sous l’emprise d’intérêts industriels. Si Trump est élu, Kennedy, renouant avec ses premiers combats, s’engage à lutter contre les maladies chroniques en purifiant les aliments de toxines et de résidus chimiques. Son programme inclut un soutien fort à la médecine alternative, avec pour ambition de faire des États-Unis la nation la plus saine au monde.
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— Robert F. Kennedy Jr (@RobertKennedyJr) November 4, 2024
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