Union-Européenne
L’accord UE-Mercosur : Ursula von der Leyen annonce la fin des négociations
Ce vendredi 6 décembre, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé la conclusion des négociations pour l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Un accord historique après 25 ans de discussions, mais qui n’engage encore que Bruxelles à ce stade.
« Nous avons conclu les négociations pour l’accord UE-Mercosur. C’est le début d’une nouvelle histoire », s’est réjouie Ursula von der Leyen lors d’une conférence de presse à Montevideo, entourée des présidents des quatre pays du Mercosur : Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay.
We have concluded the negotiations for the EU-Mercosur agreement.
It marks the beginning of a new story.
I now look forward to discussing it with EU countries.
This agreement will work for people and businesses.
More jobs. More choices. Shared prosperity. pic.twitter.com/4E9z1Ztamc
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) December 6, 2024
La présidente de la Commission a vanté les mérites d’un partenariat qui reflète, selon elle, les valeurs européennes. « 30 000 petites entreprises européennes exportent déjà vers le Mercosur. Beaucoup d’autres suivront. L’UE-Mercosur reflète nos valeurs et notre engagement en faveur de l’action climatique. »
Mais si Bruxelles savoure ce qu’elle considère comme une victoire diplomatique, dans les capitales européennes, le ton est tout autre.
« Ce n’est pas une signature de l’accord mais simplement la conclusion politique de la négociation »
En France, les réactions ont été immédiates et critiques. Sophie Primas, ministre déléguée au Commerce extérieur démissionnaire, a tenu à rappeler que cette annonce « n’engage qu’elle [la Commission] ».
Le combat est loin d’être fini : c’est désormais aux États Membres de s’exprimer sur l’accord du #Mercosur.
La France devra faire valoir sa position ferme de rejet de l’accord en l’état. https://t.co/aeOBvU7Rve
— Sophie Primas (@sophieprimas) December 5, 2024
« Aujourd’hui n’est clairement pas la fin de l’histoire. Ce qu’il se passe à Montevideo n’est pas une signature de l’accord mais simplement la conclusion politique de la négociation. Celle-ci n’engage que la Commission, pas les États membres », a-t-elle déclaré.
Contactée par Frontières, Céline Imart, eurodéputée du Parti populaire européen, a exprimé son mécontentement face à la marginalisation de la France dans le processus décisionnel : « J’ai vraiment l’impression que la France est mise de côté. […] Hier, nous apprenions qu’Ursula von der Leyen était dans l’avion pour Montevideo, et ce n’était pas pour faire du tourisme… alors quoi ? La France n’est pas dans la bonne boucle WhatsApp ? »
Le Mercosur et le coup de force d’Ursula von der Leyen
Outre le mécontentement sur la méthode, c’est le contenu de l’accord « viande contre voiture » qui cristallise les tensions. « L’accord se dégrade de jour en jour, notamment sur le volet des tarifs automobiles et de l’écologie », déplore l’eurodéputée.
En effet, la France n’est pas seule à exprimer son opposition. Avec l’appui de pays comme l’Italie ou la Pologne, qui ont déjà manifesté leurs réticences, un blocage au niveau du Conseil de l’Union européenne semble plausible. Si quatre États représentant au moins 35 % de la population européenne s’opposent au texte, l’accord pourrait être enterré.
Pour Ursula von der Leyen, l’issue du dossier pourrait s’avérer cruciale. « Si l’accord venait à être rejeté par le Conseil ou le Parlement européen, ce serait une humiliation politique majeure pour la Commission et sa présidente. J’espère pour eux qu’ils en mesurent les risques », prévient Céline Imart. « De notre côté, la mobilisation pour obtenir une majorité contre l’accord continue. »
Alors que Bruxelles salue la fin des négociations, le vrai combat semble ne faire que commencer. Pour les opposants à l’accord, l’heure est désormais à la constitution d’un front uni capable de bloquer sa ratification.
A lire aussi : Malgré les objections de Macron, Ursula von der Leyen prête à signer l’accord Mercosur
3 commentaires
Marc LEQUIN
Pendant ce temps-là, nos chers politiciens s'interrogent encore sur qui doit être mis au gouvernail, comme si celui-là, quel qu'il fût, allait diriger le navire…
Signaler un abusLoading