Union-Européenne
[Tribune] Andrea Kotarac : Vers une clochardisation de l’Europe ?
Dans cette tribune, le porte-parole du Rassemblement national Andrea Kotarac fustige les innombrables erreurs commises par l’Union européenne qui, année après année, perd en puissance.
« Un changement en prépare un autre » écrivait Machiavel. Début novembre, la victoire logique de Donald Trump, capitalisant sur les promesses déçues du populisme démocrate des années Obama et d’une Amérique en déclin, laisse présager d’innombrables changements à venir et non des moindres, en particulier pour le continent européen et plus précisément sur le « dossier ukrainien ».
L’onde de choc est d’ailleurs déjà palpable. Pour la première fois depuis l’agression russe il y a bientôt trois ans, Volodymyr Zelensky, se dit prêt à négocier avec Vladimir Poutine, alors que Donald Trump promettait, en pleine campagne présidentielle, de « mettre fin à cette guerre en vingt-quatre heures ». L’occasion pour les protagonistes de faire le point sur cette guerre dramatique et fratricide qui a déjà causé près d’un million de victimes, mortes ou blessées. Selon l’historien militaire Michel Goya, les pertes en Ukraine sont colossales et sont comparables à celles de la Première Guerre mondiale. Un conflit où les familles les plus pauvres sont celles qui affichent de plus grand nombre de pertes au front quand les fils d’oligarques, eux, exhibent sur les réseaux sociaux un patriotisme d’apparat du haut de leurs bolides parqués devant les boîtes de nuit de la côte d’Azur.
À la veille d’un probable plan de paix qui ferait taire ce massacre où l’engagement des forces est maximal, il serait opportun pour les puissances européennes d’établir un bilan sincère de cette confrontation et d’interroger leur place sur la scène internationale. Car, plus fracturé que jamais, le monde assiste à l’affirmation « des mondes », desquels jaillissent des puissances arrivées à maturité et formant plusieurs blocs. Des mondes qui assument leur singularité, leur indépendance, et assurent leur prospérité en défendant d’abord et avant tout leurs intérêts fondamentaux.
Face à cette nouvelle donne, que propose l’Europe ?
À l’heure où toutes les intelligences s’activent aux États-Unis et en Russie dans la préparation des positions et des arguments qui serviront à négocier la paix en Ukraine, l’Allemagne, avec un temps de retard, travaille quant à elle l’élaboration d’une liste de bunkers pouvant offrir un abri d’urgence aux civils quand le ministre français des Affaires étrangères, lui, se dit favorable à l’envoi de troupes françaises au front. Une chose est donc certaine, le conflit en Ukraine a fini d’achever la grande tradition diplomatique européenne, pour lequel le pragmatisme inspiré par l’expérience n’est qu’un lointain souvenir. La bêtise a achevé de tout remplacer dans les chancelleries européennes, et l’impossibilité du dialogue de réduire partout nos moyens d’action et notre puissance. À tel point que les liens économiques -pourtant naturels – entre le Vieux continent et la Russie sont devenus inexistants. Plus loin dans l’absurdité, les sanctions de l’UE contre ce pays n’auront jamais prouvé leur efficacité, et il aura fallu que les gazoducs Nord Stream — pourtant conçus pour nourrir l’économie allemande en énergie- soient victimes d’un véritable attentat, pour couper physiquement et définitivement l’approvisionnement européen bon marché en gaz russe.
Les conséquences économiques de cette rupture pour l’Europe ont de quoi faire enrager les stratèges européens. Puisque la Russie affichait une croissance de 1,5 % en 2023, les États-Unis de 3,5 %, et que l’Europe, elle, se contentait d’une croissance proche de 0 %.
D’ailleurs, les mauvaises nouvelles s’accumulent de jours en jours pour nos voisins allemands. Fin novembre 2024, selon la voix de Markus Krebber patron de RWE (équivalent d’EDF), avec douze jours sans vent, le prix de l’électricité outre-Rhin sur le marché de gros est monté à 800 euros le MWh. Les limites de production sont telles que si la demande devait dépasser les 70GW, l’Allemagne serait contrainte d’organiser des coupures !
Les Allemands paniquent. Ursula von der Leyen est donc venue à la rescousse de son peuple dès 2022 en concluant avec les États-Unis un contrat de près de 15 milliards de mètres cubes de gaz à destination de l’Europe pour se passer du gaz russe.
Selon une note d’information de la Maison-Blanche datant de 2022, l’Europe souhaiterait s’assurer d’une augmentation de ses importations de près de 50 milliards de mètres cubes de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) américain d’ici 2030. Et si les productions américaines de GNL tournent à plein régime, c’est l’Europe qui sera prioritaire pour les commandes, et ce pour une seule et simple raison : le Vieux continent affiche les tarifs les plus élevés du monde car nous sommes au bord du point de rupture. En termes quantitatifs, les Américains vendent leur gaz aux Européens quatre fois plus cher qu’ils ne le vendent à leurs propres entreprises. Pire, selon le magazine américain, proche de Wall Street, « Zero Hedge », la Chine importe du GNL russe en grande quantité, avec l’objectif de le revendre à l’UE beaucoup plus cher. Même conclusion sur le doublement d’achat européen de diesel et de kérosène vraisemblablement russe, en provenance…d’Inde.
En définitive, les pays de l’UE ont globalement importé 7 % en plus de GNL russe au cours du premier semestre de cette année par rapport à la même période l’année précédente. L’objectif européen de se passer des combustibles russes d’ici 2027 semble donc mal engagé. Seule une chose a changé : le prix et notre dépendance toujours plus accrue aux États-Unis.
Et si l’incertitude règne quant à l’issue du conflit en Ukraine, une chose est certaine à l’heure où j’écris ces lignes : l’Europe a déjà beaucoup perdu.
La France dans le viseur ?
Les choix opérés par l’UE depuis le conflit ukrainien ont amoindri ses capacités et ses marges de manœuvre, accentuant les rapports déjà compliqués entre la France et l’Allemagne.
Face à l’explosion des prix en Europe et fort de son parc nucléaire, l’Hexagone possède pourtant en Europe un avantage compétitif non négligeable. Mais les règles absurdes du marché européen de l’énergie liant le prix du gaz à celui de l’électricité, n’ont pas permis à la France d’utiliser l’énergie qu’elle produit ou qu’elle pourrait produire. Les prix en France ont été multipliés par trois de manière artificielle depuis 2019, provoquant un record de défaillance d’entreprises qui ne peuvent plus payer leurs factures d’énergie.
Pire, dans le cadre européen du « pacte pour une industrie propre », l’Allemagne opère une guerre secrète contre le nucléaire français. « Il est important d’exclure l’énergie nucléaire et sa production de tout financement de l’UE ! » déclarait ainsi le secrétaire d’État à l’économie allemande, l’écologiste Sven Giegold. Une attaque frontale contre la France qui ne s’arrête pas au nucléaire.
Les Allemands ont besoin d’exporter, vive le Mercosur ! « Les négociations sur le Mercosur n’ont que trop duré ! » tonnait le chancelier allemand la semaine dernière. En effet, l’accord permettra l’augmentation de l’exportation de produits industriels vers l’Amérique du Sud à hauteur de + 90 % essentiellement au bénéfice de l’Allemagne, quand l’importation de produits agroalimentaires vers l’Europe va croître de +30 % essentiellement détriment de nos agriculteurs français, déjà noyés par les normes européennes.
En définitive, une question se pose : comment, par ses choix politiques, l’Union européenne a galvaudé ses prétendus combats pour la souveraineté et l’environnement ? Il est clair que la juxtaposition des politiques de l’Union européenne a incontestablement affaibli l’autonomie du continent et renforcé sa dépendance aux consortiums étrangers. Il est certain que les leçons tirées de la pandémie du COVID sur la dépendance de nos nations ont déjà été balayées par nos élites mondialistes. Face à ses élites qui trahissent les peuples européens, n’oublions pas les paroles de Danton, « une nation se sauve, elle ne se venge pas ». Alors, faisons place au réveil des peuples et des Nations !
Andrea Kotarac, porte-parole du Rassemblement national
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